Tensions entre étudiants du Burundi : la crise remonte à 2013
L’élection des représentants des étudiants de l’Université du Burundi suscitent la brouille entre les étudiants. Ces élections ont mis en avant l’appartenance ethnique ainsi que politique des candidats. En plus de ces tensions, la qualité de l’enseignement ne fait que diminuer à causer de la mauvaise gestion de cette structure universitaire. Bien que les paralysies s’observent aujourd’hui avec la crise liée au 3ème mandat de Pierre Nkurunziza, la descente aux enfers de la qualité de l’enseignement a commencé depuis longtemps. Décryptage de la genèse de cette crise.
Tout commence le 23 octobre 2013. Les étudiants qui étaient opposés à l’exclusion d’un des candidats aux élections de leur représentation, en la personne d’Arsène Arakaza, ont bloqué ce jour-là le véhicule qui amenait les membres de la commission électorale au campus Mutanga. Les élections ont été ajournées bien que la police tenait à tout prix que les élections aient lieu.
Le président de la commission électorale à cette date avait déclaré : « les élections de nouveaux représentants des étudiants vont avoir lieu. Arsène Arakaza a été éliminé de ces élections depuis longtemps ». Mais les propos de ce président de la commission électorale seront contredits par son propre vice-président : « je pense que nous tous avons le droit de préparer ces élections et le candidat Arsène Arakaza a droit aussi de se faire élire ». Ces élections n’ont jamais eu lieu, jusqu’à présent en 2016.
Certains jeunes du parti au pouvoir revendiquaient leur appartenance à la ligue ‘’Imbonerakure’’, tandis que « les autres » qui n’étaient pas du parti de l’Aigle deviennent automatiquement « des rivaux à abattre ou des traitres ». Même au sein de ces Imbonerakure, deux camps se dégagent : celui qui se réclame de vrais Imbonerakure et l’autre qualifié de parasites.
Bien que la carte ethnique ait été utilisée à cette période, les plus de 13.000 étudiants de l’Université du Burundi ne sont pas tombés dans ce piège malgré la tension qui montait. « Vers 22 heures, ils se sont regroupés au terrain devant la salle dans laquelle nous regardions la télévision et ils ont fait leur réunion.
Après cette réunion, ils sont venus avec des pierres, des bâtons et des gourdins et ont poussé des cris en cognant sur toutes les portes des chambres. Toutes les affiches ont été déchirées et brulées. On n’a pas vu la police intervenir ni qui que ce soit ». Cette journée relatée par un étudiant est celle du 25 octobre 2013.
Anatole Nzinahora qui était le directeur de la Régie des Œuvres universitaires a affirmé le contraire à l’époque : « les étudiants ont appelé au secours et moi j’ai envoyé une équipe. Arrivé sur terrain, on n’a vu personne. Des gens qui faisaient la ronde nocturne, certains ont été identifiés ».
Le Rectorat voudrait avoir la mainmise sur la représentation des étudiants
Certains étudiants de l’Université du Burundi accusent ouvertement les autorités de cette institution d’essayer de les diviser et n’hésitent pas même d’utiliser la corde ethnique quand c’est nécessaire. Les autorités de l’UB voudraient que la représentation des étudiants soit acquise aux ordres du rectorat qui se permettra de donner des injonctions sans que les étudiants daignent contester.
Après la dissolution de l’ASSER (Association des Etudiants de Rumuri) considérée comme le noyau dur des étudiants, le rectorat a accepté la création de la Fraternité des Etudiants de Rumuri (FER) qui semble inexistante pour le moment car les autorités de l’UB veulent imposer leurs propres pions comme représentants des étudiants.
L’Université du Burundi n’a pas seulement cette cacophonie dans la représentation des étudiants. La gestion même de l’enseignement a fait objet de multiples contestations des étudiants.
Après moult réclamations de la valeur des diplômes du nouveau système BMD, les premiers à avoir évolués dans ce système viennent d’être chassés de tous les campus de l’UB sous prétexte que « ce n’est pas encore le moment de commencer le second cycle qui est le Master ». L’insuffisance des professeurs est un autre facteur qui paralyse les études dans l’unique université publique du pays. Ce que même le rectorat a reconnu en supprimant la première année de faculté de l’Anglais », pour la première fois dans l’histoire de l’UB.
L’Université du Burundi n’est pas encore bien préparée avec le nouveau système BMD.
La crise du 3ème mandat n’a fait qu’empirer la situation. Certains professeurs et étudiants sont morts, d’autres emprisonnés. D’autres ont préférés prendre le chemin de l’exil.
Ainsi, plus de 200 étudiants sont recensés dans le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda et d’autres sont éparpillés dans plusieurs pays limitrophes du Burundi. Ils ont oublié le chemin des auditoires. Ceux qui sont restés au pays se voient diviser chaque jour par les autorités de l’université qui mettent en avant les idéaux politiques et ethniques.
Ces querelles au niveau de l’Université du Burundi rendent difficile la qualité de l’enseignement universitaire et surtout que tout marche au ralenti avec les conséquences de la crise du troisième mandat de Nkurunziza, ce qui implique un avenir du pays incertain. Les étudiants qui grevaient pour un seul mois de retard de leur bourse, personne ne peut prédire leur comportement quand cette bourse sera tout simplement supprimée avec les bailleurs du Burundi qui se retirent chaque jour. Les enfants des pauvres qui sont majoritaires à l’Université du Burundi seront certainement les plus touchés, n’ayant pas les moyens de fréquenter les universités privées.
Ces universités privées seront-elles aussi touchées ?
L’Organisation Internationale de la Francophonie a suspendue toute coopération bilatérale avec le Burundi. Que deviendra les soutiens aux recherches que l’OIF apportait aux professeurs et étudiants burundais, alors que le gouvernement de Nkurunziza affirme que l’OIF ne donnait pas grandes choses au Burundi ?
La situation est explosive. Les autorités, les étudiants et les parents doivent s’atteler à trouver des solutions à temps sinon il sera trop tard.
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