Ce 28 Août 2024, l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi totalise 24 ans d'existence. Cet accord soutenu par la communauté internationale avait permis le retour au calme après une dizaine d'années de guerre civile dans le pays. Pourtant, le parti CNDD-FDD arrivé au pouvoir grâce à ce même Accord n’a pas tardé à le torpiller, au grand désarroi des politiques burundais.
L’accord signé à Arusha le 28 Août 2000 a permis d’arrêter la guerre qui avait pris de l’ampleur, surtout après l’assassinat du président Melchior Ndadaye environ 3 mois après son investiture en 1993. Le président Pierre Buyoya issu de l’UPRONA, qui avait renversé le pouvoir plus d’une fois, les représentants du FRODEBU qui avait gagné les élections de 1993, les représentants d’autres partis politiques ainsi que les représentants des mouvements armés, étaient parmi les participants aux négociations qui avaient abouti à cet accord. Le CNDD-FDD et le PALIPEHUTU-FNL d’Agathon Rwasa, ont ensuite signé, chacun de son côté, des accords de cessez-le-feu qui ont été intégrés dans l’accord d’Arusha et la cessation des hostilités avait été définitive à l’époque. Parmi les garants de cet accord qui a permis aux Hutu et Tutsi de partager le pouvoir, figuraient Nelson Mandela, le médiateur, les chefs d’Etats Yoweri Kaguta Museveni de l’Ouganda, Daniel Arap Moi du Kenya, Benjamin William Mkapa de la Tanzanie, Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, et Salim Ahmed Salim, le secrétaire général de l’OUA, l’union africaine actuelle. D’autres garants de l’accord d’Arusha comme l’Union Européenne et la fondation Mwalim Nyerere fondée par le médiateur Julius Nyerere décédé environ une année avant la signature de l’accord, étaient également représentées dans les négociations. L’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi de 2000 a permis la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par l’UPRONA et le FRODEBU avant l’organisation des élections de 2005.
Malheureusement, malgré le rôle primordial joué par l’Accord d’Arusha, ce dernier a été écarté par le pouvoir en place alors qu’il avait même été inclus dans la constitution du Burundi. Ce qui est, selon le parti Sahwanya-Frodebu, une aberration. ‘’Nous au sein du parti Sahwanya-Frodebu, nous considérons l’Accord d’Arusha comme le pilier fondamental pour la paix et de la réconciliation. N’en déplaisent à ceux qui, aujourd’hui au pouvoir, tentent de violer cet Accord. En principe, cet Accord a permis le retour à la paix, à la cessation des hostilités et à la guerre civile. Il est vrai que cela ne s’est pas fait dans l’immédiat mais après l’accord de cessez-le-feu signé en Afrique du Sud entre le parti CNDD-FDD, le PALIPEHUTU et l’Etat du Burundi. Alors, j’exhorte les burundais à ne pas perdre espoir car il y a encore des gens, même parmi ceux qui nous gouverne aujourd’hui, même si ils n’osent pas le dire ouvertement, qui croient en l’esprit de cet Accord. C’est d’ailleurs pour cela que le Sénat burundais a déclaré qu’il n’était pas encore temps de réviser cet accord, surtout en ce qui est des quotas ethniques. Cela montre que la grande majorité de burundais ne veulent plus de résurgence des conflits tels qu’on les a vécu.’’ Dixit Sylvestre Bikorindagara, porte-parole du parti Sahwanya-frodebu. Quant à la Coalition des Forces de l’Opposition burundaise pour le Rétablissement de l’Accord d’Arusha, CEFOR-ARUSHA en sigle, elle estime que le parti CNDD-FDD n’attendait que son accession au pouvoir pour en profiter et piétiner, mais aussi désorienter l’Accord d’Arusha et ce malgré que cet accord avait instauré la paix et la sécurité au Burundi juste pour noyer les atrocités de tout genre qu’il a commis. ‘’A partir de 2001, cet accord a été mis en application par le gouvernement de transition qui avait la mission de mettre fin à la guerre. Malheureusement, après les élections de 2005 remportées par le parti CNDD-FDD, ce dernier a essayé de ronger le système du dedans avec la promulgation de la constitution en 2008. Et c’est à partir de ce moment que tout est parti en vrille car ils ont voulu imposer leur propre voie.’’ A déclaré Frédéric Bamvuginyumvira, président de la CFOR-ARUSHA, qui en appelle au réveil des consciences des burundais afin de prendre leur destin en main.