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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Burundi : Quand le pouvoir s’enrichit sur le dos des travailleuses exploitées en Arabie Saoudite

Le gouvernement burundais est accusé d’être complice de la traite des travailleurs émigrés vers les pays arabes, agissant ainsi dans ses propres intérêts. Cette accusation repose sur un article publié par trois médias internationaux, qui pointent du doigt certains responsables du parti CNDD-FDD à la tête des agences de recrutement de main-d’œuvre au Burundi.

Parmi les personnalités citées figurent le député Jean-Baptiste Nzigamasabo, propriétaire de l’Eagle Agency for Youth Employment basée en province Makamba, ainsi que Paul Ndimubandi, ancien secrétaire général de la ligue des jeunes du parti au pouvoir. Ce dernier dirige également une société de formation professionnelle et de placement, la SFPPM, située à Bujumbura.

Selon le même article, ces deux entreprises réalisent d’importants profits en exploitant des travailleuses burundaises envoyées en Arabie Saoudite, tout en étant protégées par les autorités de Gitega. Les médias Ukweli Coalition Media Hub, Afrique XXI et Africa Uncensored, qui ont mené l’enquête, dénoncent de graves manquements aux lois nationales ainsi que des violations flagrantes des droits humains.

Alors que la réglementation prévoit que les organismes recruteurs et les employeurs des deux pays ne doivent pas facturer ni déduire des salaires les frais liés au recrutement et au déploiement, la réalité est différente sur le terrain. Des femmes ont confié avoir dépensé des sommes importantes pour pouvoir partir. En plus des frais habituels tels que le passeport et les documents nécessaires, elles ont dû verser plus d’un million de francs burundais pour la formation, et certaines affirment avoir payé jusqu’à 2 millions de francs burundais en pots-de-vin pour figurer sur la liste des candidates retenues. D’après ces témoignages, les agences n’ont pris en charge que les billets d’avion aller. Plus grave encore, certaines travailleuses ont dû financer elles-mêmes leur billet retour, alors que ces frais devraient être pris en charge par le gouvernement burundais en cas de désistement de l’agence recrutante.

Le gouvernement est également tenu de s’assurer que les candidats comprennent bien les termes de leur contrat. En cas de violation, le rapatriement devrait être à la charge de l’État burundais.

L’article révèle aussi des pratiques de détournement des salaires de ces travailleuses. Chaque salariée perçoit entre 800 et 900 riyals par mois, soit environ 165 euros, tandis que les agences empocheraient plus de 1 300 euros par travailleur envoyé. Les enquêtes estiment que ces sociétés burundaises auraient accumulé entre 25,5 et 34 millions de dollars grâce à l’envoi de 17 000 travailleuses en Arabie Saoudite, ce qui les pousse à dissimuler les contrats signés avec leurs partenaires saoudiens.

L’État burundais n’est pas en reste. Dans une note publique datant du 8 août 2013, le ministère des affaires étrangères et de la coopération au développement précise les critères d’attribution d’une licence d’agence de recrutement. Celle-ci doit verser une caution de 50 millions de francs burundais à la Banque de la République du Burundi (BRB), destinée à indemniser les travailleurs migrants en cas de préjudice. En cas d’approbation, l’agence doit également verser 100 millions de francs burundais au Trésor public. Cette licence est valable deux ans et renouvelable, ce qui implique un paiement de 50 millions de francs pour chaque renouvellement.

Au lieu de s’inquiéter du sort de ses citoyens, l’État burundais semble plutôt focalisé sur les revenus générés par ce trafic. Toujours selon l’article, le gouvernement affirme avoir déjà encaissé plus de 10 millions de dollars américains et 10 milliards de francs burundais, une somme qu’il espère voir augmenter, d’autant plus que l’Arabie Saoudite a accepté d’accueillir 75 000 travailleurs migrants burundais au cours des cinq prochaines années.

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