Welcome to RPA   Click to listen highlighted text! Welcome to RPA Powered By GSpeech

Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Les travailleurs domestiques forcés d'adhérer à une association

juin 02, 2016 0 2300
Rate this item
(0 votes)

Le 30 mai 2016 était la butoir pour que tout travailleur domestique ait payé 8.500 francs pour avoir une carte l’identifiant comme travailleur domestique. Celui qui ne s'exécute pas sera considéré comme délinquant et des amendes lui seront infligées. Cette décision a été imposée par le chef de zone Ngagara en mairie de Bujumbura. Les travailleurs domestiques et leurs employeurs parlent de vol pur et simple. 

 

C'est lors d’une fouille perquisition du 16 au 21 mai qui s'est déroulée au quartier 3 de la zone Ngagara que les travailleurs domestiques de cette localité ont été informés qu'ils doivent adhérer à une association et que cela est une nouvelle mesure de l'administration. « La police a d'abord ceinturé le quartier 3 tout près de la paroisse Ngagara, elle a arrêté tout domestique qui n'a pas la carte », indique un employeur dont le domestique a été arrêté.

 

Après arrestations de plusieurs domestiques, leurs patrons devaient payer 10.000 francs pour faire libérer leurs employés. Un délai d'une semaine a été accordéà chaque travailleur pour se procurer cette carte d'adhésion à une association des travailleurs domestiques. Mais les personnes arrêtées lors de ces rafles n’ont pas eu de délai supplémentaire : « pour qu'il soit libéré, on devait payer 10.000 francs ; c'est-à-dire 8.500 francs pour l’achat de la carte et 1.500 francs comme amende » poursuit cet employé.

 

Après une autre rafle qui s'est déroulée au quartier 3 sur le boulevard Buconyori, tout domestique garçon et fille qui n'avait pas la fameuse carte était arrêté, sauf celui qui corrompait les policiers avec pas moins de 15.000 francs, ajoute l'employeur qui a requis l'anonymat. Ce dernier indique qu'après cette rafle, la plupart des travailleurs domestiques sont en train de chercher à s'acquitter de cette somme par peur d'être arrêté de nouveau.

 

Du côté des travailleurs domestiques, ils estiment que c'est du vol pur et simple de leur maigre salaire : « Je trouve cette nouvelle imposition injuste,incompréhensible car notre salaire est trop bas comme celui d'un vendeur d'arachides ou d'un veilleur. C'est ce maigre salaire qui nous fait vivre et voilà qu'il nous est retiré. Si on était solidaire, on allait refuser cette mesure imposée sans consentement », se plaint un travailleur domestique.

 

Ces domestiques demandent en outre à leurs employeurs de tout faire pour plaider leurs causes car les domestiques peuvent difficilement s'opposer au chef de zone.

 

Les employeurs de leur côté demandent aux élus de la mairie de Bujumbura de leur expliquer les tenants et les aboutissants de cette nouvelle carte : « beaucoup sont convaincus que cet argent va payer les policiers et les jeunes ‘imbonerakure’ du CNDD-FDD, c'est pourquoi des séances de sensibilisation sont nécessaires », indique un chef deménage. Il ajoute avoir entendu de la bouche du chef de zone Ngagara que les habitants de cette zone sont « très compliqués » et que par conséquent « ils doivent payer par force cette taxe ».

 

Que vont devenir les personnes qui perçoivent par exemple 10.000 francs de salaire mensuel, s’interroge encore ce chef de ménage. « Nous trouvons que c'est du vol et qu'ils veulent détourner cet argent pour payer les jeunes ‘imbonerakure’ »affirme à nouveau un autre chef de ménage de la zone Ngagara.

 

En plus des travailleurs domestiques, les propriétaires de véhicules de transport sont aussi priés d'acheter une carte d'adhésion d'une association en plus des documents exigés. « Des amendes sont prévues pour les récalcitrants » ont mis en garde les autorités administratives de Bujumbura.

 

Cela est une entorse de la loi, estiment des juristes car personne ne peut adhérer de force à une association. Ainsi Maître Armel Niyongerevoit dans cette nouvelle imposition une violation flagrante des droits de l'homme. « La loiburundaise de 1992 règlementant les associations privées montre clairement leur organisation et la façon dont on y adhère », explique Maître Armel Niyongere. L'adhésion est libre et non imposée, de même que son retrait volontaire comme le montre cette loi. La mise en place des organes est aussi claire, ajoute Maître Niyongere. Ce dernier trouve que cette nouvelle façon de contraindre les gens à adhérer à une association par force est une violation de la loi et de la Constitution burundaise en son article 32 où la liberté de réunion, l'adhésion libre ou non à une association indépendante sont consacrées.

 

L'article 19 de la Constitution burundaise, explique encore Maître Armel Niyongere en se référant aux textes, stipule que tout accord ou convention en rapport avec les libertés publiques que le Burundi a ratifié entre en vigueur dans la règlementation burundaise.

Leave a comment

Make sure you enter all the required information, indicated by an asterisk (*). HTML code is not allowed.

Faire un don

Nos journaux parlés

Qui est en ligne?

Nous avons 239 invités et aucun membre en ligne

Click to listen highlighted text! Powered By GSpeech