Tanzanie: Démolition des maisons des réfugiés burundais
Le gouvernement Tanzanien continue à exercer une pression sur les réfugiés burundais pour les contraindre à rentrer au pays natal. Ces derniers jours au camp de Nduta, en cas de moindre faute, c’est la démolition totale de maison. Et personne n’est autorisé à héberger les victimes de ces destructions.
Plusieurs maisons ont été démolies les deux dernières semaines au camp des réfugiés de Nduta en Tanzanie. La RPA a déjà inventorié 6 maisons détruites dans une période ne dépassant pas une semaine. Une maison située dans la zone 1 a été détruite mardi le 27 février, 4 autres avaient été détruites lundi le 26 février dans le village 14 de la zone 12. La semaine précédente, une autre maison de la zone 3 dans ce même camp de Nduta avait été démolie. La démolition de ces maisons est une punition qui a été adoptée très récemment contre les réfugiés qui violent la décision interdisant toute activité génératrice de revenus.
« Le crime qu’ils ont commis, c’est qu’ils ont exercé de petits commerces comme la vente de boisson et la grillade des brochettes. »Explique un des réfugiés du camp Nduta
Certains des matériaux qui étaient sur les maisons détruites sont directement acheminés au bureau du responsable du camp, les autres endommagés sur place. « Les tôles, les tentes et les perches sont rassemblés et acheminés au bureau du chef du camp. Les briques sont complétement cassées jusqu’à en faire de la poussière. »
Ces réfugiés, aujourd’hui sans abris n’ont pas droit de se faire héberger ou de confier à leurs voisins leurs biens qui ont échappés à la vigilance des chargés de sécurité qui exécutent l’ordre de démolition. « L’ordre a été donné. Celui qui va être attrapé, ayant hébergé quelqu’un ou conservé ses biens, sera chassé tout comme son protégé. Les victimes de ces démolitions n’ont d’autre choix que de rassembler leurs biens et aller dans les hangars dans l’attente d’être rapatriés », révèlent nos sources dans ce camp
Le calvaire des victimes de ces démolitions
La faim, la pluie, le froid et surtout des maladies opportunistes, sont entre autres maux qu’endurent ces réfugiés. Pire encore, ils n’ont plus le droit de se faire soigner car, dépourvus de document attestant leur statut de réfugié. « J’ai de petits enfants ici. La pluie, le vent et le froid, toutes intempéries confondues nous rejoignent ici même à ciel ouvert. Les enfants sont déjà atteints de maladies pneumoniques alors que nous n’avons plus accès aux soins de santé puisque l’on nous a retiré le statut de réfugié. Les jambes et les pieds commencent à gonfler.» Témoigne l’une des victimes.
Ces burundais lancent un appel au HCR, le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, et aux autres organisations internationales de leur secourir afin que leurs droits soient respectés.
Dans sa dernière descente dans les camps de réfugiés burundais John Walioba, le commissaire chargé des questions de réfugiés dans la province de Kigomba a donné 10 mois aux réfugiés burundais pour quitter le territoire tanzanien. Au 31 décembre 2023, le nombre de réfugiés burundais hébergeaient par la Tanzanie était de 111.708, selon les rapports du HCR.