Mais avant qu’il sème la terreur dans les rangs de l’opposition, Adolphe Nshimirimana avait occupé le poste de Chef d’Etat-major adjoint de l’armée dès le retour du CNDD-FDD en 2003 après l’Accord de cessez-le-feu de Dar-Es-Salaam entre le Gouvernement du Burundi et le CNDD-FDD intégré dans les institutions et les forces de défense et de sécurité. Sa réputation d’homme à poigne s’est établie quand il a été nommé au poste de Chef des Renseignements burundais. Parmi ses actes les plus retentissants se trouve l’exclusion et l’emprisonnement d’Hussein Radjabu connu pour être l’homme fort du système CNDD-FDD comme Président de ce parti.
Chef de file du cercle des généraux
Outre la mise à l’écart d’Hussein Radjabu, la bête noire, du cercle des généraux qui ne le portaient pas en haute estime, dont Adolphe Nshimirimana était le chef de file, lequel cercle aurait tenu en otage le régime du CNDD-FDD accusé à raison de nombreux crimes d’Etat.
Sur le plan journalistique, pour parler des plus récents, Adolphe Nshimirimana, selon les investigations de la Radio Publique Africaine et qui avaient conduit son Directeur en prison début 2015, se trouvait être l’instigateur de l’assassinat des trois sœurs italiennes de la paroisse Guido Maria Conforti de Kamenge. Celles-ci détenaient des informations sensibles sur la présence des milices burundaises qui suivaient des entrainements militaires en République Démocratiques du Congo. Ces sœurs étaient sur le point de dévoiler la collusion entre le patron des renseignements et certains milieux missionnaires dans le trafic des médicaments et des pierres précieuses au profit du Général Adolphe Nshimirimana.
La société civile et la presse burundaise avaient dénoncé tout au long de l’année 2014, la présence des milices burundaises en entrainements paramilitaires en République Démocratique du Congo sous l’encadrement de hauts gradés militaires et de policiers burundais dont Adolphe Nshimirimana cité en haut de la tête d’affiche. Le mobile de ces entrainements paramilitaires était de former une milice susceptible de neutraliser toute force apte à empêcher la reconduite du troisième mandat présidentiel de Pierre NKURUNZIZA.
Le nom de l’ancien patron du service des renseignements est revenu en 2011 quand ces derniers ont organisé un carnage à Gatumba, une zone frontalière de la République Démocratique du Congo. Ce bain de sang devrait être mis sur le dos de certains ténors de l’opposition dont Alexis SINDUHIJE le Président du MSD.
Une année auparavant, en 2010, une enquête de la FBI, la police fédérale américaine, qui recoupait celle d’autres commissions, accusait le Général Adolphe Nshimirimana de l’assassinat de l’activiste de la société civile burundaise Ernest MANIRUMVA vice-président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques, OLUCOME. Ce défenseur des droits humains diligentait une investigation sur le troc d’armes et de médicaments contre des pierres précieuses entre le Général Adolphe Nshimirimana et les Forces de Libération du Rwanda, FDLR. Le Général Adolphe Nshimirimana fournissait des armes et des médicaments dont nous avions fait allusion à propos des trois sœurs italiennes, contre les pierres précieuses des FDLR. L’autre crime d’Etat dans lequel Adolphe Nshimirimana est cité, c’est celui de l’assassinat de Brown NDARISHIKANYE, un échangeur de devises tué en 2006. Celui-ci aurait été éliminé pour faire disparaitre les traces du blanchiment d’argent de la transaction de vente de l’avion présidentiel Falcon 50. Brown Ndarishikanye avait échangé des Francs Burundais contre les millions de dollars issus de la vente du jet présidentiel en 2006. A cet égard, Brown Ndarishikanye était considéré par les officines du pouvoir comme un témoin gênant de l’échange d’une somme colossale.
Un être sordide, coupable de nombreux meurtres.
Parmi ce parmarès peu reluisant, Adolphe Nshimirimana est accusé d’être parmi les initiateurs du lancer de cadavres dans les rivières. Les premières victimes de ces crimes d’Etat sont à chercher parmi les membres des Forces Nationales de Libération, FNL, découverts dans la rivière Ruvubu en 2005. Pour corser le tout, récemment, Adolphe Nshimirimana était pointé du doigt pour avoir commandité le meurtre des habitants du Quartier Mutakura en Mairie de Bujumbura, pour participation aux manifestations contre le troisième mandat du chef de l’Etat.
Malgré son caractère de bon vivant amateur de la sainte mousse et de femmes, Adolphe Nshimirimana apparait plutôt comme un être sordide coupable de la disparition de nombreux innocents. Le Général Nshimirimana a malheureusement été assassiné sans qu’il puisse répondre des accusations qui pesaient sur lui.