Le thé du Burundi à l'épreuve de la crise énergétique

Une vague de mécontentement déferle parmi les théiculteurs burundais face à la pénurie de transport qui affecte leurs récoltes. Ce problème, lié à la crise du carburant qui touche l'ensemble du pays, menace sérieusement la filière du thé, l'une des principales sources de devises pour le Burundi.
Selon les témoignages recueillis par la Radio publique africaine le 21 mars, de nombreux producteurs ont été contraints d'abandonner la cueillette des feuilles vertes, faute de moyens pour les acheminer vers les usines de l'Office du thé du Burundi (OTB). « Nous sommes très attristés par ce manque de transport qui nous oblige à laisser notre récolte dans les champs. Les ouvriers de l'OTB ne viennent plus récupérer notre production », déplore un théiculteur.
La situation est d'autant plus critique que certains producteurs se voient obligés de parcourir jusqu'à 8 km à pied pour faire peser leur récolte à l'usine. « Si on parvient au moins à aller jusqu'au hangar, on nous dit souvent que les véhicules ne sont pas disponibles à cause de la pénurie de carburant. Dans ce cas, on est obligé de parcourir cette distance à pied jusqu'à l'usine de l'OTB », explique un autre producteur.
Les théiculteurs s'étonnent de l'inaction du gouvernement face à cette crise. « C'est incompréhensible de voir le gouvernement continuer à se lamenter du manque de devises au lieu de prendre soin de cette culture d'exportation », s'indigne l'un d'entre eux. Ils appellent les autorités compétentes à agir rapidement pour éviter une paralysie imminente de l'OTB.
La direction de l'OTB confirme la gravité de la situation. De juillet à décembre 2024, l'organisation a enregistré une perte de 1 842 000 dollars, soit environ 5,5 milliards de francs burundais. La pénurie de carburant est au cœur du problème : alors que la filière théicole bénéficiait auparavant de 50 000 litres de mazout pour assurer le bon fonctionnement de ses usines, elle ne recevait plus que 23 000 litres à la fin de 2024, soit moins de la moitié de ses besoins.