C'était un extrait de son discours devant ces jeunes et certains diplomates, où Mohammed RUKARA venait de rendre compte des audiences et échanges faits avec les différentes parties au conflit pour résoudre la crise actuelle qui secoue le Burundi. Pour l'Ombudsman burundais, cette crise a fait beaucoup de victimes innocentes, raison pour laquelle il devait « sortir de son silence et prendre position ».
Dans son discours, Rukara a appelé les leaders politiques à être « des vrais rassembleurs et des hommes francs », en insistant sur la coexistence entre Burundais comme frères et sœurs, surtout en se respectant mutuellement car « personne n'est autorisée à ôter la vie à son semblable ». L'ombudsman de l'Etat a tenu à rappeler que l'institution pour laquelle il œuvre émane des Accords de paix d'Arusha et que la Constitution burundaise l'a également approuvé. Et parmi ses attributions figure « la prévention des conflits » a dit Mohammed Rukara, d'où sa volonté de « prendre position dans le conflit actuel pour une solution fiable ». Pour ce médiateur de l'Etat, il est primordial d'assoir un État démocratique qui va de pair avec la bonne gouvernance.
L’Ombudsman assume sa prise de position au risque de sa vie
Mohammed Rukara, membre du cercle très fermé du « conseil des sages » du parti présidentiel CNDD-FDD, a évoqué une « violation en cours des accords de paix d'Arusha ». Et conséquemment, dit-il, « cela met en cause l'équilibre ethnique, surtout à l'armée ». L'ombudsman burundais a aussi dénoncé « un non-respect des libertés d'expression avec la fermeture des radios privées, ainsi que la charte de l'Unité Nationale et une corruption à grande échelle ». Pour conclure son discours, le médiateur de la République a souligné qu'il pouvait être victime de sa prise de position: « Moi Rukara, je peux être victime de ma vérité ».
Ce discours n’aurait effectivement pas plu au sommet de l’Etat. Les services des chaînes d’information publiques ayant pris soin de « filtrer » ce discours. Il faut dire que c’est la première fois que ce membre influent du parti présidentiel prend la parole publiquement pour exprimer son désaccord face à la gestion de la crise en cours. En faisant référence au respect des accords d’Arusha, beaucoup ont compris que Rukara s’opposait au 3ème mandat du Président Nkurunziza.