Les 3 magistrats devront démontrer comment des massacres ont été faits et par qui ; ainsi que les auteurs des attaques des camps militaires. La commission sera dirigée par le substitut général, Jean-Bosco Bucumi.
Mais nombreux y voient une supercherie pour duper les gens. Beaucoup l’affirme en s’appuyant sur l’existence d’autres commissions mises en place par le même procureur Bagorikunda pour enquêter sur les crimes commis à l’endroit des personnes qui ne sont pas vues d’un bon œil par le pouvoir de Bujumbura, des enquêtes qui n’ont jamais abouti.
Ici, on pourrait citer l’assassinat de Zedi Feruzi, président du parti d’opposition UPD, assassiné le 23 mai 2015 avec son garde du corps. Les auteurs du meurtre du Colonel Jean Bikomagu, un retraité ancien Chef d’Etat-major des forces armées burundaises tué devant son domicile le 15 Août cette année. Aussi, les meurtriers de la famille du journaliste de la télévision nationale Christophe Nkezabahizi décimée le 13 Octobre dernier, ainsi que la tentative d’assassinat le 3 Août de Pierre-Claver Mbonimpa, défenseurs des droits humains et bien d’autres meurtres et assassinats non élucidés.
Paradoxalement, quelques jours après l’assassinat du Lieutenant-Général Adolphe Nshimirimana, un proche du Président Nkurunziza, des probables commanditaires ont été arrêtés. Une grande opinion estime donc que le procureur général Valentin Bagorikunda a un côté penchant et agit plus pour satisfaire l’exécutif.
« La Commission arrive trop tard »
La commission de Bagorikunda aura un mois pour faire son rapport quant à ces allégations d’exécutions extrajudiciaires. De nombreux témoins dans les quartiers de Nyakabiga et Musaga notamment où ces massacres ont été commis affirment que les policiers et certains militaires sont responsables de ces exécutions systématiques dans ces quartiers dits contestataires du troisième mandat du Président Nkurunziza. La majorité des victimes, évaluées à plus de 200 selon de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, avaient été arrêtées par les forces de sécurité de l’Etat. Plusieurs victimes ont par ailleurs été exécutées par balles et à bout portant en étant ligotées. Des sources ont aussi rapporté l’existence de fosses communes où certaines des personnes exécutées auraient été enterrées à la hâte par les autorités administratives en complicité avec la police, et ce à l’insu des familles des victimes.
Cette affaire a réveillé la communauté internationale, qui jusque-là s’était contentée de dénoncer les crimes au Burundi, et discrédite davantage le Président Nkurunziza que ses opposants accusent d’avoir préparé ces massacres. Le procureur général de la République a, selon certains observateurs, réagi trop tard en mettant en place cette commission près d’une semaine après ces massacres. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a annoncé le même jour à Genève lors d’une session spéciale sur le Burundi l’envoi d’experts pour enquêter sur ces massacres. De son côté, l’Union Africaine a décidé l’envoi de troupes pour protéger la population. Cette décision, soutenue par les Nations Unies, est rejetée par Bujumbura mais les pays africains semblent décidés à l’appliquer.