Au parking situé au chef-lieu de la province de Ngozi, un silence assourdissant accueille les passants ou d’éventuels passagers à la recherche de bus. De la rangée des bus allant vers Bujumbura jusqu’ à ceux desservant la province Muyinga, seuls 5 à 6 bus sont opérationnels.
Les autres bus sont à l’arrêt faute de carburant. « Les bus viennent de passer deux semaines garées aux stations. On leur a signifié qu’il n’y avait aucune goutte de carburant. Mais ils continuent à faire la queue comme ici chez Kalfan », raconte un témoin.
Pour leur survie et celle de leurs familles, la plupart de ces chauffeurs bravent la loi et vont s’approvisionner au marché noir à un prix exorbitant. « Un bidon de 20 litres s’achète à 47.200 francs à la station ; au marché noir, le même bidon revient à 100.000 francs donc 5.000 francs le litre. C’est pour cela que beaucoup de bus restent stationnés chez leurs propriétaires, d’autres dans les stations-services », indique un chauffeur de bus.
Les passagers sont également affectés par cette pénurie de carburant, puisque le ticket a été revu à la hausse. « Le trajet Bujumbura-Ngozi varie entre 10.000 et 12.000 francs. Par exemple, le ticket hier était à 12.000 francs, mais pour ceux qui prennent les voitures de modèle Probox, le prix est de 15.000 francs. Pour le trajet Bujumbura-Kayanza, le ticket est taxé à 10.000 francs. Quant au trajet Ngozi–Kirundo qui était de 1.500 à 2.000, il est passé à 8.000 francs », se plaint un habitant de Ngozi.
Pour éviter les querelles incessantes entre les passagers et les chauffeurs de bus, certaines compagnies de transport dont Volcano ont décidé de suspendre leurs activités jusqu’à ce que cette pénurie prenne fin. La compagnie Memento essaie de rester sur terrain. « Etant donné que leur siège se trouve en Tanzanie, il leur est facile de s’approvisionner en carburant chez le voisin et de continuer à travailler », explique une source.