Au cours de cette réunion, les pays membres ont salué les efforts du facilitateur Benjamin Mkapa « malgré l’absence de résultats concrets ». La Suède a demandé aux pays de la sous-région de redoubler d’efforts et de résoudre définitivement la crise burundaise ; et « de cesser de reporter » le sommet des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est.
La France pour sa part a dénoncé les « actes ignobles » des imbonerakure en faisant remarquer que la situation au Burundi ne connaît malheureusement pas d’amélioration. Comme l’a souligné le secrétaire-général de l’ONU, le dialogue inter-burundais mené sous l’égide de l’EAC est toujours « dans l’impasse ».
Bien que le facilitateur mène quelques actions, des engagements sincères et véritables se font toujours attendre, a déclaré l’ambassadeur de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU. « Les observateurs de l’Union Africaine n’ont pas été déployés, ni les policiers prévus par la résolution 2303 », a-t-il rappelé.
Selon lui, la situation semble se détériorer sur plusieurs aspects. « Les images choquantes de la milice imbonerakure qui appellent au viol et au meurtre, rappellent des souvenirs extrêmement douloureux dans cette région des grands-lacs et consistent une grande préoccupation pour la France. On espère que le prochain sommet de l’EAC pourra instaurer une dynamique positive et que le gouvernement burundais s’engagera sincèrement dans cette voie », a précisé l’ambassadeur François Delattre.
L’Angleterre de son côté a fait remarquer « l’avidité du pouvoir de Pierre Nkurunziza » et les fausses déclarations de son gouvernement sur une sécurité retrouvée.
« Les violences et les assassinats ciblés se poursuivent, le gouvernement burundais semble ne pas se soucier du bien être de sa population ; sa préoccupation est de rester au pouvoir. Si Nkurunziza brigue un 4ème mandat comme il affiche cette volonté, cela enfoncerait d’avantage le Burundi dans le chaos. Les dirigeants de ce pays rejettent les recommandations de la communauté internationale, les discours intimidant et les actes ignobles des imbonerakure sont une triste réalité », a déclaré l’Ambassadeur permanent de Grande Bretagne à l’ONU.
La classe politique d’opposition approuve mais veut plus d’actions de l’ONU
Il est grand temps que la communauté internationale agisse, sinon ses déclarations seront synonymes d’indifférence à la crise burundaise, a réagi Me Isidore Rufyikiri président du Mouvement des Républicains pour la renaissance de la Nation, MORENA.
« Le conseil de sécurité de l’ONU a les moyens nécessaires matériels, humains et logistiques pour venir rétablir la paix au Burundi, mais il ne l’a jamais fait. On a adressé des correspondances à l’ONU, à l’UA et l’EAC mais rien n’est fait depuis 2015. Les Nations-Unies doivent quitter le stade des recommandations verbales pour passer à l’acte. L’EAC dispose d’une institution STAND BY FORCE qui peut intervenir au Burundi mais n’a jamais bougé d’un pouce, alors qu’ils ont l’exemple de l’Afrique de l’Ouest où son armée a fait quitter du pouvoir l’ancien président gambien », déclare l’ancien Bâtonnier.
Le 1er Vice-président du CNARED Chauvineau Mugwegezo est du même avis : le temps des déclarations et des résolutions est révolu, place à l’action.
« La communauté internationale devrait faire un pas de plus et faire plier le pouvoir Nkurunziza par des actions. Elle a déjà envisagé un déploiement depuis 2015, on l’attend toujours. Il y a des sanctions qu’elle a prises sur le Burundi mais elles ne pèsent pas assez sur le pouvoir pour qu’il cesse ses atrocités. Nous demandons à la communauté internationale de concrétiser ses déclarations, sinon nkurunziza continuera à la défier », explique le président de l’UPD.