Dans son analyse du 24 Août 2015, Thierry Vircoulon estime que la crise au Burundi touchera également toute la région. Suite à cette crise qui dure depuis déjà 4mois, au moins 200 000 burundais ont fui vers les pays limitrophes (Rwanda, Tanzanie et République Démocratique du Congo). L’opposition, les medias indépendants, les principales organisations de la société civile et une bonne partie de l’intelligentsia ont été également contraints de quitter le pays suite à leur opposition face au pouvoir, constate le Directeur Afrique Centrale de l’ICG.
Pour ce cadre de l’ICG, l’échec du putsch du 13 Mai dernier a révélé les tiraillements internes d’une armée jusque-là considérée comme le symbole de la réussite des accords de paix signés en 2000. Une armée constituée des ex-FAB et ex-PMPA. L’événement a donc mis en exergue le malaise qui y existait, causant ainsi la défection d’un certain nombre de militaires surtout issus des FAB.
A l’heure actuelle, les conditions d’un nouveau conflit sont réunies, déduit Thierry Vircoulon. « L’opposition s’est étoffée avec des membres du parti au pouvoir, et les réfugiés constituent un pool de recrutement idéal pour des actions armées. »
La situation est inquiétante du jour au lendemain, observe le directeur Afrique Centrale de l’ICG. Depuis les présidentielles, la violence a changé de face : les manifestations populaires ont cessé, laissant place à des assassinats ciblés quotidiens, en ville et en province ; raison sans doute de l’investiture de NKURUNZIZA organisée à la sauvette ce 20 Août, d’après toujours Thierry Vircoulon.
Le Burundi, une bombe géopolitique.
Le climat de répression et de peur rappelle les périodes précédant la guerre civile des années 90. Pour l’analyste de l’organisation internationale de prévention et de résolution des conflits, même si personne ne sait où et quand l’explosion de la crise burundaise va se produire, tout le monde la pressent et pressent déjà sa brutalité.
Les 200 000 réfugiés, les groupes armés transnationaux, l’opposition burundaise au Rwanda et les hostilités complexes entre les régimes voisins constituent les facteurs qui régionaliseraient le conflit burundais.
« Si le Burundi venait à basculer dans une nouvelle guerre civile, ce n’est pas seulement le Burundi qui reculerait de 10 ans, mais toute le région des Grands Lacs de 20 ans », conclut Thierry Vircoulon, directeur Afrique Centrale de l’ICG.