Le sous-Lieutenant Hermès Nduwingoma a été blessé lors de l’attaque de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM) le 11 décembre 2015 par un groupe non identifié qui a également attaqué 3 autres camps militaires de Bujumbura et Mujejuru. Selon des sources concordantes, le candidat officier avait été intercepté par un véhicule de la police alors qu’il se rendait à l’hôpital. Son corps sera retrouvé à Nyakabiga parmi de nombreuses autres victimes des massacres qui ont suivi les attaques des camps.
La famille du sous-Lieutenant Nduwingoma a donc été autorisée à enterrer leur fils ce 31 décembre 2015, une dizaine de jours après l’exécution de ce dernier. Elle avait déjà tenté d’enterrer le jeune homme en date du 24 décembre 2015, mais un ordre de l’état-major de l’armée leur avait empêché de poursuivre les cérémonies.
Depuis la morgue jusqu’au cimetière de Mpanda, pleurs et désolation se lisaient sur les visages des membres de la famille, des camarades candidats officiers promotionnels de Nduwingoma et d’autres proches. Devant la tombe du sous-Lieutenant Nduwingoma, le représentant de la famille a déclaré que leur fils est mort dans des circonstances exceptionnelles : « Hermès est mort en tentant de demander de l’aide, sans succès. C’était un homme courageux. Comme on l’a annoncé dans les communiqués, la mort d’Hermès est exceptionnelle car il é été assassiné ».
Le représentant de la famille de Nduwingoma a aussi déclaré que cette mort est très difficile à expliquer : « a-t-il été tué parce qu’il était militaire ? S’il a été tué parce qu’il était militaire, ses tueurs violé les lois militaires car ce jour-là il était en civil et n’avait aucune arme. On peut aussi se demander s’il a été victime de son ethnie tutsi ? Si c’est le cas, sachez que Dieu ne permettra pas leur extermination ». La famille demande avec insistance que personne ne cherche à se venger et des enquêtes claires sur la mort du sous-Lieutenant Nduwingoma.
Le représentant de l’ISCAM où le sous-Lieutenant Nduwingoma étudiait a parlé d’un homme courageux et d’une perte car le défunt poursuivait des études de médecine. Il a toutefois annoncé que la famille sera informé de l’issue des enquêtes : « la mort du sous-Lieutenant Nduwingoma nous a tous touché. Au niveau de l’ISCAM et même de l’Etat-Major de l’armée les enquêtes sur sa mort ont commencé. Nous espérons que le rapport de l’enquête sera bientôt achevé et que la famille en soit informé ».
Cette déclaration faite devant la tombe du sous-Lieutenant Nduwingoma n’a toutefois pas rassurée les proches de la victime présentes à l’enterrement. Certains nous ont confié leur scepticisme quant à ces enquêtes du fait des déclarations du Président de la République la veille lors de son émission publique radiodiffusée : « le Président Nkurunziza a déclaré lui-même que ses services de sécurité avaient bien tué les personnes retrouvées les 11 et 12 décembre dans les quartiers. Il a dit que Dieu l’a aidé du fait que toutes ces personnes se trouvaient dans un même endroit. N’est-ce pas là une réponse du responsable de la mort de notre fils ? » s’interrogeaient des proches.
Le sous-Lieutenant Hermès Nduwingoma a été tué à l’âge de 26 ans ; il était natif de la colline Gashiha, commune Bisoro en province Mwaro. Des camarades candidats officiers de l’ISCAM étaient venus nombreux pour lui rendre les honneurs.
