Ce mercredi 23 septembre, un autre groupe de Burundais vient de débarquer. La plupart sont des jeunes. Ils viennent des Communes NYANZA-LAC, KIBAGO et MABANDA de la province MAKAMBA. Ces gens affirment qu’ils avaient résisté de leur mieux pour rester au pays mais qu’ils n’en peuvent plus. « Nous subissons des menaces de la part des Imbonerakure » affirme un jeune homme venu de la commune KIBAGO.
Un autre jeune qui dit venir de la localité de GASABA en zone KABONGA de la commune NYANZA-LAC déclare que « des fois des coups de feu se font entendre dans la localité pendant la nuit sans savoir d’où proviennent ces tirs » témoigne-t-il. Plus d’un, selon ce jeune, pense qu’il s’agirait des Imbonerakure du parti au pouvoir qui s’entrainent. Ce jeune qui vient de décrocher un diplôme des humanités générales déclare qu’il rejoint ses parents qui eux avaient fuient depuis mai dernier.
A peine un groupe d’une cinquantaine de réfugiés avait quitté MANYOVU à bord d’un bus de la compagnie ‘’SARATOGA LINE’’ qu’un autre flot de réfugiés est accueillie dans le camp de transit.
La plupart des Burundais qui se réfugient vers la Tanzanie entrent par KAGUNGA frontalier avec la zone KABONGA de la commune NYAZA-LAC au bord du Lac Tanganyika et par MANYOVU frontalier avec la localité de MUGINA de la commune MABANDA.
Un document du Ministère de l’Intérieur tanzanien daté du 8 septembre 2015 montre que le nombre de réfugiés Burundais enregistrés dans le camp de NYALUGUSU s’élevait à 91,661. Selon ce même document, ce camp accueille en moyenne 200 réfugiés Burundais par jour.
Nyanza Lac se vide de sa population
Nous sommes remontés sur place dans certaines localités des zones comme MUYANGE, NYABIGINA et KABONGA d’où proviennent une partie de ces réfugiés qui fuient MAKAMBA. On ne peut entendre que des chants d’oiseaux et d’autres animaux sauvages. L’homme a peur de l’homme. On croise un homme et chacun a peur de l’autre. Chacun s’interroge sur qui est l’autre. « Ne va-t-il pas me faire du mal ? » se demande chaque personne qui croise un autre habitant des lieux.
Certains fuient même à la vue d’un inconnu. Plusieurs maisons sont fermées. Certaines sont même dépouillées de leurs toitures. Les propriétaires, expliquent les rares gens rencontrés sur place, ont fui vers la Tanzanie « et il y en a qui seraient allés jusqu’au Zimbambwe » précisent-ils. S’ils ont enlevé les tôles de leurs maisons, raconte un jeune élève du lycée communal de Kabonga et habitant de la localité de GASABA au nord–ouest de la zone KABONGA, « c’est pour se procurer l’argent pour le ticket de transport vers le pays de refuge et aussi avoir de l’argent qui pourra assurer leur survie pendant le chemin de l’exil et une fois installés dans le pays d’accueil ».
La survie, une équation très compliquée pour les élèves qui sont restés seuls à la maison.
Si certains élèves sont partis avec leurs parents, d’autres et surtout ceux du cycle supérieur ont choisi de rester à la maison. Ils y sont seuls et espèrent aller jusqu’au bout de leurs études. D’une part ils doivent étudier, d’autre part ils doivent s’arranger pour chercher de l’argent et enfin se préparer de la nourriture. Pour la plupart, leurs parents n’ont rien laissé derrière. Ils ont vendu jusqu’à la dernière récolte. « A cela s’ajoute une insécurité causée par de rumeurs parce qu’il n’y a plus de radio pour informer ou alors des coups de feu qui se font entendre quelques fois pendant la nuit » témoignent ces jeunes élèves. « La survie est une équation très compliquée pour les élèves qui ont préféré rester seuls à la maison ‘ » dira un élève finaliste au lycée communal Kabonga.
Une partie de la population des zones MUYANGE, NYABIGINA et KABONGA en commune NYANZA-LAC a commencé à fuir le pays vers septembre 2014. Cette population disait craindre pour sa sécurité vu les activités attribuées aux jeunes du parti au pouvoir et qui selon cette population n’étaient pas de nature à tranquilliser. Prudence KABURA administrateur communal de NYANZA-LAC et Gilbert NDUWAYO Gouverneur de MAKAMBA à l’époque avaient qualifiés de vauriens, d’escrocs ou alors de Congolais tous ces gens qui avaient anticipé et fuis le pays à cause des signes qualifiés d’insécurité qui se présentaient déjà de long mois avant que le Président NKURUNZIZA ne soit proclamé candidat du CNDD-FDD pour briguer un 3ème mandat.