Le Conseil des Ministres a adopté ce mardi 24 Octobre au cours d’une réunion extraordinaire, un projet de révision de la constitution qui devrait remanier de fond ce texte fondamental et permettre au Président Nkurunziza, une fois adopté par le référendum, de briguer un quatrième mandat en 2020. L’article 96 qui limitait à un quinquennat de mandat présidentiel va sauter.
Ce projet de constitution prévoit que le Président sera élu pour 7 ans renouvelable. Ce qui permettrait au Président Pierre Nkurunziza de se présenter en 2020 et de se maintenir au pouvoir jusqu’ en 2034.
Toute référence à l’accord de paix d’Arusha a été rayée car il y est interdit au Président de la République de diriger le Burundi plus de 10 ans. Pierre Nkurunziza pourrait même se présenter théoriquement en 2041, le pouvoir se garde bien de toucher aux équilibres ethniques contenues dans la constitution actuelle qui existent au sein de l’armée et de la police.
Philippe Nzobonariba, Secrétaire Général du Gouvernement explique le régime politique proposé par ce projet, : ‘’Il est proposé un régime semi-présidentiel et semi-parlementaire. Ses principales caractéristiques étant : Le Chef de l’Etat est élu au suffrage universel direct avec des prérogatives propres qui ne peuvent être déchues qu’en cas de haute trahison. Avec un premier Ministre, Chef de Gouvernement et le Responsable devant le Parlement issu de la majorité parlementaire. Le Président sera assisté d’un vice-président qui n’est pas de son ethnie et de son parti politique. »
Le Secrétaire Général du Gouvernement fait savoir également que ce texte fondamental sera modifié en profondeur : ‘’77 articles ont été proposé à la modification, 9 nouveaux articles à créer et 3 autres articles à être effacé. Apres l’analyse de ce rapport, le Conseil a donné son accord pour qu’un projet de constitution amendé soit élaboré après avoir enrichi ou amender certaines propositions.’’
Le projet de révision de la constitution prévoit que les lois simples seraient désormais adoptées à la majorité absolue au Parlement alors qu’il fallait jusqu’ici les 2/3 des voix, une disposition qui ne facilitait pas la tâche au parti au pouvoir, qui devrait négocier avec ses adversaires.
Cette révision de la Constitution du Burundi prouve à suffisance la peur et l’inquiétude qu’éprouvent le Président Pierre Nkurunziza de ne pas êtreréélu par la population. Analyse faite par Fréderic Bamvunginyumvira, président du parti Sahwanya Frodebu.
‘’Il constate que demain, il peut être contraint à organiser des élections convenablement, il peut ne pas avoir la majorité lui permettant de voter les lois qu’il veut imposer au peuple burundais, il y a également le refus de l’alternance, parce que Pierre Nkurunziza veut rester au pouvoir. C’est une dictature militaire qui vient se réinstaller.’’
Le président du parti Sahwanya Frodebu interpelle la conscience des burundais et la Communauté internationale de ne pas dire qu’ils n’ont pas su ce qui se préparait au Burundi et demande à ce que tout le monde soit unanime pour refuser l’installation de la dictature imposée par le Président Nkurunziza.
Jusqu’à présent, aucune date n’a été fixée pour le référendum constitutionnel mais, selon nos sources, le pouvoir de Bujumbura prévoit ce référendum constitutionnel au mois de Février 2018.