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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Le CNDD-FDD se taille la part du lion dans le nouveau gouvernement NKURUNZIZA III.

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Le Président Nkurunziza a nommé ce lundi 24 août 2015 les membres de son Gouvernement pour un troisième mandat très contesté. Son Cabinet sera composé de 20 Ministres dont les 3/4 proviennent du CNDD-FDD, le reste revenant au FNL de Rwasa. Mais les Ministères clés restent aux mains du CNDD-FDD.

 

Dans ce décret nommant le nouveau Gouvernement de Nkurunziza, Alain Guillaume Bunyoni, un de ses bras droit, fait son comeback. L’ancien Directeur de Cabinet du Président avait déjà occupé ce poste jusqu’en 2011 après un passage à la Direction Générale de la Police. Beaucoup accusent le Commissaire de Police Principal d’avoir été un des cerveaux d’instrumentalisation de la police dans des crimes de sang et de répression contre les opposants ainsi que d’avoir trempé dans de nombreuses affaires de scandale financier et de malversations économiques. Bunyoni a ainsi été cité dans les attributions illégales des marchés publics et les commissions occultes ainsi que le trafic illicite d’armes. Le Président Nkurunziza, en renommant Bunyoni à la sécurité publique, vient de prouver qu’il veut durcir sa position vis-à-vis de l’opposition qui conteste son 3ème mandat.

Une autre figure parmi les ténors du système CNDD-FDD, c’est le nouveau Ministre de l’Intérieur Pascal Barandagiye. Il dirigeait jusque là le Ministère de la Justice, un des secteurs les plus corrompus des institutions du Burundi. Son passage a été caractérisé par l’immixtion systématique de l’Exécutif dans le système judiciaire. Pascal Barandagiye a aussi contribué à la dégradation de la Magistrature par la nomination de magistrats inexpérimentés à cause de leur allégeance au CNDD-FDD. Ces derniers jours à la tête du Ministère de la Justice, il se fera remarquer par la perception de pots-de-vin selon de nombreux magistrats. Sa nomination au Ministère de l’Intérieur est un avertissement lancé aux partis politiques et organisations de la société civile notamment car on le dit plus dur que son prédécesseur Edouard Nduwimana.

Pascal Barandagiye laisse la place à Mme Aimée Laurentine Kanyana au Ministère de la Justice. Elle était jusque là 2ème Vice-Gouverneur de la Banque Centrale mais est beaucoup plus connue pour sa participation à la validation du 3ème mandat du Président Nkurunziza comme Conseillère à la Cour Constitutionnel. Une sorte de promotion pour cette native de Ngozi, par ailleurs parenté proche du Président Nkurunziza.

Le grand argentier du Gouvernement Nkurunziza III reste Tabu Abdallah Manirakiza. La gestion catastrophique des deniers publics ces dernières années est en grande partie imputée au Ministre des Finances. Des experts économiques estiment qu’il n’a pas toujours été à la hauteur de défendre les intérêts du pays auprès des institutions de Breton Woods. Ces mêmes sources démontrent la situation économique désastreuse du Burundi à cause du manque de vision stratégique du Ministre. Pour exemple anecdotique, Tabu Abdallah Manirakiza a déclaré un jour dans un débat télévisé : « il n’est pas évident que la France est plus riche que le Burundi ».

Deux autres Ministères régaliens restent aux mains du CNDD-FDD. Il s’agit des Ministères des Relations  et de la Défense Nationale. Alain Nyamitwe, nommé il y a quelques mois est reconduit comme patron de la diplomatie burundaise. Il avait été nommé en remplacement de Laurent Kavakure jugé mou à pouvoir défendre Nkurunziza dans sa volonté de briguer un 3ème mandat, et ainsi tenter de redorer l’image de la diplomatie burundaise devenue calamiteuse au fil du temps. Présentement, l’image du Burundi reste la même ; au contraire, elle est devenue de plus en plus ternie par des décisions de suspensions de la coopération et de sanctions. Le Ministère de la Défense Nationale est Emmanuel Ntahomvukiye, un civil nommé contre toute attente après la tentative ratée de Coup d’Etat et le limogeage du Général Gaciyubwenge. Beaucoup le considèrent comme un personnage qui n’est là que pour faire de la figuration, les décisions étant prises ailleurs.

Nestor Bankumukunzi hérite du Ministère de la Communication et des Médias. Jusque là Directeur de la Télévision nationale et militant du CNDD-FDD qui ne s’en cachait pas, Nestor Bankumukunzi est nommé dans une période où la presse est muselée depuis le mai 2015 avec les attaques menées contre les médias privés et l’exil forcé de nombreux journalistes. Son prédécesseur Tharcisse Nkezabahizi quitte ce poste après avoir échoué à rétablir les médias dans leurs droits, mais plutôt s’était illustré à verrouiller l’espace médiatique en participant à la fermeture des médias et studios. Le nouveau Ministre de la Communication a beaucoup excellé à faire de la télévision publique une tribune du CNDD-FDD en censurant la couverture des activités des partis d’opposition et de la société civile.     

Le CNDD-FDD se taille encore la part du lion en occupant des Ministères sociaux-économiques clés. C’est le cas de la Santé Publique avec le Dr Josiane Nijimbere ; le grand Ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique est confié à Mme Janvière Ndirahisha jusque là Directrice de l’Ecole Normale Supérieure ; le Ministère de l’agriculture et de l’élevage revient à Déo Guide Rurema et celui des Travaux Publics et du Transport à Jean Bosco Ntunzwenimana. Le Ministère de l’Energie et des Mines reste aux mains de Côme Manirakiza du CNDD-FDD tout comme le Ministère à la Présidence en charge de la Communauté Est Africaine confié à nouveau à Mme Léontine Nzeyimana.

Rwasa est récompensé par l’attribution de coquilles vides

Malgré le fait qu’Agathon Rwasa ait crié haut et fort qu’il ne reconnaissait pas les élections et après son entrée surprise à l’Assemblée Nationale, le leader des FNL a accepté d’aller à Canossa. Il a proposé ses cadres et obtient 5 Ministères, soit 1/4  du Gouvernement. Le Ministère de la Bonne Gouvernance confié à Serge Ndayiragije est généralement considéré comme un secteur clé. Toutefois, il est amputé de plusieurs organes dirigeants comme l’Inspection Générale de l’Etat, la Brigade et la Cour anti-corruption qui restent, eux, aux mains du CNDD-FDD. Mêmes ses prédécesseurs à ce poste, issus de l’opposition, ont brillé par leur statut de figurants.

Autre Ministère vidé d’une partie de sa substance, c’est le Développement Communal sans le FONIC (Fond National de Développement Communal) qui revient à Mme Jeanne d’Arc Kagayo. Le Ministère de la Fonction Publique confié à Félix Mpozeriniga est un secteur de potentialités du fait du recrutement des fonctionnaires. Cependant, la nomination des hauts cadres de la Fonction Publique reste le champ gardé de la Présidence. La nouvelle Ministre du Commerce est Mme Pélate Niyonkuru. Ce Ministère est un secteur vital de l’économie mais qui ne présente pas d’engouement en ces périodes de crise politico-sécuritaire qui a entrainé la paralysie du commerce au Burundi. Le Ministère de la Jeunesse et des sports est Jean Bosco Hitimana, également membre des FNL pro-Rwasa.

L’Uprona jeté aux oubliettes

Dans ce Gouvernement Nkurunziza III, la grande oubliée est l’Uprona de Concilie Nibigira qui, après avoir accompagné le pouvoir CNDD-FDD pour l’obtention d’un 3ème mandat jugé illégitime et illégal par l’opinion nationale et internationale, n’obtient aucun Ministère. Curieusement, le Premier Vice-président de la République Gaston Sindimwo est le Secrétaire Général de l’Uprona mais sera un Vice-président isolé sans Ministre issu de sa formation politique. 

Le Gouvernement nommé ce lundi pourrait changer d’un moment à l’autre, si du moins le Président Nkurunziza maintient son intention d’amender la Constitution comme annoncé par son porte-parole.

« Le Gouvernement est issu du vol flagrant d’un mandat »

L’opposition réunie au sein du Conseil National pour le respect de l’Accord d’Arusha et le rétablissement de l’Etat de Droit (CNARED) dit ne pas reconnaître ce Gouvernement. Selon Chauvineau Mugwengezo, porte-parole du CNARED, c’est un Gouvernement « issu d’une mascarade électorale violant la Constitution et l’Accord d’Arusha dont le Chef a volé un mandat ». Pour le CNARED, aucune décision du Gouvernement de Nkurunziza ne sera considérée.

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