Burundi : Quand la centralisation des devises fragilise banques et consommateurs

La récente décision de la Banque de la République du Burundi , BRB, d’exiger le transfert de toutes les recettes en devises issues des ONG locales et internationales ainsi que des exportateurs de café vers la BRB suscite de vives inquiétudes dans le secteur bancaire. Banquiers et économistes s’accordent à dire que cette mesure risque de bouleverser le fonctionnement des banques commerciales et d’accentuer la pression sur le marché des devises.
Jusqu’à présent, les devises collectées par les banques commerciales auprès des ONG et des exportateurs étaient redistribuées à leurs clients pour diverses opérations, permettant ainsi une certaine accessibilité à la monnaie étrangère. Même si l’offre restait limitée, ce système offrait une relative fluidité et permettait à la population de profiter des rares devises disponibles.
La nouvelle directive de la BRB met fin à cette dynamique : désormais, les banques commerciales n’auront plus la main sur ces ressources, ce qui affectera directement leur clientèle. Selon les experts, cette centralisation des devises à la BRB reflète la persistance d’une pénurie de devises étrangères au Burundi. L’objectif officiel affiché par la Banque centrale est de garantir la disponibilité de devises pour l’importation de biens essentiels. Toutefois, de nombreux acteurs du secteur financier redoutent que cette centralisation ne serve principalement les intérêts de certaines autorités, au détriment de l’économie nationale et de la majorité des citoyens.
La conséquence immédiate de cette mesure sera une raréfaction de l’accès aux devises pour les clients des banques commerciales. Beaucoup devront alors se tourner vers le marché parallèle, où la demande croissante et l’offre limitée entraîneront une flambée des prix. Déjà, les taux de change sont en forte hausse : ce samedi, 19 avril l’euro s’échange à plus de 8 000 Fbu et le dollar américain avoisine les 7 500 Fbu.