Les deux jeunes homes portés disparus sont Aimé Arakaza surnommé Musaga et Eddie Nduwimana. Ces deux membres de la ligue Imbonerakure du parti au pouvoir sont par ailleurs très connus par les habitants de Musaga pour leur violence et les crimes commis à l’endroit des autres jeunes depuis le début de la crise du 3ème mandat de Nkurunziza.
Jeudi dernier, leur arrestation a commencé à filtrer avant que des proches n’évoquent un enlèvement. A ce moment, leurs téléphones sonnaient sans réponse.
« Eddie aurait été arrêté à Ruziba, et les personnes qui l’ont sont les mêmes qui ont interpellé ‘’Musaga’’. Selon leurs familles, ils ont été enfermés dans plusieurs cachots ; mais par après plus de nouvelle. Ils ont essayé de les joindre par téléphone, mais sans réponse. Par après, les appels ne passaient plus », indique une source à Musaga.
C'est la désolation totale au sein des familles des deux Imbonerakure, qui craignent le pire pour les deux jeunes hommes.
« Si on ne les retrouve pas, évidemment on pensera qu'ils ont été tués. Leurs familles sont désespérées, vu que cela fait déjà deux semaines sans nouvelle des leurs. Ils ont perdu tout espoir », ajoute toujours la même source.
Selon des habitants de Musaga, Eddie Nduwimana et Aimé Arakaza étaient recherchés depuis le 18 mai 2017, au lendemain de l'assassinat à la grenade de trois autres jeunes imbonerakure. Ils ont été arrêtés puis relâchés sur décision de leur chef Imbonerakure, « pour leur éviter la prison de Mpimba où ils auraient pu dévoiler le secret du meurtre des trois Imbonerakure », précise une source.
Cette décision de les remettre en liberté visait, selon nos sources, à simuler une disparition.
« Le pouvoir élimine les témoins gênants »
Apparemment, il y aurait un plan d’élimination des témoins gênants, affirme Léonidas Hatungimana. L’ancien porte-parole du président Nkurunziza et un des premiers frondeurs du parti CNDD-FDD anti 3ème mandat explique que le pouvoir veut éliminer les exécutants pour ne pas rendre compte devant la justice internationale.
« Si on voit ce qui est en train d'arriver à certains Imbonerakure, on constate une attitude d'élimination des témoins gênants. Le CNDD-FDD est conscient de ce qui adviendra demain. Il sait que la CPI est à l'œuvre. Les Burundais, même s'ils sont calmes, savent qu'ils observent mais aussi que la commission d'enquête internationale est entrain de reconstituer les faits. Et les témoins gênants sont ceux qui ont commis des crimes étant directement commandés par certains chefs du SNR ou par Nkurunziza lui-même. Ils sont les premiers témoins, mais aussi les premières victimes », martèle l’ancien haute cadre.
Léonidas Hatungimana appelle les jeunes Imbonerakure à prendre conscience du danger qui les guette, et de refuser d’exécuter les crimes et autres violations des droits de l’homme.