L’union Européenne décide de ne plus reverser les fonds de l’AMISOM à Bujumbura
3024
Selon un article paru ce mardi 29 mars 2016 sur le site de l’agence de presse Reuters, l’Union Européenne, en supprimant l’enveloppe du gouvernement burundais pour ses militaires en mission de maintien de la paix en Somalie, pense pouvoir amener le Président Nkurunziza à négocier avec ses opposants et éviter que le Burundi ne se retrouve une fois de plus dans une guerre ethnique.
Avec un total de 5.400 soldats à l’AMISOM, le gouvernement burundais percevait 13 millions de dollars par an, les soldats empochant à leur tour 52 millions de dollars au total par an. Pour chaque militaire envoyé en mission de maintien de la paix en Somalie au sein de l’AMISOM, le pays contributeur reçoit 1.000 dollars le mois et pour le cas du Burundi le gouvernement retient 200 dollars alors que les 800 restant constituent le salaire du militaire; une somme de très loin supérieure au maigre salaire des militaires au pays.
Une fois que l’Union Européenne exécuterait son intention de réduire son financement aux militaires burundais de l’ AMISOM, cela risque de tomber comme un coup de poignard au gouvernement burundais qui profite de l’argent provenant des missions de maintien de la paix pour garder plus ou moins le contrôle de son armée fragilisée depuis la crise provoquée par la décision du Président Nkurunziza de briguer un 3ème mandat jugé illégal par nombreux burundais et qui a provoqué des scissions jusqu’au sein même de l’armée, scission amplifiée après la tentative de coup d’Etat de mai 2015.
Selon l’agence britannique de presse, un des diplomates de l’Union Européenne leur a confié que cette institution avait pensé jusqu’à couper la totalité de son financement au contingent burundais de l’AMISOM; ce qui aurait demandé à l’Union Africaine qui compte 22.000 soldats de l’AMISOM de se chercher d’autres bailleurs pour l’aider à payer les salaires des soldats burundais en Somalie.
Un exercice pas facile pour l’Union Africaine déjà sous pression après que la même Union Européenne ait réduit son enveloppe global à l’AMISOM, demandant à ce que d’autres pays et organisations de l’occident contribuent. Un autre diplomate européen cité toujours par Reuters pense que couper totalement l’appui financier au contingent burundais ne s’appliquerait pas pour l’instant, mais que « cet argent ne transitera plus dans les caisses du gouvernement burundais » et que les 20% que ce dernier gardait pour lui équivalant à 13 millions de dollars par an ne seront plus versés au gouvernement : « Il est hors de question que nous continuions à payer cet argent », a martelé le diplomate en ajoutant que des consultations avec l’Union Africaine sont déjà en cours pour étudier comment l’argent alloué au contingent burundais de l’AMISOM ne transite plus par Bujumbura.
Il s’agit de la deuxième phase de sanctions de l’UE vis-à-vis de Bujumbura. Il y a quelques jours, l’Union Européenne avait déjà décidé la suspension de son appui budgétaire direct de 432 millions d’euros soit 20% du budget du gouvernement.
Les fonds de l’AMISOM régulièrement détournés
Cette ‘’manne’’ de l’AMISOM suscite depuis des années de nombreuses interrogations quant à l’usage réel des fonds perçus. Ainsi, le gouvernement Nkurunziza a longtemps reconnu percevoir entre 29 et 26 milliards de francs burundais par an comme fonds de l’AMISOM qui transitaient par la Banque centrale. Mais depuis un peu plus de 3 ans, seuls 3 milliards sont mentionnés dans le budget de l’Etat.
Interrogé un jour sur cet énorme écart d’une année à l’autre par un député à l’Assemblée Nationale, le Ministre des Finances Tabu Abdallah Manirakiza avait répondu sans trop convaincre que seuls 3 milliards de francs en réalité parviennent à la BRB chaque année.
Une enquête RPA avait révélé par ailleurs que ces mêmes fonds de l’AMISOM sont détournés, notamment avec l’affaire de l’avion présidentiel soi-disant acheté avec cet argent, un avion qui n’est jamais arrivé à Bujumbura.
En fin de cause, ce devrait être les militaires Burundais de l’AMISOM qui pourraient se réjouir de toucher directement leurs salaires sans qu’il transite par la Banque Centrale, car ils se plaignent depuis des mois de n’avoir pas été payés régulièrement à l’instar de leurs camarades d’autres contingents.
Leave a comment
Make sure you enter all the required information, indicated by an asterisk (*). HTML code is not allowed.