C’était le 28 Août 2000, lorsque les accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi ont été signés entre le gouvernement d’alors, dirigé par Pierre Buyoya et les opposants à son régime dont les mouvements armés de l’époque. 17 ans après, le gouvernement du CNDD-FDD qui a accédé au pouvoir grâce à ces accords a toujours cherché à les remettre en cause. Lesquels accords ont été également la pierre angulaire de la constitution actuelle de la République du Burundi. Willy Nyamitwe, Conseiller principal chargé de la communication à la présidence de la république, dit considérer plutôt d’autres instruments étatiques à la place des accords d’Arusha.
« Il faut savoir qu’il ya d’autres instruments qui nous ont conduit vers l’adoption par référendum de notre constitution en 2005. Et aujourd’hui, la Nation est bâtie sur cette constitution. Donc, cet accord est d’autant plus nécessaire que les autres accords qui y sont similaires, comme la charte de l’unité et l’accord global de cessez-le-feu. Et ce sont des instruments qui ont été tous versés dans notre constitution et qui continuent à nous guider», explique Willy Nyamitwe
Léonce Ngendakumana, vice-président du parti Sahwanya-Frodebu, et ayant participé aux accords à l’époque, déplore le fait que le gouvernement du CNDD-FDD ne prenne connaissance du contenu de ces accords.
« Est-ce que ces gens connaissent réellement le contenu de la constitution ? Je m’interroge. Ces gens connaissent le contenu de l’accord d’Arusha ? Je m’interroge. Je ne les vois jamais jeter un coup d’œil sur la constitution, encore moins à l’accord d’Arusha. D’ailleurs, ils nous ont induits en erreur. Ce sont des spécialistes dans ce domaine. Car il n’y a pas d’accord d’Arusha et la constitution. Les burundais ont négocié un accord d’Arusha. Après, nous avons élaboré des textes d’application de cet accord d’Arusha, et le premier texte d’application fut constitution. Donc, il n’y a pas une différence entre la constitution et l’accord d’Arusha», précise cet opposant au régime de Bujumbura
Willy Nyamitwe s’exprimant sur la radio nationale et rejettant les accords d’Arusha a déclaré qu’il est absurde de gouverner un pays à base des idéologies ethniques et divisionnistes.
« Nous ne pensons pas que nous pouvons bâtir notre pays sur des bases ethnistes et divisionnistes entre Hutu et Tutsi parce que ceux qui ont signé ne représentaient pas tous les hutu et les tutsi», termine le conseiller principal chargé de la communication a la présidence de la République.
Cependant, Léonce Ngendakumana conseille le parti présidentiel à ne plus songer à violer les accords d’Arusha afin d’allonger uniquement les mandats présidentiels. Pour le vice-président du Sahwanya-Frodebu, ils devraient se rappeler que c’est grâce à ces accords qui ont pu quitter le maquis.
« S’ils veulent remettre en cause les acquis de l’accord d’Arusha qui sont contenus dans la constitution, pour pouvoir toucher aux mandats présidentiels, je leur déconseillerai cela. Ils devraient penser au futur au lieu de leurs intérêts personnels. C’est plutôt eux qui devraient respecter ces accords d’Arusha, car s’ils n’existaient pas, ils seraient toujours dans le maquis et certains y auraient même péri. C’est grâce à Arusha qui sont sortis du maquis et ont été intégré dans les institutions étatiques, et sont devenus ce qu’ils sont aujourd’hui », souligne Léonce Ngendakumana.
La plate-forme de l’opposition Cnared-Giriteka lie de son côté la crise que traverse actuellement le Burundi, au non-respect de ces accords de paix et de réconciliation. « Il n’y a aucun espoir de retrouver la paix durable au Burundi tant que Pierre Nkurunziza n’accepte de négocier avec ses opposants », estime Charles Nditije, président du Cnared-Giriteka, la plate-forme de l’opposition née avec la crise de 2015.