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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Matongo : Des enseignants bénévoles dénoncent la précarité et la suppression de leur modeste prime

Dans la commune de Matongo, les enseignants bénévoles tirent la sonnette d’alarme suite à la dégradation inquiétante de leurs conditions de vie. Vivant dans une extrême pauvreté, ces éducateurs non rémunérés dénoncent la suspension progressive, puis totale, d'une modeste allocation mensuelle, appelée localement Agashirukabe, qui leur permettait tant bien que mal de subvenir aux besoins de leurs familles.

Ruyigi : Des parents dénoncent la vente forcée de t-shirts du CNDD-FDD au Lycée Nyabitare

Des parents d’élèves du Lycée de Nyabitare, en commune Gisuru dans la province Ruyigi, expriment leur vive consternation face à ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation politique de l’école. Ils dénoncent la distribution forcée de t-shirts aux couleurs du CNDD-FDD, le parti au pouvoir.

Alerte sur l’école au Burundi : des réformes sans effet face à la crise des effectifs

Alerte sur l’école au Burundi : des réformes sans effet face à la crise des effectifs

Malgré des réformes ambitieuses et l’appui de partenaires internationaux, le système éducatif burundais fait face à une crise profonde. Manque d’enseignants, infrastructures délabrées, matériel insuffisant et taux d’abandon scolaire en hausse menacent la formation des générations futures et le développement du pays.

Depuis la gratuité des frais scolaires en 2005 et la réforme de 2013 généralisant l’accès à l’école fondamentale, le nombre d’élèves a explosé au Burundi. Entre 2018 et 2023, près de 70 000 enfants supplémentaires ont rejoint le préscolaire, plus de 354 000 l’école fondamentale et plus de 25 000 l’université. Cette croissance a mis à rude épreuve des infrastructures déjà fragiles. Dans certaines provinces, le ratio élèves/salle de classe dépasse largement la norme de l’UNESCO, atteignant jusqu’à 78 à Karusi et parfois 150 élèves par salle à Bujumbura. Beaucoup d’écoles, construites sans normes, sont vulnérables aux intempéries et nécessitent une réhabilitation urgente. Le déficit en mobilier scolaire est alarmant : au préscolaire, trois à huit enfants partagent un banc ; au fondamental, cinq à six élèves, certains étant même contraints de s’asseoir par terre. À la rentrée 2023-2024, il manquait près de 797 000 banc-pupitres et plus de 16 000 salles de classe pour près de trois millions d’élèves du fondamental.

 Pénurie d’enseignants et fuite des compétences

Le manque criant d’enseignants fragilise l’ensemble du système éducatif, du fondamental au supérieur. La norme de l’UNESCO recommande un ratio de 46 élèves par enseignant, mais ce seuil est largement dépassé. Dans certaines écoles, un seul enseignant gère parfois une centaine d’élèves, prenant en charge plusieurs groupes pédagogiques et travaillant bien au-delà de la charge réglementaire. Le redéploiement des enseignants en 2017 a aggravé la démotivation, l’absentéisme et les retards. Les départs à la retraite non anticipés laissent de nombreuses classes sans encadrement. Pour pallier ce déficit, le recours aux vacataires et bénévoles s’est généralisé, représentant désormais près de 16 % du corps enseignant, mais sans garantie de stabilité ni de qualité. La fuite des enseignants vers d’autres secteurs ou à l’étranger, motivée par de faibles salaires et de mauvaises conditions de travail, accentue la crise. À l’Université du Burundi, 118 membres du personnel académique ont démissionné entre 2020 et 2024, et des dizaines de médecins ont quitté les hôpitaux de Bujumbura pour l’étranger.

Programmes allégés et compétences en baisse

Les réformes récentes ont introduit l’anglais et le kiswahili dans les programmes, tout en regroupant l’éducation civique, l’histoire et la géographie sous l’intitulé de sciences humaines. Cette diversification s’est faite au détriment des matières fondamentales : les heures de français et de mathématiques ont été réduites, passant de 4 à 5 heures par semaine à seulement 2 à 4 heures selon les niveaux. Entre la 7ᵉ et la 9ᵉ année, la baisse est encore plus marquée, ce qui a entraîné une diminution du niveau général des élèves, notamment en expression orale et écrite en français. La condensation des enseignements (notamment la suppression de la 10ᵉ année du secondaire) a également conduit à la suppression de chapitres entiers, en particulier dans les matières linguistiques. Le temps scolaire effectif reste bien en deçà de la norme UNESCO de 1 050 heures par an, avec seulement 651 heures le matin et 606 heures l’après-midi, un temps encore réduit par la fréquence des événements et cérémonies officielles. Les failles du cadre réglementaire sur l’évaluation et le passage de classe permettent à certains élèves d’accéder au niveau supérieur sans avoir acquis les connaissances requises.

Décrochage scolaire : une hémorragie inquiétante

Les mauvaises conditions d’apprentissage, la pauvreté, la démotivation et la précarité familiale contribuent à une hausse alarmante du décrochage scolaire. En 2023-2024, le taux d’abandon scolaire a atteint 26,5 %, soit près de 200 000 élèves déscolarisés chaque année. Ce phénomène touche aussi l’enseignement supérieur, où les étudiants issus de milieux ruraux défavorisés abandonnent massivement.

Face à cette crise, des réformes sont à l’étude. Un groupe d’experts a recommandé la réintroduction de la 10ᵉ année du secondaire pour augmenter le volume horaire, augmentation des heures de cours, suppression de certaines sections pour rationaliser le curriculum, renforcement de la formation des enseignants et recrutement massif de nouveaux enseignants sur les trois prochaines années.

Le ministère de l’Éducation nationale insiste sur la nécessité d’aligner ces réformes avec la vision nationale de développement à l’horizon 2040-2060, afin de garantir à chaque enfant burundais une éducation de qualité, adaptée aux exigences du monde contemporain.

 

 

La FNASEEB appelle les enseignants à préserver leur mission face à la campagne électorale

La FNASEEB appelle les enseignants à préserver leur mission face à la campagne électorale

La Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi (FNASEEB) appelle les enseignants à ne pas laisser la campagne électorale bâcler leur travail d’éduquer. Dans un communiqué de presse publié ce 21 mai 2025, la fédération alerte sur les perturbations constatées dans plusieurs établissements scolaires à travers le pays, causées par les activités de propagande électorale.

La FNASEEB rappelle que la campagne électorale ne devrait pas faire oublier aux enseignants et aux responsables des écoles qu’ils ont la mission d’éduquer pour l’avenir de la nation. Avec la fin de l’année scolaire qui approche, elle insiste sur la nécessité de s’abstenir d’impliquer les élèves dans des activités politiques.

« Les enseignants sont impliqués comme tous les autres citoyens, et c’est leur droit », déclare Antoine Manuma, président de la FNASEEB. « Mais ils doivent être conscients qu’ils gardent la mission d’éduquer pour l’avenir de la nation. »

Dans son communiqué, Antoine Manuma souligne que l’année scolaire 2024-2025 tend vers sa fin. Il rappelle que l’achèvement des programmes scolaires et la transmission de connaissances suffisantes sont des impératifs pour clôturer l’année en bonne et due forme, dans le strict respect des droits des apprenants. « Ainsi, les apprenants en fin de cycle seront disposés à la compétition lors des évaluations », affirme-t-il.

La FNASEEB met également en garde contre l’instrumentalisation politique des élèves. « Pour garder leur honneur, les enseignants et les responsables des établissements scolaires doivent s’abstenir d’impliquer la jeunesse dont ils prennent en charge l’éducation dans les activités politiques dans les enceintes des écoles. »

La fédération rappelle que le décret présidentiel n°100/058, signé par le président de la République le 9 mai 2025, réglemente la campagne électorale pour les élections du 5 juin 2025. Ce texte interdit toute action susceptible de perturber les activités éducatives, et s’applique à tous les acteurs impliqués dans la campagne.

« Malheureusement, ce texte réglementaire est déjà violé dans plusieurs écoles du pays », regrette encore Antoine Manuma. « Les responsables doivent savoir que personne n’est au-dessus de la loi. »

La FNASEEB demande le respect strict de la loi, rappelant que « le pays a besoin d’une jeunesse tranquille, instruite et compétente pour parvenir à la vision du développement. »

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Photo : Antoine Manuma, président de la FNASEEB

 

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