Les commentateurs et les analystes se perdent en conjecture quant à l’attitude observé par Agathon Rwasa qui s’est transformé en véritable caméléon politique au lendemain des élections de 2015 au Burundi.
L’homme dont la réputation d’être plus tranchant n’était pas discutée par personne, s’est mue du jour au lendemain en caution morale des derniers résultats électoraux.
Toutefois, Rwasa disait en substance aux journalistes « les élections de 2015 sont une veritable mascarade électorale ». Il avait juré par tous les dieux qu’il n’accepterait pas le verdict des urnes. Quelle ne fut pas la surprise des uns et des autres, quant il affirme « nous nous trouvons devant un contexte post électoral et non pré- électoral ». Ainsi, il a donné un satisfecit à la victoire de Pierre Nkurunziza contrairement à ces déclarations antérieures.
Agathon Rwasa, un politicien de seconde zone
Finalement, au lieu de garder son caractère de tigre dont on craignait la riposte, Agathon Rwasa s’est montré politicien de seconde zone. Décidé à occuper un post de figurant malgré ses attitudes antérieures d’opposant farouche et coriace.
Sans doute, a-t-il médité sur l’observation de Carolin Macaskie, la 1ère Représentante spéciale des Nations Unies au Burundi de l’après transition selon laquelle, Agathon Rwasa avait raté le train de l’histoire lorsqu’il avait refusé de négocier en 2005, contrairement au CNDD- FDD lors de l’accord de Dar- es- Salaam en 2003.
A cette époque, Agathon Rwasa au cours des contacts qu’il faisait avec les bons offices et les médiateurs, exigeait les postes de chef d’Etat major ou de ministre de la défense, selon des observateurs.
Pourtant, lorsqu’il s’est finalement décidé à rentrer au pays, il a hérité du modeste maroquin de Directeur Général de l’Institut National de Sécurité Sociale (INSS). Cette posture aurait étonné le Président Buyoya qui s’interrogeait sur les raisons de la longue lutte d’Agathon Rwasa, s’il devait se contenter de ce modeste poste.
Contrairement à l’opinion qui le coiffait de sa casquette de faucon ou d’alternative du CNDD-FDD, l’ancien Chef rebelle a montré qu’il avait été usé par de nombreuses années dans la clandestinité et l’obscurité dans laquelle il vivait dès son retour au pays.
Mater dans le sang, les revendications du FNL
Pour exister, il n’a pas manqué à trahir ses alliés de la coalition « MIZERO Y’ABARUNDI» dont l’aile Charles Nditije, pour se rallier au pouvoir du CNDD-FDD. Pourtant, celui-ci avait maté dans le sang les revendications et l’appartenance au parti FNL d’Agathon Rwasa. Depuis 2006, de nombreuses exécutions extrajudiciaires et les crimes d’Etat avaient essentiellement visé les FNL. C’est donc tout un paradoxe qu’Agathon Rwasa soit phagocyté par le CNDD-FDD. Il risque de subir le destin de l’UPRONA de Concile Nibigira qui s’est contenté des deux sièges à l’Assemblée Nationale. Le paysage politique vient de se vider d’une personnalité à qui d’aucuns présageaient un destin national.
En effet, Agathon Rwasa était considéré comme le veritable chalenger de Pierre Nkurunziza si celui-ci n’avait pas brigué le 3e mandat et avait laissé jouer la partie électorale en toute transparence et loyauté. Le fait de s’être incliné devant le résultat d’une compétition truquée d’avance, montre qu’il s’est fait piégé en amateur de la farce électorale.
Le CNDD-FDD, va profiter de sa présence à l’Assemblée Nationale pour le laminer davantage. Dans ce jeu de dupes Agathon Rwasa a trahi et sa base qui a beaucoup souffert de la répression du CNDD-FDD et ses alliés de la coalition « Mizero y’Abarundi ». Que lui restera-t-il enfin après sa pitoyable défection ?