Six ans après le lancement de la réforme éducative, l’évaluation faite montre que les objectifs escomptés ne sont pas encore atteints. Le manque de budget, la formation lacunaire des enseignants et le temps insuffisant pour élaborer les curricula sont les quelques-unes des contraintes relevées dans cette évaluation initiée par le gouvernement burundais.
Lancé depuis l’année scolaire 2013-2014, l’enseignement fondamental avait pour mission de permettre à l’ensemble des enfants burundais d’accéder à l’éducation et à une scolarisation plus longue leur permettant de disposer des capacités adéquates pour leur future participation au développement du pays. La logique étant que ceux qui terminent les 4 cycles du fondamental qui ne réussissent pas au concours leur autorisant à poursuivre les études dans le post- fondamental puissent initier leurs propres activités d’entreprenariat. Depuis lors, cet enseignement de base est donc passé de 6 à 9 ans.
Sur le point d’accès à l’éducation, les enquêtés à savoir les parents, les enfants, les enseignants, les responsables de l’éducation à différents niveaux et les partenaires du gouvernement parlent tous de l’augmentation des chiffres des enfants qui fréquentent l’école depuis le lancement surtout avec la politique de gratuité scolaire.
Toutefois, l’évaluation revient sur certains manquements. Certains des enquêtés estiment que le gouvernement a privilégié la quantité à la qualité. Le gouvernement a augmenté sensiblement les infrastructures mais ne les a pas équipées. Les enseignants n’ont pas aussi été recrutés au même rythme.
En conséquence, le ratio national de 52 élèves par enseignant est largement dépassé dans la majorité si pas toutes les localités du pays.
Malgré ce grand nombre d’enfants qui se font inscrire, les abandons persistent et en grand nombre. Le gouvernement s’était fixé qu’en 2020 94% des enfants inscrits termineront au moins la 6ème année. Cet objectif est encore loin d’être atteint. Les derniers chiffres montrent que seul 53% des enfants terminent les 3 premiers cycles du fondamental.
La cible en ce qui est du taux de redoublement n’est pas encore aussi atteinte. Projetant que le taux de redoublement sera seulement de 10% dans le post- fondamental général et pédagogique, les chiffres montrent qu’il dépasse toujours 15%. Et pour le post fondamental technique, la cible était de 8% en 2020 mais le taux de redoublement dépasse encore 12%.
Un autre fait entravant l’atteinte des objectifs en ce qui est de la qualité de l’enseignement est en rapport avec les capacités des enseignants en fonction. La formation initiale des enseignants est inadéquate aux programmes de l’enseignement fondamental et post fondamental, lit-on dans le rapport.
A cela s’ajoute la réorganisation des matières dispensées. Certains cours ont été regroupés et confiés à un seul enseignant à l’instar des cours de langue ; le français, le kirundi ; le swahili et l’anglais. Des enseignants qui ne disposent pas des capacités requises pour bien mener cette mission leur assignée et qui n’ont même pas de supports pédagogiques.
Selon cette enquête faite dans les 18 provinces du pays ; tous les enseignants des classes de la 1ère à la 6ème année n’ont pas de livres à l’exception du livre de français. Les livres des élèves sont également quasi-inexistants dans ces 3 premiers cycles de l’école fondamentale. 3 à 5 élèves partagent un livre alors que le but était que chaque élève ait son livre. La situation change dans le post-fondamental, les enseignants et élèves ont été dotés de livres et supports pédagogiques sauf dans la section technique, trouve-t-on dans cette évaluation.
Le problème d’insuffisance de budget est le handicap majeur. Depuis l’année scolaire 2014-2015 jusqu’à l’année scolaire 2018-2019, les prévisions budgétaires n’ont jamais été atteintes. C’est seulement au cours de l’année scolaire 2019-2020 que le budget initialement prévu pour l’éducation a été débloqué et même légèrement dépassée.
Cette évaluation conclut que les efforts consentis ne sont pas suffisants pour atteindre les objectifs visés par cette réforme éducative qui répond aux priorités internationales et nationales.