Divergence sur la cause de la dégradation du secteur éducatif
Désaccords entre les hautes autorités politiques et scolaires du pays et les enseignants du fondamental et du post-fondamental sur les causes de la mauvaise qualité de l’enseignement au Burundi. Ils se jettent le tort les uns les autres quant à leur responsabilité de la dégradation de l’enseignement. Les enseignants proposent alors la tenue des états généraux dans l’objectif de lever ces mésententes.
La dégradation du niveau des élèves du fondamental et du post-fondamental est une évidence reconnue par tous les intervenants dans le secteur de l’éducation, notamment les décideurs politiques et scolaires ainsi que les enseignants. Ces divergences apparaissent lorsqu’il s’agit de déterminer les causes de cette de dégradation.
Les hautes politiques et scolaires veulent faire porter le chapeau aux enseignants en les accusant de manque d’assiduité au travail sous prétexte qu’ils sont mal rémunérés. Ces accusations se retrouvent aussi dans les discours du Chef d’Etat lors des descentes dans les provinces.
A travers ces discours, le numéro un burundais qualifie les enseignants qui font avancer de classe des élèves n’ayant pas un bagage intellectuel requis, de voleur du dénier public. Selon lui, ils perçoivent des salaires provenant des caisses de l’Etat alors qu’ils n’ont rien produit en contrepartie. Le Chef de l’Etat met alors en garde les enseignants qui ne parviennent pas à dispenser un enseignement de qualité, conformément au cahier de charge élaboré par le gouvernement, qu’ils doivent être sanctionnés. Une mise en garde colportée par les gouverneurs de provinces, les administrateurs communaux ainsi que les directeurs provinciaux et communaux de l’éducation qui menacent de limoger ces enseignants jugés défaillants.
Du coté des enseignants, ils se disculpent en disant qu’ils ne ménagent aucun effort pour améliorer la qualité des apprentissages, mais qu’ils se heurtent à plusieurs obstacles notamment les effectifs pléthoriques dans les classes, la charge horaire trop lourde, l’insuffisance des supports pédagogiques, le non recyclage pédagogique afin qu’ils s’adaptent au nouveau changement des programmes et la pédagogie, etc.
A titre illustratif, un enseignant du français dans la classe de première post-fondamentale, section des langues dans un lycée municipal de Bujumbura fait remarquer qu’il a à faire à plus de 150 élèves, alors que selon les normes de l’UNESCO, une classe doit avoir au plus un effectif de 45 élèves. Ce qui rend difficile le suivi de tous ces élèves.
De plus, plusieurs enseignants se lamentent qu’ils prestent 24 heures par semaine, alors que la charge horaire reconnue par le ministère de l’éducation nationale et de la recherche est de 18 heures. Ce qui fait que des fois ils tombent malades et s’absentent pendant plusieurs jours.
Pour lever ces divergences à propos des causes de dépréciation de la qualité de l’enseignement et trouver des solutions pour y remédier, les enseignants proposent la tenue des états généraux qui réuniraient tous les intervenants dans le domaine de l’éducation.