L’année 2016 termine dans le rouge pour l’économie du Burundi
décembre 30, 2016
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La situation économique reste dans le rouge au Burundi au vu de l’évolution tout au long de l’année 2016. La crise liée au 3ème mandat du président Nkurunziza qui a débuté en 2015 a eu plus d’effets négatifs cette année. Ainsi, le gouvernement termine l’année 2016 en décidant des coupes plus drastiques dans ses budgets pour tenter de rester à flot en 2017, mais le risque étant une inflation au vu des nouvelles taxes introduites.
En décembre 2015, le Burundi avait clôturé l’année en récession économique ou croissance négative de 4.1% selon la Banque Africaine de Développement (BAD); récession due essentiellement à la crise politico-sécuritaire qui secoue le pays depuis fin avril 2015 avec l’annonce du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat.
Beaucoup de sociétés ont été mises en difficultés à cause de l’insécurité, certains opérateurs économiques préférant quitter le pays ou délocaliser leur business. Au début de l’année, le gouvernement du CNDD-FDD avait tenté de faire des coupes budgétaires en prévision du tarissement de l’appui financier extérieur. Plusieurs bailleurs bilatéraux ont en effet annoncé des sanctions économiques et des suspensions de l’aide au Burundi suite justement à cette crise. Ainsi, plus de 300 milliards de francs ont été réduits des dépenses du gouvernement ; mais les ministères sociaux et économiques ont été les victimes de ces coupes budgétaires comme l’éducation, l’agriculture et la santé qui à eux trois ont connu des coupes de l’ordre de 22 milliards de francs.
Une autre annonce fracassante du gouvernement Nkurunziza pour cette année 2016 fut l’octroi d’une allocation de 500 millions de francs à chaque commune du pays, soit environ 52 milliards de francs. Cette politique est un échec total puisqu’elle n’a jamais été mise en application au cours de cette année, le Sénat burundais ayant mis son véto suite aux irrégularités observées dans l’octroi de ces fonds ; et alors que les communes n’avaient pas de projets bancables et n’étant donc pas prêtes à engloutir de tels montants.
Suite à la crise et la suspension de plusieurs appuis et projets par les partenaires extérieurs, les principales devises ont fortement tari dans les caisses de l’Etat. Au mois de juin 2016, les taux de change ont atteint des records dans les bureaux de change officiels atteignant 2.340 et 2.550 francs le change pour le dollar et l’euro.
Le mois suivant, la Banque centrale impose des restrictions sur le change des devises ; exigeant ainsi aux bureaux de change d’appliquer le taux de la BRB pour le dollar et l’euro, soit 1.670 et 1.880 francs à ce moment. La conséquence a été l’implosion du marché noir, les cambistes devant se cacher de la police et des agents du service national des renseignements qui voulaient imposer les taux de la BRB. Ainsi, en ce mois de décembre 2016, fort est de constater que l’effet escompté est nul et sans effet puisque le dollar et l’euro se changent à des montants très élevés de l’ordre de 2.600 et 2.750 francs. Par ailleurs, le manque de devises a eu des conséquences très visibles sur les produits de première nécessité importés notamment le carburant qui a connu plusieurs séries de pénuries en 2016. Il faut aussi évoquer le secteur de la santé avec le manque, sinon la hausse, des prix de plusieurs médicaments dits de spécialité dans les pharmacies, à cause aussi du manque de devises.
Cette année 2016 a aussi été marquée par une hausse des prix en général notamment des produits vivriers incontournables pour les familles. Farine de manioc et de maïs, haricots, riz, bananes, pommes de terre et légumes ont évolué à la hausse surtout ces 6 derniers mois de l’année dans tout le pays. Cette hausse risque par ailleurs de se poursuivre en 2017 suite aux mauvaises conditions climatiques qui annoncent de mauvaises récoltes. Des communes de Kirundo ont ainsi déjà été frappées par la famine, un appel à la solidarité ayant été lancé par les autorités.
Selon ‘’Trading economics’’ qui compile les données économiques de plus de 200 pays dans le monde, le taux d’inflation au Burundi a atteint les 7.1% à la fin du mois de novembre 2016. Rapportant les données de l’Institut de statistiques et d’études Economiques du Burundi (ISTEEBU), le taux d’inflation des produits vivriers est de 9.10% à la fin novembre.
Même si l’Office Burundais des Recettes a annoncé tout au long de cette année avoir engrangé des recettes mensuelles supérieures aux prévisions, l’inflation rend presque nul les effets de cette hausse des recettes fiscales.
Le gouvernement a décidé par ailleurs, à travers son budget 2017, de revoir à la hausse certaines taxes notamment de consommation, ce qui risque encore de rehausser les prix les mois à venir. L’objectif pour le pouvoir est de pallier au manque d’appuis financiers extérieurs, voulant ainsi que les recettes intérieures financent au moins 70% du budget en 2017.
Jusqu’à cette année encore, le gouvernement comptait sur l’appui extérieur des partenaires pour financer un peu plus de 50% de son budget.
En plus de la hausse des taxes, le gouvernement a instauré des mesures plus strictes de contrôle des caisses de l’Etat en décidant le rapatriement de tous les comptes publiques à la banque centrale. Cette mesure s’ajoute à celle déjà existante de fermeture de tous les comptes en devises détenues dans les banques commerciales pour les ONGs, les projets d’appui au développement ou encore les Ambassades et consulats pour ouvrir ces comptes à la BRB.
Avec de plus en plus de restrictions dans le domaine économique combiné à l’inflation mais aussi l’incertitude au niveau sécuritaire, l’année 2017 risque d’être encore plus difficile pour les Burundais.
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