APRODH: Le Ministre de la sécurité dresse un bilan en-deçà des réalités
L’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues APRODH dément les chiffres qu’avance le Ministre de la sécurité publique concernant les personnes tuées au cours de ce premier trimestre de l’an 2016. Alors que le Commissaire Alain Guillaume Bunyoni parle de 46 personnes tuées dans le pays, l’APRODH parle de plus de 110 victimes ; des assassinats commis en grande majorité par des membres des forces de sécurité de l’Etat.
Le Ministre de la sécurité publique a dressé le bilan trimestriel au niveau sécurité au cours d’une conférence de presse ce mardi. « Les terroristes ont lancé des grenades qui ont fait 46 morts » a déclaré Alain Guillaume Bunyoni. Il n’hésite donc pas à désigner les auteurs de ces attaques qu’il qualifie de « terroristes » ou encore de « petits groupes ».
Alors que le Ministre Bunyoni fait entendre que la sécurité est bonne dans le pays, l’organisation de la société civile APRODH qui milite pour les droits de l’homme dresse un tout autre bilan beaucoup plus lourd. Dans ses enquêtes, l’APRODH relève plus de 100 personnes tuées au 11 avril 2016.
« Les personnes dont nous sommes sûrs et que nous avons vu qui ont été assassinées entre le 1er janvier et le 31 mars sont au nombre de 104 ; et du 1er avril au 11 avril, on dénombre 11 personnes tuées. Au total, ils sont à 115 victimes », explique Pierre Claver Mbonimpa, Président de l’APRODH.
Pour démontrer que la question sécuritaire a été résolue au Burundi, le Ministre de la sécurité publique donne comme argument les malfaiteurs qui se sont rendus et qui « révèlent » les commanditaires ainsi que leurs objectifs. « Ces malfaiteurs disent qu’ils commettaient des crimes sous les ordres du Général Godefroid Niyombare et de 2 hommes politiques : Alexis Sinduhije et Hussein Radjabu et leurs objectifs étaient de salir leur pays et les institutions afin de renverser le pouvoir en place, tout cela en complicité de quelques pays et organisations internationales » a déclaré Bunyoni lors de sa conférence de presse.
Mais l’APRODH dément encore une fois les arguments du Ministre de la sécurité. Leurs enquêtes leur ont mené à des preuves qui démontrent la responsabilité des services de sécurité de l’Etat dans la majorité de ces cas d’assassinats. « On constate que les auteurs de plusieurs assassinats sont les agents du Service National des Renseignements et quelques policiers. Quelques victimes ont été tuées par les militaires et même les civils commettent de tels crimes » fait savoir Mbonimpa.
Le Président de l’APRODH considère qu’Alain Guillaume Bunyoni, Ministre de la sécurité publique, veut à tout prix cacher la fumée mais en vain : « le Ministre de la sécurité veut faire croire que personne n’a été tuée mais on ne peut pas cacher la fumée quand la maison est en feu. Alors, il se contente de dresser un petit bilan. Nous estimons que les 46 personnes tuées que ce Ministre avance est un signe, mais nous nous demandons pourquoi ces gens sont en train d’être tués? » déplore Pierre Claver Mbonimpa.
Le bilan du gouvernement des personnes blessées au cours des différentes attaques est aussi contredit par l’APRODH.
Dans cette conférence de presse, le Ministre Bunyoni a parlé de 115 blessés au cours de ces attaques en groupes ou des attaques concernant les individus ciblés dont les forces de l’ordre, tandis que l’APRODH dénombre 270 blessés d’après son rapport.
Leave a comment
Make sure you enter all the required information, indicated by an asterisk (*). HTML code is not allowed.