Massacres de décembre 2015 : Plus de 300 victimes qui n’ont toujours pas obtenus justice
décembre 13, 2016
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Une année vient de s’écouler après les massacres des populations des quartiers dits contestataires du troisième du Président Pierre Nkurunziza. En date du 11 et 12 décembre 2015, les habitants de ces quartiers ont été terrifiés par des cadavres qui jonchaient les rues, caniveaux et parcelles. Une attaque de quatre camps militaires à Bujumbura et Mujejuru avait précédé ces tueries perpétrées par les corps de défense et de sécurité.
Tout commence dans la matinée du 11 décembre 2015 avec l’attaque de plusieurs camps militaires de la première région. Selon un militaire du camp Ngagara au nord de Bujumbura, un des camps ciblé par l’attaque, les premiers tirs leur ont fait penser que l’attaque visait un autra camp de la police situé à quelques mètres.
« C’était vers 3H30 du matin. Nous avons été réveillés par des coups de feu, mais la plupart pensaient que les bandes armées attaquaient les policiers. Nous nous avons appris que ces groupes armés ont attaqué le camp via le quartier 1,* à l’endroit communément appelé Ku Nka ; et d’autres sont passés par l’entrée sur la route goudronnée communément appelée Kwa Commune », témoigne le militaire.
Les camps militaires visés par cette attaque sont le Camp Ngagara, la brigade logistique, l’institut supérieur des cadres militaires (ISCAM) et la 120ème brigade de Mujejuru située à une trentaine de kilomètres de Bujumbura.
Après ces attaques, la Brigade spéciale pour la protection des institutions, la police d’appui aux institutions, les jeunes ‘’Imbonerakure’’ du parti au pouvoir CNDD-FDD envahissent les quartiers dits contestataires pour une répression aveugle.
« Les coups de feu retentissent actuellement coté rivière Ntahangwa, l’opération est menée par les militaires de la BSPI et les policiers de l’API », avait témoigné à l’époque un habitant durant l’opération de répression.
Grâce aux radios de transmission de la police et de l’armée, les jeunes des quartiers Nyakabiga, Jabe et Musaga étaient chassés comme des gibiers alors que les quartiers sont barricadés pour empêcher toute fuite.
Des cadavres jonchent les rues
Au lendemain de ces deux jours de « chasse », une découverte macabre attend les survivants de ces quartiers ainsi que les habitants de Bujumbura qui osent sortir de leurs maisons pour s’enquérir de la situation. Des cadavres jonchent les rues de ces quartiers : « nous avons peur, c’est la panique ici. Nous n’arrivons pas à récupérer les corps qui jonchent les rues et risquent de se décomposer », nous a rapporté un habitant de l’un des quartiers ciblé.
Parmi les victimes de cette campagne de répression, plusieurs dizaines d’entre elles ont été enterrées dans des fosses communes.
Les tueries similaires ont eu lieu dans les environs du camp de Mujejuru, également ciblé par une attaque. Plusieurs sources indiquent que c’est le Major Marius Gahomera en personne, commandant du 221ème bataillon, qui est allé exfiltrer des cachots de la police à Ijenda sept personnes suspectées d’avoir participé à l’attaque. « Il les a tué à bout portant dans la localité de Kanyunya, Commune Mukike en Province Bujumbura », expliquent des témoins.
Le parquet a enquêté et conclut à des exécutions extrajudiciaires à Mukike ce jour-là. Cependant, le Major Gahomera n’a jamais été inquiété et jouit toujours d’une liberté.
En cette journée meurtrière, la famille du sous-Lieutenant Hermès Nduwingoma, étudiant de l’ISCAM, se souvient qu’il a été tué à bout portant. Alors qu’il tentait de trouver un hôpital pour le soigner de ses blessures après l’attaque contre l’ISCAM, il a été livré à la police militaire dirigée par le Colonel Alfred Mayuyu par le Commandant ISCAM le Colonel Grégoire Ndorarigonya.
Le nombre des victimes des 11 et 12 décembre 2016 dépasserait les 300 personnes, selon plusieurs témoins. La justice burundaise est restée silencieuse face aux crimes commis par les agents des forces de sécurité.
Le pouvoir de Bujumbura n’a eu de cesse de remercier pour sa part ces mêmes agents zélés dans la répression. Certains ont été promus à des grades supérieurs, d’autres envoyés dans les missions de maintien de la paix de l’ONU ou de l’Union Africaine.
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