La situation s’est dégradée suite à la décision du Président Pierre NKURUNZIZA de briguer un troisième mandat en violation de la constitution. De nombreuses manifestations de la part de l’opposition et de la population furent organisées. Depuis, les tensions sont palpables entre le parti au pouvoir, le CNDD FDD, l’opposition et la société civile. Selon différents rapports, les violences qui en ont résulté auraient fait entre 500 et 2000 morts. Plus de 4000 burundais majoritairement contestataires ont été arrêtés arbitrairement. Des rapports des organisations de défenseurs des droits de l’homme font état de plusieurs filles et femmes violées et de disparitions forcées.
En dépit de la contestation par le Gouvernement des conclusions de différentes organisations internationales, un nouveau rapport publié par l’ONU en Septembre 2017 confirme que, même si les violences sot plus clandestines, elles se poursuivent néanmoins. Suite à une chasse à l’homme organisée par la jeunesse du parti au pouvoir, près de 410 mille burundais ont fui le pays. D’autres ont choisi d’être des réfugiés dans leur propre pays et ils sont autour de 200 mille, selon le rapport de l’IOM produit en Aout 2017.
Cette instabilité de la population ne va sans conséquences sur l’économie de la famille. Selon le bulletin d’information et d’alerte sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, Burundi numéro 1 : Décembre 2016-Janvier 2017, 50% de la population a été frappé par une situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique, certains au niveau modéré d’autres au niveau sévère, consécutivement à cette crise quoi que les aléas climatiques ont aggravé les choses, ce qui a rendu une grande partie de cette population très vulnérable aux maladies. Selon le rapport de l’organisation mondiale de la santé, OMS, rendu public le 27 Janvier 2017, plus de 7,8 millions cas de paludisme ont été enregistré et 3774 décès ont été recensés au cours de l’année 2016. De Janvier à mi Février de cette année, 106 personnes étaient déjà décédées à cause de la malaria, selon les statistiques du Ministère de la Santé publique. Mais malheureusement, cette situation trouve la majorité de la population dans l’incapacité de s’acheter ne serait-ce que du paracétamol.
Classé 3ème pays le plus pauvre du monde en 2014, le Burundi est devenu le dernier de la classe en 2015, avec un PIB de 315,2 dollars par habitant selon le FMI. Pour le budget 2017, le Ministère en charge du budget annonce que 70% du budget de cette nouvelle année proviendra des recettes internes, via les taxes revus à la hausse sur des produits de consommation courante. La crise politique a plongé le pays dans une position de fragilité économique qui s’est aggravée en 2016 par les suspensions des aides directes des principaux pays donateurs, une situation qui perdure toujours. Et, suite à cette suspension des aides financières directes de l’Union européenne en Mars 2017, le pays souffre d’un manque criant de devises et voit ainsi la valeur des produits importés augmenter.
Cette crise n’a pas épargnée les relations avec les autres pays. Le Burundi s’isole de plus en plus de la communauté internationale. La liberté de la presse est une autre victime du 3ème mandat. Elle n’a cessé de se dégrader depuis 2015, ce qui a conduit le pays à se retrouver dans les dernières places lors du classement mondial sur la liberté de la presse, édition 2017 publiée par Reporter Sans Frontières, RSF en sigle. Dans ce pays où toute voix discordante n’est tolérée, le risque de voir l’opposition se rabattre à l’utilisation de la force, par les armes, est grand. Aujourd’hui, un bon nombre de formations ont déjà déclaré vouloir faire la guerre au pouvoir NKURUNZIZA.