La politisation croissante des établissements scolaires par le parti au pouvoir CNDD-FDD suscite l'indignation des parents d'élèves à Bujumbura, la capitale économique du Burundi. L'École Technique Secondaire (ETS) de Kamenge est devenue l'épicentre d'une controverse qui met en lumière les dérives autoritaires du régime.
Des parents alarmés rapportent que leurs enfants sont soumis à une pression constante pour adhérer au CNDD-FDD. Le 6 octobre dernier, des élèves ont été conduits au siège du parti pour y recevoir un "enseignement politique". On leur aurait clairement signifié que leur réussite scolaire, voire l'obtention de leur diplôme, dépendrait de leur allégeance au parti au pouvoir.
« Ils croyaient qu'ils étaient venus pour apprendre des connaissances techniques qui les aideront dans l'avenir, ils ne savaient pas qu'ils étaient venus pour acquérir de la politique », témoigne un parent désemparé. Cette intrusion du politique dans la sphère éducative soulève des inquiétudes quant à l'équité et la qualité de l'enseignement.
Selon certains témoignages, les représentants des élèves affiliés au CNDD-FDD auraient reçu pour mission de recruter un maximum de membres avant les élections de 2025. Cette instrumentalisation de la jeunesse à des fins politiques pourrait expliquer en partie les mauvais résultats scolaires enregistrés à Bujumbura.
Des voix s'élèvent pour demander au ministère de l'Éducation d'interdire formellement les activités politiques en milieu scolaire. Les parents exhortent les autorités à prioriser l'éducation sur la propagande politique, craignant que cette dernière ne compromette l'avenir de leurs enfants.
La rédaction n'a pas réussi à obtenir les commentaires des responsables éducatifs concernés. Jean Bosco Nzitonda, directeur de l'ETS de Kamenge, n'a pas pu être joint pour répondre à nos questions. De même, Fidélité Nibigira, directrice de l'éducation en mairie de Bujumbura, est restée injoignable malgré nos multiples tentatives de contact.