Six personnes retrouvées assassinées dans différentes localités
Six personnes ont été retrouvées assassinées mercredi et jeudi dans différentes localités du pays. Quatre des victimes ont été tuées dans la soirée de mercredi. Deux autres corps ligotés ont été retrouvés ce jeudi dans la rivière Rusizi.
La première victime est le président du conseil communal de Mutimbuzi en province Bujumbura, Phocas Bakaza qui était aussi un homme d’affaires. Selon des sources au quartier Kajaga où la victime vivait, Phocas Bakaza a été abattu mercredi soir juste devant son domicile. Les auteurs du crime n’ont pas été identifiés, bien que certains de ses proches indiquent que l’assassinat serait lié à ses positions politiques. Phocas Bakaza était depuis quelques mois en conflit avec le président du parti CNDD-FDD de Mutimbuzi, parti auquel la victime était aussi un militant très connu.
Une autre victime tuée dans la soirée de mercredi est Jean Baptiste, propriétaire d’un bar situé sur la 2ème avenue en zone Musaga à Bujumbura. C’est au même endroit qu’ont été arrêtés huit jeunes hommes il y a quelques jours, tous acheminés aux cachots du service national des renseignements mais qui auraient été exécutés depuis, selon certaines sources.
Dans la ville de Bujumbura le corps d’un homme non identifié a aussi été retrouvé ce jeudi matin en face de l’hôpital militaire de Kamenge. L’insécurité a aussi marqué certaines localités de l’intérieur du pays. Le corps d’un autre homme a été découvert ce jeudi au quartier Nyabututsi de la ville de Gitega plus précisément au lieu appelé Mwumba. La victime n’a pas été identifiée pour le moment.
Et à l’Ouest du pays, deux corps ligotés l’un à l’autre ont été découverts ce mercredi dans la commune Buganda, province Cibitoke. Selon des sources sur place, c’est un pêcheur qui a vu les corps flottant dans la rivière Rusizi. Il semble que les victimes aient été tuées depuis plusieurs jours à coups de couteaux et de machettes, selon nos sources qui rapportent l’état de décomposition avancé des corps.
Pour Vital Nshimirimana, délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile (RORSC), les corps découverts ici et là sont imputables au pouvoir. Cela démontre de la volonté du pouvoir de poursuivre les massacres de toutes les personnes soupçonnées de ne pas soutenir le 3ème mandat du président Nkurunziza, mais aussi une « tentative échouée » de vouloir démoraliser les opposants à ce mandat jugé de trop. « Ils veulent montrer aux opposants du 3ème mandat comment ils traitent ceux qui ne les soutiennent pas. Ils exhibent ainsi les corps des victimes tuées et amputées de leurs membres pour faire peur aux autres. Ainsi, ils pensent que quiconque voudra s’opposer à ce 3ème mandat aura peur et préférera se taire. Mais cela ne servira à rien car les Burundais refuseront de se laisser diriger par un sanguinaire » déclare Vital Nshimirimana.
L’opposant politique Léonce Ngendakumana indique pour sa part qu’il n’y a jamais eu d’accalmie au niveau de la sécurité, contrairement à ce que déclare le gouvernement. Selon le président du parti FRODEBU, le pouvoir a juste changé de stratégie en tentant de jeter loin des regards les corps des victimes assassinées. « Cela fait des jours que j’explique à plusieurs observateurs que contrairement à ce qu’ils croient, il n’y a pas d’accalmie au niveau sécuritaire. On voit toutes les personnes arrêtées par les services de sécurité, mais qu’on ne retrouve jamais dans les cachots. Elles sont assassinées et leurs corps jetés loin des regards. C’est le même plan qui se poursuit : des gens sont malmenés, menacés, torturés, emprisonnés, enlevés et continuent de fuir le pays. Et sachez que ce n’est pas seulement dans la ville de Bujumbura mais aussi à l’intérieur du pays » dénonce Léonce Ngendakumana.
La crise qui a débuté en avril 2015 avec l’annonce de la candidature du Président Pierre Nkurunziza pour un 3ème mandat a déjà fait plus de 450 personnes tuées selon l’ONU et 270.000 réfugiés. L’APRODH a recensé dans un rapport détaillé que les victimes dépassent les 690 personnes.
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