Selon des témoignages recueillis à Mashitsi, un certain nombre d'imbonerakure sont arrivés dans la localité en provenance de différentes provinces. Ils sont logés chez un cadre du parti CNDD-FDD vivant dans cette même colline. Le soir, ils portent des tenues militaires, expliquent nos sources.
« On voit des imbonerakure qui campent. Ils viennent de différentes provinces comme Karuzi, Kirundo, Cankuzo. Peut-être qu'ils sont ici pour commencer les entrainements paramilitaires, car le soir ils mettent leurs tenues militaires », témoigne un habitant.
Ces imbonerakure se seraient installés à Mashitsi pour contrôler les autres collines. Ils recensent toute personne qui ne milite pas pour leur parti CNDD-FDD et intimident la population dans les bistrots, obligeant les clients à rentrer aussitôt. Quiconque n'ose pas se soumettre à leurs ordres est mis à tabac, expliquent encore nos sources.
« Ce regroupent d'imbonerakure a été planifié et exécuté par le secrétaire général du parti CNDD-FDD lui-même. Il est natif de cette même zone de Giheta », accusent certains habitants, ajoutant qu’Evariste Ndayishimiye était de passage il y a deux semaines sur place.
Les habitants demandent que leur sécurité soit assurée, car ce n'est pas la première fois qu'elle est malmenée par la milice Imbonerakure. La porte-parole du parti au pouvoir, Nancy Ninette Mutoni, nie cependant ces allégations.
La société civile craint un massacre collectif
Selon le délégué général du FORSC, la milice imbonerakure risque de passer à un massacre collectif de la population et les autorités du pays qui entretiennent ces imbonerakure ne seront pas épargnées. Vital Nshimirimana interpelle à nouveau la communauté internationale à agir hâtivement pour mettre un terme aux activités de cette milice.
« Les activités, agissements et entrainements paramilitaires de ces imbonerakure montrent que la situation va s'empirer aussi longtemps que le régime de facto est toujours en place. D'ailleurs, cette milice s'adonne librement au viol des femmes et filles, aux persécutions et tortures et aux exécutions extra-judiciaires. Le pire est à craindre car ces imbonerakure risquent de passer au massacre à une grande échelle. J'interpelle la communauté internationale, que j'espère être au courant de la situation au Burundi, et ainsi réagir car le Burundi à lui seul ne le pourra pas surtout que les institutions en place sont celles qui financent et soutiennent cette milice imbonerakure », lance le délégué général du FORSC.
Maître Lambert Nigarura, Avocat spécialisé en Droit Pénal International et membre du Barreau pénal international, rappelle que le viol contre les filles et femmes prôné par cette milice imbonerakure, à travers une vidéo diffusée récemment, est reconnu comme un crime contre l'humanité.
« Les paroles qui attisent la haine, les propos divisionnistes et les chansons qui interpellent les imbonerakure à violer les femmes de l'opposition ainsi que les entrainements paramilitaires sont des faits qui montrent que la ligne rouge a été franchie. Surtout pour le cas du viol qui est considéré comme un des éléments constitutifs de crime contre l'humanité par la Cour Pénale Internationale. Là je cite le statut de Rome de la CPI qui prévoit que le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution et la stérilisation forcés sont considérés comme crimes contre l'humanité. La CPI intervient lorsque la justice interne ne peut plus gérer la situation. Que ce soit ces imbonerakure et ces institutions qui encouragent ces actes, ils devront répondre de leurs actes », ajoute l’Avocat engagé dans la défense des droits de l’homme.