Coupures d’électricité à Gitega : des décès à l’hôpital régional et des soins gravement perturbés

Au moins trois personnes sont mortes vendredi 8 août à Gitega faute d’électricité, alors que la province subit une coupure prévue du 4 au 14 août, selon la REGIDESO. Cette situation touche notamment l’hôpital régional de Gitega où le personnel soignant dénonce l’incapacité à soigner les patients en raison de l’absence de courant.
Certains employés de l’hôpital régional de Gitega, bien qu’ayant reçu consigne de ne pas divulguer que des décès ont eu lieu à cause de la coupure d’électricité, ont décrit la situation. Un membre du personnel travaillant au service des urgences rapporte : « Nous sommes dépassés. On est dans l’incapacité d’assister nos patients en état critique car les équipements médicaux conçus pour assister leur respiration ne peuvent pas fonctionner sans courant. Trois de nos patients, à savoir deux hommes et une femme, sont morts asphyxiés faute d’oxygène. »
D’autres patients, dont le nombre reste inconnu, sont également morts faute d’avoir pu bénéficier des soins nécessaires. Un employé du laboratoire confirme : « Certains patients gravement malades sont décédés avant d’avoir leurs résultats d’examens, en raison de cette pénurie d’électricité. Par exemple, les personnes venues faire des prélèvements et autres examens ne sont plus servies. Résultat, l’état de santé des malades se détériore et certains y laissent leur vie. On prélève le sang des patients en espérant que le courant va se rétablir. Malheureusement, on finit par jeter les échantillons et on se retrouve dans l’incapacité de soigner ces gens vu qu’on ignore de quoi ils souffrent. »
Même les patients hospitalisés rencontrent des difficultés majeures, notamment les femmes enceintes devant accoucher par césarienne. Un médecin du service maternité explique : « Il arrive parfois de devoir outrepasser certaines règles pour fournir des soins indispensables à la mère et à l’enfant, au risque de mettre leur vie en danger. Pour ces femmes, on utilise des lampes torches ou des téléphones pour éclairer. Souvent, on se retrouve dans l’obligation de refaire les points de suture, tout cela à cause des coupures répétitives de courant électrique. Aujourd’hui, la situation s’aggrave, avec des coupures d’électricité qui durent plusieurs jours consécutifs. »
Outre la nécessité de refaire certaines interventions, ces femmes doivent aussi faire face à d’autres risques, notamment « des infections dues à une mauvaise stérilisation des instruments ou à l’utilisation d’équipements improvisés pour éclairer, exposant ainsi à des germes. » Par ailleurs, certaines patientes sont accueillies sans qu’un contrôle préalable de leur taux d’hémoglobine ait été effectué, ce qui peut entraîner des complications graves.
Selon nos informations, ces conséquences expliquent pourquoi plusieurs hôpitaux ont décidé de ne plus recevoir de femmes enceintes nécessitant une hospitalisation pour accouchement par césarienne, mettant en danger la vie des mères et de leurs nouveau-nés.
Il y a quelques jours, des prématurés dans des couveuses sont morts à l’hôpital Prince-Régent Charles de Bujumbura, faute d’électricité.