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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Le Parlement exhorte le Gouvernement à refuser l’envoi de troupes de l’Union Africaine

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Le Parlement burundais s’est réuni ce lundi à Bujumbura pour un congrès spécial dans lequel les parlementaires devaient débattre sur la nécessité du dépoilement d’un contingent de l’UA au Burundi. C’était comme une messe déjà dite car les parlementaires répétaient les mêmes arguments pour dire NON à cette initiative de l’UA.

C’est aux environs de 9 heures ce lundi 21 décembre 2015 que les parlementaires du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza se sont donnés rendez-vous à l’hémicycle de Kigobe. La sécurité bien assurée par la redoutable API, la police de sécurité des Institutions, et certaines rues menant vers le palais de Kigobe étaient bloquées durant la séance du débat retransmis pour la première fois en direct par la Radio et télévision d’Etat. Les 136 parlementaires devaient se prononcer sur trois questions du président de l’Assemblée nationale, le député Pascal Nyabenda : le génocide en cours ou en préparation, l’intervention des forces étrangères et le dialogue inter-burundais.

 

 

Le débat proprement dit

 

 

Le président de l’Assemblée nationale le député Pascal Nyabenda qui préside aussi le parti au pouvoir CNDD-FDD  fixe les règles dont certaines sont connues : « chaque intervenant a cinq minutes de paroles sinon le micro sera coupé, dire son nom, sa circonscription électorale ». Mais une annonce sort du commun à Kigobe ce jour-là : Pascal Nyabenda exige aussi aux députés de décliner leur « ethnie », chose qui ne s’est jamais faite au sein du Parlement.

 

Le premier à prendre la parole est Agathon Rwasa, qui évite de donner son nom et son ethnie mais préfère dénoncer toutes les formes de violence en cours : « si un burundais meurt c’est une perte au pays, les protagonistes doivent savoir d’où est venu le Burundi ». Il prône le dialogue. Les autres intervenants, dont la grande majorité sont du CNDD-FDD étaient clairs : ils ne veulent pas de troupes africaines au Burundi. Selon Evelyne Butoyi, sénatrice de Bujumbura issue du CNDD-FDD, « ceux qui disent qu’il y a génocide au Burundi n’ont pas commencé aujourd’hui ». Pour cette commissaire chargée de la diaspora au sein du CNDD-FDD, « ils ont commencé par crier sur les toits du monde que le CNDD-FDD est entrain de distribuer les armes pour tuer les Tutsis. Est-ce que nous allons nous tuer nous même Tutsis » ?  s’interroge-t-elle, comme pour annoncer qu’étant elle-même d’ethnie tutsi elle ne se sent pas menacée pas plus que les autres.

 

Le 2ème vice-président de l’Assemblée nationale Edouard Nduwimana a pour sa part dénoncé des opposants « qui trompent la communauté internationale » selon ses dires. Tous ou presque sont du parti Sahwanya Frodebu de l’ancien Président Ndadaye. L’ex-ministre de l’intérieur ne voit pas la nécessité du déploiement du contingent de l’UA au Burundi car pour lui « ces troupes sont là pour créer des rebellions. Ils viendront et diront que nous sommes à Cibitoke et là vous verrez des rebelles qui viendront de partout ». Percille Mwidoga a étonné plus d’un avec ses déclarations Bible en mains : « le pouvoir qui règne à Bujumbura émane de la volonté divine » a déclaré cette élue native de Ruhororo à Ngozi, le fief du Président Nkurunziza.

 

Seul discordance dans ce débat dont les arguments étaient quasiment semblables, le député uproniste André Ndayizamba a relevé que « ce débat viole l’article 163 de la Constitution du Burundi ». La disposition en question énumère six circonstances qui justifient la réunion en congrès des deux Chambres du Parlement, dont celle de ce lundi n’en faisait pas parti selon ce natif de Bururi. Les présidents des bureaux des deux chambres ont rétorqué qu’ils n’ont pas voulu sortir un communiqué sans un débat de tous les parlementaires « sur des questions aussi cruciales que les accusations de génocide, l’envoie des troupes étrangères au Burundi et celle sur le dialogue inter burundais ».

 

 

La déclaration finale rejette l’envoi des troupes de l’Union Africaine

 

 

Sans grande surprise au sein du Parlement largement acquis au parti au pouvoir CNDD-FDD, le communiqué final de ce débat montre une position totalement opposée au déploiement du contingent de l’UA au Burundi « Au risque de violer la Constitution du Burundi ; le Parlement exhorte le Gouvernement à  ne pas hypothéquer la souveraineté du pays à la décision du CPS de déployer une Mission Africaine de Prévention et de Protection au Burundi avec un mandat de protection de civils, comme si les Forces de Défense et de Sécurité burundaises avaient failli à leur mission, alors qu’elles sont reconnues pour leur professionnalisme et efficacité au Burundi ainsi que dans diverses missions de maintien ou d’imposition de la paix ».

 

Pour la première fois depuis le début de la crise sociopolitique, le Parlement indexe « l’ennemi » du Burundi, une accusation qui avait jusque-là était faite par l’exécutif seulement. Au point 4 de la déclaration: « Le Parlement burundais est indigné du silence de l’Union Africaine face aux agressions du Burundi  de la part d’un Etat membre, le Rwanda notamment à travers le recrutement de réfugiés burundais en vue de former une rébellion contre le Burundi, ce qui constitue d’ailleurs une nette violation de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine ».

 

L’Union Africaine via son Conseil de paix et sécurité a décidé l’envi de 5.000 hommes pour une mission de protection de la population. Cette décision est consécutive à plusieurs vagues de violences observées principalement dans la ville de Bujumbura dont la plus meurtrière date des 11 et 12 décembre 2015 où plus de 200 personnes auraient été tuées par les forces de sécurité de l’Etat en représailles à des attaques de 4 camps militaires par des groupes armés non identifiés. Le délai accordé au Gouvernement burundais pour se prononcer sur la décision de l’UA expire ce mardi 22 décembre 2015.  

 

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