Ils étaient au total 210 jeunes poursuivis dans deux dossiers RPC 381 et RPC 382portant sur l’infraction de participation à une rébellion armée. Dans ces dossiers, les jeunes de moins de 18 ans ont été condamnés chacun pour 2 ans de prison. Parmi eux, 10 enfants de moins de 15 ans ont été libérés et un seul adulte du nom d’Ali a été condamné à perpétuité. Le reste des adultes poursuivis dans les dossiers RPC 380, 384, 385, 386, 368 ont été condamnés à 20 ans de prison.
Les défenseurs des droits de l’homme ont suivi de près cette affaire, et disent que lors des séances d’audition au parquet, les jeunes présumés appartenir à une rébellion ont révélé comment leur recrutement était organisé. Des agents du corps de sécurité ont été cités par ces jeunes. Et comme c’était à l’audience publique, les avocats envoyés par APRODH, les agents de l’ONG Terre des Hommes ainsi que les cadres de la CNIDH ont pris des notes. Parmi les recruteurs cités par ces jeunes, se trouvent des proches du pouvoir du CNDD-FDD.
Des noms des hauts gradés dans l’armée impliqués dans cette affaire ont été révélés à la justice. Il s’agit d’un officier militaire du camp Ngozi, le colonel CUMA alias Kajisho et le Colonel Nzoyisaba Audace. D’autres appartenant à la garde Présidentielle ont été cités dont un certain Phocas de Bubanza à Mpanda, Alexis alias Muyaga de la commune Mugina, Colline Bwayi.
Un certain Ndabirabe, commerçant de fertilisants à Cibitoke et Abdoul, chauffeur de bus à Gitega ont été également pointés du doigt. Après la révélation des noms de recruteurs par ces jeunes devant les magistrats et les défenseurs des droits de l’homme, ils ont commencé à témoigner à l’audience comment ils se sont retrouvés dans les rangs des forces de l’ordre.
Quelques révélations sur les instructions données lors des recrutements
« Arrivés à quelques dizaines de mètres dans la forêt de la Kibira coté Bukinanyana, nous avons reçu des fusils, et on a demandé à l’un d’entre nous de tirer en l’air pour que les formateurs (instructeurs) sachent où nous sommes afin de venir nous récupérer. » Après, nous nous sommes retrouvés encerclés par des militaires. Ceux qui nous conduisaient se sont dissimulés parmi ces militaires, et nous avons été conduits à Bukinanyana. Là, il y avait des militaires et des policiers lourdement armés. A partir de là, nous avons réalisé que nos recruteurs étaient complice avec ceux qui nous ont encerclés» atémoigné un des « présumés rebelles » devant la barre.
Lors de l’audience publique, il y a un certain Ali qui voulait citer beaucoup de noms de personnalités recruteurs, lesquels seraient des officiels. Mais le Parquet a à maintes reprises essayé de le faire taire. Des fois, le parquet prétendait qu’il était à l’hôpital alors qu’il était mentionné sur la liste de ceux qui devaient comparaitre. Mais les autres jeunes contredisaient sur ca point le Parquet. Et tout de suite, il réapparaissait à la barre. Des observateurs trouvent qu’Ali a été condamné à perpétuité à cause de ces graves témoignages.
Après toutes ces révélations au public, le Parquet a vite décidé le transfert de ces jeunes vers la prison de Rumonge, même si 8 dossiers n’étaient pas encore clôturés. L’APRODH et les autres acteurs de la société civile disent avoir des inquiétudes sur le sort réservés à ces jeunes, pour avoir dénoncé ce plan de montage. Ainsi, quelques avocats devraient toujours se rendre à Rumonge pour leur rendre visite afin de prévenir leur probable élimination physique.
Précisons que les 210 jeunes présumés rebelles provenaient de toutes les provinces du pays sauf celle de Makamba comme l’indique leur identification.