Les réfugiés de Nyarugusu ont réclamé l'élargissement du programme de réinstallation dans le troisième pays, l'amélioration des systèmes de santé, d'éducation et de ration alimentaire. C'est parmi leurs requêtes auprès de l'ambassadeur des États-Unis d'Amérique qui les a rendus visite ce vendredi. De son côté, le représentant du gouvernement tanzanien estime que les Burundais devraient plutôt retourner dans leur pays d'origine.
Japhet Manirakiza, représentant des réfugiés de Nyarugusu a demandé aux États-Unis d’Amérique de permettre aussi aux réfugiés burundais de participer au programme de réinstallation dans ce pays comme c’est le cas pour les Congolais. L’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, le pays qui contribue à plus de 60 pourcent dans le secteur des réfugiés en Tanzanie, avait demandé aux réfugiés d’exposer tous leurs problèmes.
« Nous vous remercions comme votre pays occupe le premier rang dans le programme de réinstallation des réfugiés qui désirent aller dans le troisième pays, mais l’effectif des bénéficiaires est encore très petit compte tenu des problèmes qui hantent cette région des grands lacs. Nous vous demandons d’augmenter l’effectif pour les Congolais et d’ouvrir les portes pour les Burundais qui ont des problèmes. »
Le représentant des réfugiés de Nyarugusu a également réclamé des bourses pour les élèves qui terminent l’école secondaire, la réouverture de certaines structures de santé et l’augmentation de l’effectif des agents de santé. Japhet Manirakiza a demandé aussi la disponibilisation des vaccins et des moustiquaires pour se protéger contre le paludisme. L’amélioration de la ration alimentaire faisait également partie des doléances des réfugiés de Nyarugusu à travers leur représentant.
Dans cette réunion tenue vendredi 27 juillet, la représentante du HCR a promis aux réfugiés que les vaccins et les moustiquaires allaient leur parvenir dans les meilleurs délais. En ce qui concerne l’alimentation, le HCR a promis de s’entretenir avec le gouvernement tanzanien. Les bourses pour les élèves qui veulent fréquenter l’université ne sont pas nombreuses, mais le HCR continuera de chercher à travers ses partenaires pour envoyer certains réfugiés poursuivre leurs études dans d’autres pays, a ajouté la représentante du HCR.
De son côté, le représentant du gouvernement tanzanien a demandé l’appui des États-Unis pour augmenter l’effectif des agents de santé dans le camp de Nyarugusu. En ce qui concerne la demande de réinstallation dans le troisième pays, l’autorité tanzanienne a salué l’initiative des États-Unis d’Amérique pour les réfugiés congolais. Mais pour les réfugiés burundais, le représentant du gouvernement tanzanien estime qu’ils devraient plutôt se rapatrier au Burundi.
« Je dois vous dire la vérité. Le gouvernement tanzanien et le gouvernement burundais, nous n’apprécions pas cette situation de réfugié qui perdure. C’est vrai que nous avons la responsabilité d’accueillir les réfugiés. Cela ne nous pose aucun problème, mais lorsque la raison qui t’a contraint à fuir n’est plus là, tu dois rentrer chez toi. »
A la fin de cette réunion, l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique en Tanzanie Michael Battle a écrit sur son compte X : « J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec des réfugiés burundais dans le camp de Nyarugusu. Ils ont fui des situations terribles et sont confrontés à une grande incertitude s’ils décident de rentrer chez eux. J’encourage vivement le gouvernement tanzanien à veiller à ce que les rapatriements restent volontaires et à élargir la participation au programme américain d’admission des réfugiés. »
La CBDDH déplore l’attitude de la Tanzanie
La Coalition Burundaise des Défenseurs des Droits de l'Homme déplore la poursuite de la persécution des réfugiés burundais par le gouvernement tanzanien qui tente même de dissuader ceux qui veulent les aider. La directrice exécutive de la CBDDH, Eulalie Nibizi demande aux autorités tanzaniennes de ne pas parler au nom des réfugiés. « Comment est-ce qu’un gouvernement tiers peut affirmer que la situation qui a provoqué la fuite des citoyens d’un autre pays est apaisée alors qu’elles savent bien que chaque réfugié est venu en son propre nom et qu’il a ses propres raisons pour fuir son pays, mais aussi qu’il aura ses propres motifs, qui le rassurent, pour revenir au pays. » Pour Eulalie Nibizi, le gouvernement tanzanien n’a pas ni motif ni le droit de déclarer que la sécurité règne au Burundi.
La directrice exécutive de la CBDDH demande aussi au gouvernement tanzanien de considérer la question des réfugiés comme une question humanitaire et des droits de l’homme qu’il faut protéger au lieu de la considérer comme une question diplomatique et politique entre lui et le gouvernement burundais. « Je vois que les atrocités qui sont commises contre les réfugiés burundais en Tanzanie sont incluses dans une feuille de route qui a été convenue par le HCR en Tanzanie, le gouvernement du Burundi et ses émissaires, et le gouvernement tanzanien. La feuille de route contient des mesures répressives qui peuvent mettre en danger la vie des réfugiés burundais en Tanzanie. » Eulalie Nibizi exhorte les autorités tanzaniennes de traiter les réfugiés burundais comme d’autres réfugiés, notamment les Congolais. « Nous sommes informés par les réfugiés burundais qu’ils sont maltraités, vivent dans des conditions inhumaines, que les animaux sont mieux traités qu’eux. »
Eulalie Nibizi demande aussi aux différentes organisations de faire tout leur possible pour que les droits des réfugiés burundais soient respectés en Tanzanie. « J’encourage les États-Unis d’Amérique, qui veulent secourir les réfugiés burundais, de poursuivre leurs efforts par la voie diplomatique. J’interpelle aussi les structures régionales et sous-régionales comme l’EAC et l’EALA pour qu’elles fassent en sorte que ce peuple de l’EAC qui souffre dans les camps des réfugiés tanzaniens soit protégé. » La directrice de la CBDDH demande également à l’Union africaine de voler au secours des réfugiés burundais afin qu’ils soient traités dignement tant qu’ils sont en Tanzanie. « Si la Tanzanie ne veut pas d’eux, que ces réfugiés soient réinstallés dans un troisième pays d’accueil. C’est leur droit et c’est une question d’humanité. »
Selon les statistiques du haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés au 30 juin 2024, la Tanzanie abrite plus de 127 mille réfugiés burundais sur son territoire.