Après un an et 5 mois d’incarcération, la syndicaliste Emilienne Sibomana a été acquittée ce mardi 02 juillet 2024 par la cour d’appel de Gitega. Pourtant, 3 jours après son acquittement, elle continue de croupir en prison. D’où l’inquiétude des défenseurs burundais des droits de l’homme qui craignent une mainmise dans la mise en application du jugement rendu.
Le procès d’Emilienne Sibomana a eu lieu en audience publique le vendredi 28 juin 2024. Mis en délibéré, le verdict est tombé dans la soirée du mardi 02 juillet 2024. La nouvelle de son acquittement par la cour d’appel de Gitega a beaucoup réjoui bon nombre de Burundais, et surtout les défenseurs des droits de l’homme. Parmi eux figure la Coalition Burundaise des Défenseurs des droits de l’Homme, CBDDH en sigle. « C’est une bonne nouvelle pour les défenseurs des droits humains, les syndicalistes et les enseignants en général, mais aussi et davantage pour les parents dont les enfants fréquentent le lycée Christ-Roi de Mushasha. » A déclaré, dans la fraicheur des faits, Eulalie Nibizi, directrice exécutive de cette coalition.
Néanmoins, le scepticisme l’a emporté sur le nuage d’espoir qui s’était profilé dès l’annonce de son jugement. « Nous félicitons les juges qui ont siégé ce 02 juillet pour avoir acquitté Emilienne Sibomana parce que sa place n’est pas en prison. Mme Sibomana a alerté pour sauver des enfants victimes de harcèlement sexuel. Elle a agi pour sauver des enfants qu’elle ne connaissait même pas. Elle a voulu protéger ces filles victimes qui, finalement, finissent à en subir des conséquences dont l’abandon scolaire. Mais nous avons encore des doutes. Tant que le billet d’élargissement et le prononcé de jugement ne sont pas encore signés, nous redoutons qu’il y ait des personnes ayant l’intention de maintenir Emilienne Sibomana en prison, car ce ne serait pas la première fois que les gens sont acquittés et qu’ils continuent de croupir en prison. » A alerté la CBDDH qui en a profité pour demander au ministère de l’éducation de rétablir cette syndicaliste dans ses droits, afin qu’elle puisse réintégrer son service.
Condamnée le 27 juin 2023 par le Tribunal de Grande Instance de Gitega à une peine de 5 ans de prison ferme et une amende de 5 millions de francs burundais, Emilienne Sibomana est victime d’avoir dénoncé des actes répétitifs d’abus sexuels commis sur des jeunes élèves par le directeur de l’Ecole Christ-Roi de Mushasha, l’Abbé Laurent Ntakarutimana. Des accusations que cette syndicaliste a portées en présence de 3 ministres dont celui de l’éducation. Et, dans la foulée, elle a été arrêtée et écrouée à la prison centrale de Gitega pour dénonciation calomnieuse. C’était le 27 janvier 2023. Depuis, les défenseurs des droits de l’homme n’ont cessé de demander sa libération, car injustement emprisonnée.
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Photo: Emilienne Sibomana