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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Fertilisants : Le scandale qui menace l'agriculture burundaise

Fertilisants : Le scandale qui menace l'agriculture burundaise

La colère gronde parmi les agriculteurs des provinces centrales et septentrionales du Burundi. Confrontés à une pénurie chronique d'engrais, ils accusent le gouvernement de les forcer à payer pour des fertilisants qu'ils n'ont jamais reçus.

Dans les provinces de Gitega et Karuzi, au centre du pays, les cultivateurs sont stupéfaits. Le ministère de l'Agriculture leur demande de verser une avance pour l'achat d'engrais chimiques destinés à la saison culturale B, alors qu'ils n'ont toujours pas reçu la totalité des fertilisants commandés et payés pour la saison précédente.

« Nous sommes étonnés de voir qu'ils nous obligent à payer de l'argent pour de nouveaux engrais. Nous avons toujours les reçus de paiement des fertilisants que nous n'avons jamais reçus », s'indigne un agriculteur de Karuzi.

Le problème ne se limite pas au centre du pays. Dans les provinces du nord - Kirundo, Kayanza et Ngozi - la situation est tout aussi préoccupante. Les agriculteurs exhortent le gouvernement à distribuer les engrais chimiques à temps pour éviter les retards catastrophiques de la dernière saison culturale.

Un cultivateur de Kirundo exprime son incompréhension : « Comment peuvent-ils distribuer le fertilisant de cette saison alors que nous avons manqué celui de la fois passée ? C'est un sérieux problème. »

Les retards et les pénuries ont des répercussions graves sur la production agricole. À Kayanza, certains agriculteurs ont reçu les engrais alors que leurs plants de maïs avaient déjà commencé à produire des épis comestibles, rendant l'application des fertilisants inutiles.

« La récolte de cette année ne sera pas bonne », prévient un agriculteur de Ngozi, soulignant que de nombreuses cultures n'ont pas poussé convenablement faute d'engrais.

 Un appel à la régularisation

Les agriculteurs demandent au ministère de l'Agriculture de régulariser d'abord la distribution des engrais déjà payés avant d'exiger de nouveaux paiements. Ils réclament la livraison des fertilisants IMBURA et TOTAHAZA commandés pour la saison culturale A.

Malgré l'ampleur du problème, les autorités restent muettes. Les tentatives pour obtenir une réaction du ministre de l'Agriculture et de l'Élevage, Ir. Prosper Dodiko, sont restées vaines.

 

Gitega : Les champs de maïs en proie aux insectes voraces

Gitega : Les champs de maïs en proie aux insectes voraces

Une menace plane sur les champs de maïs de la colline Bigera, en zone Rwisari, commune Mutaho, province Gitega. Des insectes ravageurs s'attaquent sans relâche aux cultures, et menacent de détruire intégralement les cultures de maïs, compromettant ainsi les perspectives de récolte et les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.

Ces insectes nuisibles attaquent d'abord les feuilles avant de s'infiltrer progressivement à l'intérieur des tiges. Conscients du danger, les agriculteurs ont tenté de riposter par des méthodes artisanales, ramassant et écrasant manuellement les insectes visibles. Malheureusement, cette approche s'est révélée largement inefficace, les ravageurs ayant déjà pénétré en profondeur dans les plants.

La situation s'aggrave dans un contexte agricole déjà extrêmement fragile. Une période de sécheresse prolongée a précédé cette invasion, affaiblissant considérablement les cultures. Les agriculteurs, ayant investi des ressources financières importantes dans l'achat de semences et d'engrais, se retrouvent aujourd'hui confrontés à un risque de perte totale. Les livraisons d'intrants agricoles ont été partielles, ajoutant à leur détresse et leur sentiment d'impuissance.

Les habitants de Bigera lancent un cri d'alarme désespéré en direction des autorités provinciales. Oscar Uwikunda, Directeur du bureau provincial de l'agriculture, a confirmé l'invasion sans pour autant proposer de solution concrète.

  Trahison et désillusion : Le cri de détresse des producteurs de thé de Rusaka

Trahison et désillusion : Le cri de détresse des producteurs de thé de Rusaka

Les cultivateurs de thé de la commune Rusaka, en province Mwaro, expriment leur mécontentement envers l'Office du thé du Burundi (OTB) concernant le versement incomplet des arriérés de primes promis par le ministre de l'Agriculture fin décembre 2024. Ces producteurs affirment avoir reçu des montants inférieurs à ceux annoncés et critiquent la méthode de distribution de ces primes.

Le 26 décembre 2024, le ministre de l'Agriculture et de l'Élevage, Prosper Dodiko, s'était engagé à régulariser les arriérés de primes sur deux ans avant la fin de l'année 2024. Il avait promis un paiement de 156 francs burundais par kilo, nécessitant un déblocage de plus de 4,6 milliards de francs burundais par le gouvernement.

Cependant, les cultivateurs de Rusaka déplorent n'avoir reçu que 70 francs par kilo à la mi-janvier 2025, soit moins de la moitié du montant promis. De plus, ils affirment que seule une année de primes a été versée, laissant en suspens l'année 2023-2024 pour laquelle 56 francs par kilo restent dus.

Les producteurs dénoncent également le manque de transparence dans le calcul des primes, ne connaissant pas leur production exacte ni les critères utilisés pour déterminer les montants versés. Certains cultivateurs se plaignent que les frais d'achat de fertilisants ont été déduits de leurs primes, une pratique qu'ils qualifient de vol, car ces frais sont normalement prélevés sur leurs rémunérations mensuelles.

Ces cultivateurs de thé de Rusaka expriment leur profonde insatisfaction quant à la manière dont le gouvernement les traite, malgré l'importance du thé dans les exportations du pays. Ils avertissent que si la situation ne s'améliore pas, la filière du thé au Burundi risque de continuer à se dégrader. Ils appellent le gouvernement, en particulier le ministère de l'Agriculture, à honorer ses promesses et à revoir à la hausse le prix qu'ils reçoivent pour leur production de thé.

La rédaction de la RPA a tenté de contacter le ministre de l'Agriculture Prosper Dodiko pour obtenir des commentaires, mais celui-ci n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

 

Pénurie d’engrais à Mwaro : les agriculteurs au bord du désespoir

Pénurie d’engrais à Mwaro : les agriculteurs au bord du désespoir

La province de Mwaro est confrontée à une grave pénurie d'engrais, laissant de nombreux agriculteurs dans l'incertitude à l'approche de la saison des semis. Malgré leurs paiements effectués pour les fertilisants FOMI, beaucoup se retrouvent sans ressources, suscitant des craintes quant à une récolte médiocre et à la sécurité alimentaire de la région.

Les rares livraisons d'engrais effectuées jusqu'à présent se sont avérées largement insuffisantes pour répondre à la demande. « La majorité des cultivateurs n'a pas encore semé. Et le peu de fois que ces fertilisants deviennent disponibles, ils sont en quantité minime, ce qui fait que peu de gens peuvent les obtenir », témoigne un agriculteur local.

L'expérience de l'année passée, où certains agriculteurs n'ont jamais reçu les engrais payés, alimente un sentiment de méfiance et d'inquiétude. « Nous gardons sur nous des jetons pour des commandes de fertilisants faites et payées l'année passée mais qui n'ont jamais été livrés », déplore un cultivateur.

Les agriculteurs demandent au gouvernement d'envisager l'importation d'engrais chimiques si la production locale ne peut satisfaire la demande.  « Si l'usine FOMI n'est plus capable de répondre à la demande, nous proposons qu'on nous laisse faire des commandes dans d'autres pays frontaliers », suggère un agriculteur.

Cette pénurie d'engrais soulève des préoccupations majeures quant à la productivité agricole et au risque de famine. Les autorités n'ont pas encore réagi officiellement à ces inquiétudes, le ministre de l'Agriculture, de l'Élevage et de l'Environnement, Prosper Dodiko, n'ayant pas répondu aux sollicitations pour commenter la situation.

 

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