Dans ce préavis de grève adressé au Président de la République, les étudiants sont revenus sur les conclusions des états généraux de l’éducation de 2014. Ils évoquent aussi les réclamations et indignations soumises au Président Nkurunziza dans une pétition du 5 Décembre 2016 demandant la « suspension de l’approbation du projet de loi portant réorganisation du système de gestion des bourses et des stages », qui pouvait engendrer la discrimination des étudiants provenant des familles pauvres à l’enseignement supérieur, la division des étudiants, la réduction massive des intellectuels qualifiés.
Le même préavis de grève rappelle une correspondance adressée à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique lui demandant le « retrait du projet de loi ». Cependant, rien n’a été fait et le projet de loi a été appuyé par le décret présidentiel au début du mois de février.
Les délégués de classe de l’Université du Burundi et de l’Ecole Normale Supérieure ont tous apposé leurs signatures sur le préavis de grève. Ils menacent d’entamer leur mouvement de suspension des activités le 4 Avril 2017, si le Président Nkurunziza ne retire pas son décret.
POLEMIQUE AUTOUR DU PREAVIS DE GREVE.
Avec le bras de fer engagé entre les étudiants et le Chef de l’Etat, deux blocs se dégagent au sein de la communauté estudiantine.
Deux groupes de représentants des étudiants, le 1er choisi par leurs camarades et le 2ème par le recteur de l’Université du Burundi, ne s’entendent pas sur la réaction à donner au décret réorganisant l’octroi de la bourse. Le second groupe est accusé par le 1er d’accepter toutes les décisions prises par le rectorat ou par le gouvernement à leur encontre.
Selon un des représentants du 1er groupe, le décret présidentiel les divise : « le nouveau décret viole l’article 53 de la constitution de la République du Burundi, dans ses alinéas 1 et 2 qui accorde à tout citoyen le droit à l’éducation ; alors que le décret risque d’éliminer d’avance les étudiants provenant des milieux modestes à l’enseignement supérieur », explique notre source.
Au moment où le 1er groupe de représentants des étudiants a lancé le préavis de grève, le second groupe a sorti un communiqué signé par un certain Syldie Barutwanayo. Il demande le retrait du préavis de grève, car selon lui « la voie de la grève ne résout jamais les problèmes », peut-on lire dans ce communiqué appuyé justement par le Recteur de l’UB.
Beaucoup affirment que ce dernier groupe est composé d’étudiants qui se laissent manipuler par le gouvernement.
Toutefois, le 1er groupe des représentants d’étudiants a décidé de maintenir la suspension des activités académiques, si le nouveau décret présidentiel sur la gestion des bourses et stages n’est pas abrogé.
La présidence de la République, via son porte-parole Jean Karerwa, a déjà annoncé qu’elle ne reviendra pas sur ce décret. Un bras de fer s’est donc engagé entre le Président Nkurunziza et les plus de dix mille étudiants Burundais.