La dernière intervention en date du porte-parole de Pierre Nkurunziza lors d'une conférence de presse des porte-paroles des institutions le 16 juin à Cankuzo ne laisse aucun doute quant à l'agenda de son employeur. Jean Claude Karerwa Ndenzako a confirmé la volonté de Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir à vie par un changement de la Constitution.
"Le président ne se fait pas élire, il est présenté aux élections par sa famille politique, il est président mandaté par le parti CNDD-FDD au pouvoir. Les burundais ont exprimé leur souhait de choisir eux-mêmes leur président, ils ont également demandé de l'élire encore, ils ont demandé l'annulation des limitations de mandats et de la périodicité des mandats. Une fois élu pour un mandat de 5 ans, il peut se présenter autant de fois qu'il voudra. Comme on l'a déjà dit, personne ne peut s'opposer à la volonté du peuple, il faut que les gens comprennent que la constitution a été reçue en Ouganda, tout le monde a acclamé; la révision de la constitution a eu lieu au Rwanda, les rwandais et les tiers ont acclamé. Quant au Burundi, la même chose se produit. Que les gens comprennent que c'est ordinaire et simple comme ça a été depuis longtemps", a-t-il répondu lorsqu'il était questionné sur un éventuel 4ème mandat du Président Nkurunziza.
Une semaine après, des manifestations ont été organisées à Bujumbura, comme c'est souvent le cas lorsque le pouvoir veut faire passer un message. Sans détours, un des organisateurs qui s'est présenté comme étant membre de la société civile haranguait la foule pour appuyer le Président Nkuunziza à se maintenir au pouvoir.
"Pierre Nkurunziza restera Président du Burundi jusqu'au retour de Jésus Christ sur terre. Vous m'avez bien compris? Je répète: son excellence Pierre Nkurunziza restera Président du Burundi jusqu'au retour de Jésus Christ sur terre", a-t-il martelé dans une vidéo mise en ligne ce jour-là.
Une volonté de se maintenir à vie soutenue par certains membres des corps de sécurité
Il y a un peu plus de deux ans, le Lieutenant-Général Adolphe Nshimirimana, ancien bras droit de Nkurunziza et chef des services de sécurité burundais, n'avait pas mâché les mots devant les officiers issus de l'ancienne rébellion du CNDD-FDD. Nshimirimana laissait entendre qu'ils étaient prêts à se mettre en guerre contre quiconque oserait contester le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Le Lieutenant-Général Nshimirimana, qui fût assassiné par après, demandait aux membres du club NONARA réunis pour un échange de voeux du nouvel an le 7 mars 2015 de soutenir Pierre Nkurunziza même par le sang.
"Sauf si nous mourons tous, ce sera lui; c'est lui et ça restera lui seul qui nous conduira à notre objectif. Que vous le vouliez ou pas! En es-tu capable toi? Mais à un certain moment, vous en serez capables mais pas aujourd'hui! Frères de la croix, que personne ne nous dissuade, croyez en vos coeurs c'est comme ça que nous annoncerons qu'il est temps", avait déclaré l'ancien chef du service des renseignements quatre mois avant son assassinat.
Un language similaire a souvent été utilisé par différents hauts responsables du parti CNDD-FDD. Parmi eux se trouve l'actuel Ombudsman burundais Edouard Nduwimana alors ministre de l'intérieur, qui a par ailleurs annoncé parmi les tous premiers son soutien à la candidature de Pierre Nkurunziza pour un 3ème mandat.
Au vu des discours, appuyés par les mécanismes mis en place pour changer la Constitution, il est clair que les mandats de Pierre Nkurunziza ne se limiteront pas à trois.