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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Gateri, refuge rocailleux : la dure réalité des sinistrés des crues de la rivière Rusizi

Gateri, refuge rocailleux : la dure réalité des sinistrés des crues de la rivière Rusizi

Installés sur le site de Gateri, dans la commune de Buganda, province Cibitoke, plus d’un millier de familles déplacées par les inondations de la rivière Rusizi à Gatumba font face à des conditions de vie extrêmement difficiles. Le terrain rocailleux de la colline où ils ont été relogés complique davantage leur quotidien, déjà marqué par l’absence d’abris décents et une précarité grandissante.

Les sinistrés, regroupés sous des tentes usées et déchirées, vivent dans une insécurité permanente. « Nous vivons dans des conditions extrêmement difficiles, car on nous a installés ici sous des tentes. Ces tentes sont désormais déchirées et très abîmées. À chaque coup de vent, nous sommes exposés à de grandes difficultés. Nous ignorions qu’on allait nous installer sur un terrain aride et jonché de pierres », témoigne l’un d’eux, illustrant le désarroi général.

À leur arrivée à Gateri, les déplacés avaient reçu l’assurance qu’ils se verraient attribuer des parcelles pour reconstruire leur vie. Pourtant, nombre d’entre eux attendent toujours que cette promesse se concrétise. « Lors de notre arrivée, on nous avait promis qu’on nous attribuerait des parcelles pour y construire nos habitations. Cependant, seules certaines personnes ont pu recevoir un terrain, tandis que nous, nous attendons toujours, contraints de survivre dans des tentes précaires. Chaque fois que nous cherchons à obtenir des explications, on nous renvoie vers les autorités gouvernementales, en affirmant que seul l’État décidera de notre sort », déplore un autre déplacé.

La promiscuité imposée par les abris de fortune a des répercussions majeures sur la cohésion familiale et l’éducation des enfants. Les familles nombreuses, parfois composées de huit enfants, peinent à préserver un minimum d’intimité. « Certains sont obligés de dormir dans le salon. Même pour les parents, il devient presque impossible d’avoir une intimité conjugale, car ils craignent que les enfants ne les entendent », explique un père de famille.

Les déplacés appellent le gouvernement à tenir ses engagements et à leur offrir une solution durable. « Avant toute chose, nous demandons au gouvernement de nous construire des logements décents afin de nous sortir de ces tentes, car la vie sous les tentes est devenue insupportable », lancent-ils d’une même voix.

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Photo : Site de Gateri

Burundi : La presse est libre….. de se taire sous l’ère CNDD-FDD

Burundi : La presse est libre….. de se taire sous l’ère CNDD-FDD

Depuis l’arrivée du CNDD-FDD au pouvoir en 2005, la liberté de la presse au Burundi s’est progressivement éteinte sous le poids de la répression. Le pays a connu une chute libre dans les classements internationaux, des assassinats, des arrestations, des exils forcés, et des médias muselés. Le paysage médiatique burundais porte les stigmates d’une répression persistante.

En 2005, année de l’arrivée du CNDD-FDD au pouvoir, le Burundi occupait la 90e place sur 167 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse. Un an plus tard, cette liberté avait déjà été compromise : le classement établi par Reporters Sans Frontières (RSF) en 2006 montrait que le Burundi avait perdu 35 places, se retrouvant à la 125e position. La liberté de la presse a été bafouée par le pouvoir CNDD-FDD, tout comme d’autres droits fondamentaux des citoyens. Le Burundi a régressé jusqu’à rejoindre la liste des 20 pays au monde où la liberté de la presse est la plus menacée, notamment durant les années 2017 et 2020.

En vingt ans de pouvoir du CNDD-FDD, des journalistes ont été tués, emprisonnés, malmenés ; des radios et autres médias ont été suspendus, attaqués et incendiés par le pouvoir. Plus d’une centaine de journalistes ont fui le pays en 2015 et vivent encore aujourd’hui en exil. Depuis 2006, le CNDD-FDD a commencé à emprisonner des journalistes en raison de leur profession. Jusqu’à aujourd’hui, en 2025, au moins 12 journalistes ont été incarcérés sous ce régime, dont Sandra Muhoza, détenue depuis un an. Deux journalistes ont été assassinés, de nombreux autres ont été malmenés ou traduits en justice ; certains ont été brièvement emprisonnés.

Pour entraver la liberté d’informer, le régime du CNDD-FDD utilise aussi la législation et les institutions nationales. Le Conseil National de la Communication (CNC) est largement utilisé pour permettre au pouvoir de contrôler la profession, surtout lors des périodes électorales. Depuis 2005, le CNDD-FDD a modifié à quatre reprises la loi régissant la presse, y introduisant parfois des obstacles pour les journalistes. Un semblant d’apaisement a été constaté avec la loi sur la presse en vigueur depuis 2024, qui a supprimé la peine de prison pour certaines fautes professionnelles. Cependant, la prudence reste de mise : ces fautes pourraient être requalifiées pour permettre la poursuite des arrestations arbitraires, comme cela se fait pour d’autres personnes détenues sans motif valable.

Les professionnels des médias déplorent un recul indescriptible de la liberté de la presse. 

Innocent Muhozi, journaliste depuis 40 ans, déplore qu’actuellement le Burundi est à un niveau inférieur à celui qu’il avait dans les années 1990 en ce qui concerne la liberté de la presse. Il explique que sous le parti unique, les médias publics étaient les seuls existants et travaillaient dans un cadre strict. « Entre 1991 et l’arrivée du CNDD-FDD, le pays avait atteint un niveau satisfaisant de liberté de la presse, en avance par rapport à plusieurs pays, y compris certains d’Europe. Le président Nkurunziza avait promis qu’aucun journaliste ne serait plus emprisonné, mais dès 2006, les journalistes ont commencé à être arrêtés et persécutés. Aujourd’hui, plus de 100 journalistes sont en exil. »

Innocent Muhozi explique que durant les périodes où il y avait un peu de liberté, les journalistes essayaient tant bien que mal de lutter pour la liberté de leur métier. Ils restaient en confrontation permanente avec le régime CNDD-FDD jusqu’à ce que le pire arrive en 2015. Il rappelle à titre illustratif  l’emprisonnement en 2013 du journaliste de Bonesha, Hassan Ruvakuki, pour lequel les journalistes se sont levés et ont exigé sa libération. Condamné à perpétuité, Ruvakuki a été libéré après deux ans de détention grâce à ces revendications. « La situation s’est empirée progressivement, sans changement soudain. Nous avons continué à lutter jusqu’à ce que la situation déborde, comme c’est le cas aujourd’hui. Nous étions souvent convoqués par le CNC, nous nous affrontions et faisions des bras de fer pour la liberté de la presse, parfois nous trouvions des compromis, parfois non. Jusqu’en 2015, où le pire est arrivé : la mort, avec des attaques aux armes lourdes contre les médias. »

 Innocent Muhozi ne comprend pas ceux qui prétendent que la situation s’est améliorée alors que les attaques contre les stations radio et télévision n’ont pas encore été évoquées pour établir les responsabilités. « Je me demande quel est le but de ceux qui disent cela! »

Innocent Muhozi a commencé sa carrière de journaliste en 1984. De 1995 à 2003, il a été Directeur Général de la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB) avant de créer sa propre chaîne, la Radiotélévision Renaissance.

Burundi : Le HCR alerte sur la situation des réfugiés à Musenyi

Burundi : Le HCR alerte sur la situation des réfugiés à Musenyi

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude face à la situation critique des réfugiés fuyant la violence dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Dans un communiqué publié le 25 avril 2025, le HCR a souligné que plus de 71 000 Congolais ont trouvé refuge au Burundi depuis janvier 2025, dont près de 16 000 vivent actuellement au camp de Musenyi, dans la province  Rutana. Ce site, conçu pour accueillir seulement 3 000 personnes, est aujourd’hui largement surpeuplé.

Des abris d’urgence ont été installés dans des zones agricoles, mais avec l’arrivée de la saison des pluies, de nombreux abris sont désormais inondés, rendant les conditions de vie encore plus difficiles. L’absence d’infrastructures essentielles telles que des écoles, des centres de santé et des toilettes complique davantage la gestion de la crise et expose les réfugiés à des risques sanitaires importants.

Le HCR a également alerté sur la situation alarmante des femmes et des filles. Près de 11 000 d’entre elles n’ont toujours pas accès aux kits d’hygiène de base en raison du manque de financement, ce qui met leur sécurité et leur santé en péril. Les efforts pour retrouver les enfants séparés de leurs familles et pour soutenir les victimes de violences sexistes ont, eux aussi, été réduits faute de ressources.

Malgré les conditions de vie déplorables, de nouveaux réfugiés continuent d’arriver chaque semaine. Certains ont même pris le risque de retourner temporairement en RDC, pour retrouver des proches ou protéger leurs biens.

Face à cette situation désastreuse, le HCR lance un appel à un soutien financier urgent de la part de la communauté internationale. L’organisation estime qu’il lui faut 76,5 millions de dollars pour répondre aux besoins immédiats des réfugiés. Sans cette aide, la situation pourrait se détériorer davantage, mettant en danger des milliers de vies déjà fragilisées par la guerre et l’exil.

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Photo: Camp de Musenyi 

Burundi : Sous le CNDD-FDD, la justice et les libertés sacrifiées sur l'autel du pouvoir

Burundi : Sous le CNDD-FDD, la justice et les libertés sacrifiées sur l'autel du pouvoir

Arrivé au pouvoir en 2005 après une décennie de guerre civile et une victoire électorale porteuse d'espoir, le CNDD-FDD a rapidement déçu les attentes des Burundais. Vingt ans plus tard, le bilan est accablant : violations systématiques des droits humains, justice aux ordres, répression politique et une consolidation du pouvoir qui a sacrifié les libertés fondamentales et l'État de droit. Eugène Nindorera, ancien ministre burundais des Droits de l’homme et ancien représentant du haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a fait une évaluation de ces vingt ans que dure déjà le régime du parti de l’aigle.

Eugène Nindorera qui est aussi l'un des fondateurs de la Ligue Iteka (une ligue burundaise des Droits de l'Homme)  en 1991, dresse un constat implacable. L'espoir de tourner la page des souffrances du passé s'est rapidement dissipé face à la réticence du CNDD-FDD à placer l'édification de l'État de droit au cœur de sa gouvernance.

Un État de non-droit où la terreur règne

Depuis 2005, les Burundais sont victimes de violations généralisées, allant du droit à la vie aux droits économiques et sociaux. Exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, arrestations arbitraires et torture sont devenues monnaie courante. L'impunité est la règle, le gouvernement protégeant les agents de l'État responsables de crimes graves. L'appel public du chef de l'État, Évariste Ndayishimiye, à la lapidation des homosexuels en décembre 2023, et les appels au meurtre de citoyens par l'ancien président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, en sont des exemples flagrants.

La crise de 2015 a marqué un tournant vers un autoritarisme assumé et un régime de terreur visant à museler toute voix dissidente, que ce soit au sein du parti lui-même, des institutions, des partis politiques, de la société civile ou des médias.

Une justice instrumentalisée et une opposition muselée

L'ancien ministre souligne l'instrumentalisation de la justice, où les juges subissent des pressions politiques et sont vulnérables à la corruption, compromettant leur indépendance. Les procès inéquitables sont fréquents, et les accusations d'atteinte à la sûreté de l'État sont utilisées pour réprimer toute opposition. Les autorités s'ingèrent régulièrement dans le fonctionnement des partis politiques, comme en témoigne l'éviction récente d'Agathon Rwasa de la tête du Congrès National pour la Liberté (CNL).

Un arsenal juridique répressif au service du pouvoir

Sous l'impulsion du CNDD-FDD, la gouvernance du pays s'est traduite par un durcissement des lois et une restriction des libertés fondamentales. La révision constitutionnelle de 2018 a marqué une rupture avec les accords de paix, et le code pénal est utilisé pour museler les voix dissidentes. La loi organique sur le Conseil Supérieur de la Magistrature de janvier 2021 fragilise l'indépendance de la justice, et le code électoral a été modifié à cinq reprises pour verrouiller le jeu politique. La loi sur la presse, bien que partiellement dépénalisée, reste une source de pression sur les journalistes et les citoyens.

La corruption endémique détourne les ressources publiques au détriment des besoins fondamentaux des citoyens. Les discriminations persistent, notamment dans l'accès à l'emploi public, où l'appartenance au parti au pouvoir est souvent un critère déterminant.

Une machine répressive au service d'intérêts sectaires

Selon les experts, l'autoritarisme du CNDD-FDD s'explique par la logique de la terreur du courant dominant du parti, héritier d'une culture politico-militaire. Militaires, policiers et milice Imbonerakure sont instrumentalisés pour intimider, arrêter ou éliminer les opposants. Les détournements de fonds publics, la corruption et la mauvaise gouvernance sont érigés en système, et la justice est dévoyée pour garantir l'impunité des fidèles du régime. Une guerre des clans interne oppose les cadres du parti pour le contrôle des ressources et l'enrichissement illicite, transformant l'État en butin de guerre.

Malgré ce tableau sombre, Eugène Nindorera souligne quelques points positifs, tels que les mesures prises par le Président Pierre Nkurunziza au début de son mandat pour rendre universel l'accès à l'éducation et favoriser l'accouchement des femmes enceintes ainsi que l'accès aux soins pour les enfants de moins de cinq ans.

Face à un petit cercle de privilégiés déconnecté des aspirations populaires, une prise de conscience citoyenne pourrait émerger. Solidarité et actions collectives pourraient ouvrir une brèche vers la bonne gouvernance. Mais le chemin vers un Burundi respectueux de l'État de droit reste un parcours semé d'embûches.

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Photo : Eugène Nindorera

 

 

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