Dans une lettre épiscopale publiée ce dimanche 25 mai, la Conférence des évêques catholiques du Burundi appelle les acteurs politiques à promouvoir le respect mutuel et à bannir toute forme de diabolisation pendant la période électorale. Elle insiste également sur la responsabilité des dirigeants à tous les niveaux pour garantir la paix, la justice et la sécurité.

Ce lundi 19 mai 2025, le ministre burundais de l’Intérieur, Martin Niteretse, a tenu une conférence de presse pour apporter des éclaircissements sur plusieurs préoccupations concernant la campagne électorale en cours, à l’approche des élections législatives et communales.
Concernant l’exclusion du député Agathon Rwasa du processus électoral, le ministre a précisé que son ministère n’intervient pas dans la désignation des candidats. « Le ministère de l’Intérieur ne détermine pas les personnes inscrites sur les listes des partis politiques », a-t-il rappelé.
Répondant aux critiques sur une supposée mainmise du parti au pouvoir sur l’espace politique, il a assuré que la compétition actuelle est marquée par la participation de huit partis politiques et plusieurs candidats indépendants, ce qui reflète une pluralité politique effective.
Le ministre a également abordé les préoccupations relatives à l’implication des élèves dans les campagnes électorales et à la tenue de meetings dans les établissements scolaires. Il a insisté sur le fait que de telles pratiques sont interdites, précisant que « non seulement dans les écoles, mais aussi dans tous les lieux de travail, les activités de campagne sont interdites. »
S’agissant des accusations d’intimidation par les Imbonerakure, la ligue de jeunesse affiliée au parti au pouvoir, Martin Niteretse a confirmé que des mesures avaient été prises contre les auteurs présumés, avec l’arrestation de certaines personnes et la promesse de poursuites judiciaires pour toute personne reconnue coupable.
La question de la pénurie de carburant a également été abordée, après que certains candidats ont suspendu leur campagne en raison de cette crise. Le ministre a indiqué que son ministère avait transmis à la société de distribution SOPEBU la liste des candidats concernés afin qu’ils bénéficient d’un approvisionnement prioritaire.
.....................
Photo : le ministre de l'Intérieur, Martin NITERETSE
Gitega : Des agents électoraux de Mutaho privés de vote parce qu’ils ne sont pas membres du CNDD-FDD
Certains des agents électoraux de la commune Mutaho en province Gitega, qui ne sont pas membres du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, se plaignent qu’on leur ôte leur droit de vote dans les prochaines élections.

Dans plusieurs localités du pays, des citoyens s'indignent des perturbations causées par la campagne électorale du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Les critiques portent principalement sur les activités de propagande qui entravent le bon fonctionnement des écoles, des marchés et même des centres de santé, suscitant de vives inquiétudes quant à leur impact sur la vie quotidienne des habitants.
En province Kirundo, dans la commune de Busoni, des habitants ont rapporté qu’ils ont été contraints de se rendre avant l'aube à Nyarunazi, lieu choisi pour un meeting électoral du CNDD-FDD. C’était le 20 mai 2025. Selon des témoignages recueillis sur place, la participation à ce rassemblement s’est faite sous menace, obligeant même des enseignants à quitter leurs postes. En conséquence, plusieurs établissements scolaires ont suspendu leurs activités, faute de personnel enseignant.
Un phénomène similaire s'est produit en province Ngozi, commune de Busiga, où un meeting du CNDD-FDD près de l’école fondamentale Busiga 2 a perturbé les cours le 15 mai 2025. Des enseignants témoignent que la campagne électorale, accompagnée de haut-parleurs à fort volume, a contraint élèves et enseignants à quitter leurs salles de classe pour assister à l'événement. Les activités pédagogiques n'ont repris qu'à la fin du rassemblement.
Ces perturbations sont dénoncées non seulement par la population, mais aussi par certains membres du CNDD-FDD. À Buraza, dans la province Gitega, des jeunes Imbonerakure ont interrompu le fonctionnement du centre de santé de Mahonda. Des témoins affirment que les patients ont été déplacés pour faire place à une réunion politique, et que le médecin en fonction a été chassé de son bureau pour permettre aux militants d'y tenir leur rassemblement.
Suite à ces incidents, les citoyens des différentes provinces interpellent le gouvernement et les autorités compétentes, leur demandant de suspendre toute activité perturbant les fonctions essentielles de la population. Ils insistent sur l'importance des activités commerciales, qui assurent la subsistance des familles, ainsi que celles des écoles et des structures sanitaires, qui sont cruciales pour le bon fonctionnement de la société.
Les protestations s’appuient sur l'article 11 du décret présidentiel du 09 mai 2025, qui réglemente la campagne électorale et stipule que toute forme de propagande électorale est interdite dans les enceintes des établissements scolaires et universitaires, publics et privés, ainsi que sur les lieux de travail, qu'ils soient publics ou privés, pendant les heures de service. Cet article vise à éviter que les rassemblements politiques ne perturbent les activités essentielles.
Les incidents rapportés dans ces différentes localités ont souligné un manquement à l'application de cette législation. Les citoyens et certains membres du CNDD-FDD appellent à une mise en œuvre stricte de l'article 11 pour garantir que les activités scolaires, commerciales et sanitaires ne soient pas perturbées par des activités de propagande électorale.
- L'Assemblée nationale 2020 : un échec face à la souffrance de la population
- Burundi : Le ministre de l’intérieur dénonce les violences et appelle au respect des règles en période électorale
- Suspension des activités à Ngozi : Les habitants contraints de participer à des propagandes du CNDD-FDD
- Rejet des mandataires de "Burundi Bwa Bose" dans la province Burunga : la coalition dénonce des blocages