Le Forum pour le renforcement de la société civile a du mal à comprendre ce qu’il appelle la mauvaise appréciation de la situation de la part de la France. Pour le Délégué Général du FORSC, Vital Nshimirimana, la France ne devrait pas se permettre d’assister le Burundi dans un secteur clé comme la défense. ‘’Ce qui est davantage plus aberrant c’est que la reprise de la coopération concerne un domaine clé de la vie nationale, la défense nationale, or c’est l’armée burundaise et les corps de défense et de sécurité qui ont ouvert la porte à la milice Imbonerakure qui tue, qui réprime, qui pousse des centaines des milliers de burundais en exil’’, indique Vital Nshimirimana. Selon lui, c’est inacceptable qu’un pays démocratique comme la France, membre de l’Union Européenne qui a pris des sanctions contre le Burundi, puisse entreprendre une telle démarche.
‘’Nous allons faire des enquêtes et nous allons également demander aux autorités françaises le pourquoi de leur décision’’, indique le Délegué Général du FORSC.
La France rendra-t-elle des comptes ?
Selon le président du parti RDB, ‘’la France vient de lancer un message clair aux burundais que la solution de la crise burundaise, que la fin de ce régime qui est en train de rouler notre pays dans une guerre civile, c’est l’affaire des burundais et ce n’est pas la France ou l’ensemble de la communauté internationale qui va intervenir.’’
Selon Jérémie Minani, la France sera également obligée de s’expliquer lorsque les responsabilités des atrocités seront établies. ‘’C’est vraiment regrettable que la France, qui se souvient du passé, ose encore une fois soutenir un régime qui est en train de commettre des crimes contre l’humanité, des crimes qui s’ils étaient portés devant un tribunal indépendant peuvent même être qualifiés de génocide’’, déplore le patron du Rassemblement des démocrates burundais.
La France a toujours eu une position ambigüe
Contrairement aux autres pays qui réclamaient le respect de la loi, la France avait une position qui prêtait à confusion depuis le début de la crise selon certains contestataires du troisième mandat. Certains contestataires du troisième mandat ont été invités à l’ambassade de la France à Bujumbura avant les manifestations d’avril 2015. ‘’Tout comme d’autres ambassadeurs, l’ambassadeur de la France a essayé de comprendre, de recevoir des explications de la part de plusieurs personnes compte tenu de l’annonce d’une éventuelle manifestation contre le troisième mandat et nous lui avons expliqué que la protestation devait avoir lieu en raison du fait que les burundais devaient défendre la constitution et l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Nous lui avons expliqué en long et en large notamment les conséquences qui allaient découler de cette violation de la constitution et de l’accord d’Arusha mais la position de l’ambassadeur était de dire que la France allait soutenir ou allait accepter la décision de la Cour constitutionnelle. Nous lui avons expliqué que, compte tenu de la façon dont elle travaille et de sa composition, la Cour constitutionnelle ne pouvait pas vraiment prendre une décision à l’encontre de la volonté de la personne à l’origine de la crise à savoir Pierre Nkurunziza’’, rapporte Vital Nshimirimana.
Le Délégué Général du Forum pour le Renforcement de la ociété civile rappelle à la France qu’elle avait soutenu, en 1994, le gouvernement rwandais qui avait commis le génocide par la suite. Pour Vital Nshimirimana, ce qui s’est passé au Rwanda peut également se reproduire au Burundi.