L’Office Burundais de l’Urbanisme et de l’Habitat, OBUHA, a dernièrement annoncé une nouvelle société, partenaire du gouvernement dans l’exécution du projet de construction de l’ancien marché central de Bujumbura. Pourtant, le conseil des ministres s’était déjà prononcé sur la société, partenaire du gouvernement dans ce projet. Et la décision n’a pas été jusqu’à date levée par aucun autre conseil des ministres.
Le dernier conseil des ministres qui a abordé la question de la reconstruction de l’ancien marché central de Bujumbura date du 08 mai cette année 2024. Ce jour-là, lit-on dans le compte rendu dudit conseil des ministres, les membres du gouvernement ont analysé deux propositions du ministère des infrastructures, équipements et des logements sociaux en rapport avec les constructions prévues : un Mall, une salle de conférence de 3 mille personnes et un Hôtel 5 étoiles ou alors un complexe subdivisé en 5 blocs de bâtiments, une tour de 30 niveaux comprenant plus de 3000 magasins, supermarchés et boutiques, une salle de conférences pour plus ou moins 1000 personnes et un hôtel 5 étoiles. Cette séance des membres du gouvernement n’a pas évoqué les exécutants du projet.
Avant ce conseil des ministres de mai 2024, le dossier avait été analysé en dernier lieu par le conseil des ministres tenu le 21 juillet 2022. Ce conseil des ministres parlait de la société Mukaza Business Center, une société mixte dans laquelle le gouvernement devrait investir, comme partenaire du gouvernement dans l’exécution de ce projet. Le gouvernement avait approuvé de céder le terrain qui abritait l’ancien marché central de Bujumbura en concession à la société Mukaza Business Center. Cette société devrait être créée par l’Association des Banques et Etablissements Financiers, ABEF. Le conseil des ministres avait approuvé que la société allait construire un centre commercial de 5 niveaux avec un parking pouvant contenir 400 à 500 véhicules, des salles de conférence et d’expositions. Il était prévu que la première pierre soit posée en avril 2023 et que les travaux se clôturent en avril 2026.
Deux ans après le dernier conseil des ministres qui s’est prononcé sur la société qui exécutera le projet de reconstruction de l’ex marché central de Bujumbura, l’Office Burundais de l’Urbanisme et de l’Habitat OBUHA, vient d’annoncer une nouvelle société Ubaka Nation Group, différente de celle approuvée par le conseil des ministres. Ubaka Nation Group, est une société appartenant à Fablice Manirakiza, un Burundais membre de la diaspora à qui, ces derniers jours, sont confiés des marchés de construction suite aux relations particulières qu’il entretient avec le couple présidentiel, nous ont révélés des sources dignes de foi. Ce partenariat dans le projet de reconstruction de l’ancien marché central de Bujumbura a été approuvé sur injonction du président de la République qui pourtant présidait les différents conseils des ministres qui ont analysé le projet et approuvé la société. Et qui n’ignore pas non plus que les décisions du conseil des ministres doivent être levées par un autre conseil des ministres.
Interrogé s’il y aurait eu un autre conseil des ministres levant la décision octroyant ce marché à la société Mukaza Business Center, Jérôme Niyonzima, Secrétaire Général et porte-parole du gouvernement n’a pas pu répondre à notre question.
Onze ans d’attente
Le marché central de Bujumbura a pris feu la matinée du 27 janvier 2013, un triste dimanche pour surtout plus de 7000 commerçants que comptait ce marché. Onze ans et bientôt 7 mois après ce qui constituait le principal poumon de l’économie du Burundi ressemble à une jungle. En plein centre-ville de Bujumbura, la capitale économique, jadis aussi capitale politique du pays, les herbes et les arbres ont poussé, quelques branches sont même visibles au-dessus de la toiture déformée. De l’extérieur, des arbres géants sortent du toit du marché avec de grosses branches. Jusqu’aujourd’hui, ce marché central n’est pas encore débarrassé. Les restes des marchandises brûlées sont toujours entassés.
Selon les officiels, le feu qui était très fort, et qui a été très difficile à maitriser était accidentel. Un accident que deux gendarmes français, associés aux enquêtes n’ont pas pu confirmer. Dans leur rapport, ils disent qu’il a été difficile d’identifier l’origine de cet incendie.
Les enquêtes menées par la RPA elles, prouvent que l’incendie était criminel. Un des exécutants du plan a révélé que le marché a été incendié sur ordre du régime de l’époque, le régime Nkurunziza. Ils ont utilisé une poudre spécialisée dans des opérations d’incendie criminelle, a-t-il souligné, d’où le feu a été difficilement maitrisé.
Les sources de la RPA ont également révélé que la toiture de ce marché qui était construite avec des grosses barres et des poteaux en fer solide, a été démolie par des bombes dynamites. Ces dynamites qui ont fait sauter la toiture ont été posées par l'ancien major et agent du SNR connu sous le nom Maregos, celui-ci a été assassiné par le SNR peu après, en 2013.