Le taux de surpopulation carcérale est à un niveau alarmant. Dans une rencontre avec des procureurs et magistrats, la ministre de la justice a jeté le tort à ces derniers. Elle les a reprochés de saboter les efforts du gouvernement pour désengorger les maisons de détention. Le problème dure déjà plusieurs années, réagissent des défenseurs des droits humains qui trouvent que le défi ne sera pas relevé tant que le pays est dirigé par un régime autoritaire.
Lors d’une réunion tenue le vendredi 17 novembre à l'endroit des Magistrats des 3 Cours d'Appel œuvrant en Mairie de Bujumbura, la ministre de la justice a fait savoir que le taux de surpeuplement dans les maisons de détention atteint aujourd’hui 417%. Domine Banyankimbona rejette la faute aux procureurs et magistrats. ‘’Nous avons fait plus de deux réunions arrêtant des mesures pour désengorger les prisons mais rien n’a été fait.’’
La ministre de la justice a reconnu que suite à cette situation, les détenus vivent dans des conditions inhumaines. ‘’J’ai été à la prison centrale de Mpimba, je me suis demandée si l’on y héberge des humains ou pas !’’
Un défi encore difficile à relever
Au sein de l’Association Chrétienne pour l’Abolition de la Torture, ACAT Burundi, ils trouvent anormal cette déclaration de la ministre de la justice, comme si le problème est nouveau. ‘’Ce n'est pas vraiment un nouveau défi. Ce qui nous préoccupe c'est qu’au sein de ce ministère il n'y a pas de politique claire pour trouver une solution à ce défi. ‘’ A réagi Me Jean-Claude Ntiburumunsi, chargé du département juridique au sein de l’association chrétienne pour l’abolition de la torture ACAT-Burundi.
Selon Me François Nyamoya ‘’ le problème de la surpopulation carcérale date d'il y a longtemps avant même l'arrivée du CNDD-FDD au pouvoir.’’ Toutefois, le secrétaire général du parti Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie MSD, estime que ce régime a aggravé le problème. ‘’Le nombre des détenus préventifs dépassent de très très loin le nombre des prisonniers condamnés. ‘’ Un indicateur, selon l’homme de droit du dysfonctionnement du système judiciaire au Burundi.
Comme raisons de ce dysfonctionnement, le juriste parle du non respect de la loi par les magistrats et procureurs. Au lieu que la liberté soit le principe et la détention l’exception, au Burundi c’est l’inverse qui est appliqué.
La deuxième raison, Me Nyamoya évoque le caractère autoritaire du pouvoir en place. ‘’Ils emprisonnent qui ils veulent sans se soucier de la loi.’’ Déplore Me François Nyamoya qui explique qu’en réalité au Burundi, le ministre de la justice est dépourvu de pouvoir. ‘’Ce que dit la ministre est vrai mais elle ne peut rien corriger.’’
La dernière raison de ce dysfonctionnement, est selon le secrétaire général du parti MSD, le système administratif complétement défaillant. Des prisonniers sont détenus sans dossiers, d’autres restent en prison alors qu’ils ont purgé leurs peines. Une situation anormale, juge l’avocat.