Adolphe Manirakiza : ‘’Bujumbura fait du chantage à l’Union Africaine’’
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L’ancien porte-parole de l’armée burundaise et des forces onusiennes de la MINUSCA (Mission des Nations-Unies pour la Stabilité en Centre-Afrique) accuse Bujumbura de faire du chatage à l’Union Africaine. Selon le Colonel Adolphe Manirakiza, l’ordonnance du chef de cabinet civil adjoint du président Nkurunziza n’est qu’une déclaration d’intention.
Cette ordonnance menace l’Union Africaine du retrait du Burundi de ses troupes en mission de maintien de la paix en Somalie. Pour l’ancien officier de l’armée burundaise, le gouvernement burundais n’a pas les moyens de rapatrier ce contingent.
« C’est juste un chantage, le gouvernement burundais n’a pas la volonté de retirer ses troupes en Somalie. Car cela serait un désavantage pour Bujumbura qui reçoit 200$ par tête pour tout militaire burundais présent en Somalie. De plus, il reçoit une somme non négligeable pour la location du matériel militaire dont le pouvoir de Bujumbura a énormément besoin pour son économie actuelle en crise. Je ne suis même pas sûr qu’il soit capable de débloquer des fonds pour faire rentrer 5.400 hommes et tout leur matériel », déclare le Colonel Manirakiza qui estime que le pouvoir de Nkurunziza fait juste une pression sur l’Union Africaine pour qu’elle paie les indemnités de ses militaires.
D’après toujours cet ancien porte-parole de l’armée burundaise, si jamais Bujumbura rapatrie vraiment ses troupes, leur gestion ne serait pas du tout évidente. « Tout militaire burundais mise sur une chance de faire partie du contingent burundais en Somalie. Si ces 5.400 hommes rentraient maintenant en perdant les avantages qu’ils recevaient et sachant que cela est dû à une erreur du gouvernement burundais, la discipline ne serait pas de rigueur et pour l’armée burundaise cela serait une catastrophe. Car le gouvernement ne sera pas à la hauteur de gérer au niveau disciplinaire les militaires qui rentrent et les militaires qui attendaient leur tour pour partir », avertit le Colonel Adolphe Manirakiza.
Une solution s’impose pour que le bras de fer entre le Burundi et l’Union Africaine cesse, afin de privilégier le combat contre le terrorisme, ajoute l’officier.
« Autant le Burundi a besoin que ses troupes restent en Somalie, autant l’Union Africaine a besoin du contingent burundais pour stabiliser la Somalie », indique Manirakiza. Des solutions sont possibles, ajoute-t-il, soit l’Union Africaine « fait pression sur l’Union Européenne » pour qu’elle débloque les fonds en démontrant que le terrain sera abandonné aux Shabbab ; soit l’Union Africaine « se trouve d’autres bailleurs de fonds » dans le monde pour pouvoir payer le Burundi.
Une autre solution selon l’ancien porte-parole de l’armée est que le gouvernement burundais « accepte les conditions » de l’Union européenne où elle verse directement l’argent du militaire sur son compte. « Et là, Bujumbura n’est pas du tout perdant car il continuera de percevoir les 200$ par tête et les frais de location du matériel militaire », conclut le Colonel Adolphe Manirakiza.
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