Le conseil des droits de l’homme des Nations-Unies a analysé la situation au Burundi lors de sa 34ème session. Le briefing de la commission d’enquête sur le Burundi présenté oralement par Fatsah Ouguergouz à Genève démontre une « instabilité liée à la situation politico-sécuritaire burundaise ».
Le document de 7 pages a salué la libération des centaines de prisonniers consécutive au décret présidentiel du 3 Janvier 2017, dont des détenus de 2014. « Cette mesure de relaxation présente cependant une action très limitée, à voir les nouvelles arrestations ces derniers jours des opposants politiques, notamment ceux du FNL », fait remarquer l’expert indépendant.
Le président de la commission d’enquête sur le Burundi est revenu sur les violations des droits à la vie et à l’intégrité physique de la personne qui s’intensifient au Burundi ; même si elles semblent s’opérer de façon « si clandestine » ou prennent de nouvelles formes. Selon ce briefing, les allégations des disparitions forcées comme celles faisant recours à des lieux de détentions non officielles qui sèment une peur profonde au sein de la population burundaise préoccupent cette commission. Fatsah Ouguergouz mentionne que « cette peur constitue un obstacle complémentaire des enquêtes sur les violations particulièrement sensibles », telles que les violences sexuelles dont plusieurs cas ont été rapportés depuis 2015.
Ce briefing est revenu sur les témoignages des découvertes des corps sans vie, souvent mutilés, pendus ou avec des bras ligotés durant 2015 et le début de 2016, et qui ont repris ces derniers mois. Dans de nombreux cas, « les victimes et les auteurs n’ont pas pu être identifiés ». La commission d’enquête se dit également inquiète de l’impunité dont jouissent les présumés auteurs de ces violations.
Ce document présenté devant le conseil des droits de l’homme des Nations-Unies à Genève condamne les jugements à des lourdes peines pour des personnes ayant bénéficié des « procès à caractère expéditif et inéquitable ».
Fatsah Ouguergouz se dit également préoccupé par le nombre de personnes qui continuent à fuir le pays. Le rapport du HCR montre que du 1er Janvier au 9 Mars 2017, 27.000 burundais ont quitté le pays. Le même rapport indique que depuis Avril 2015 jusqu’au 9 Mars 2017, l’effectif des réfugiés burundais est de 405.735. « Les uns ont fui le pays pour des raisons de sécurité, d’autres pour des difficultés financières », évoque l’expert.
Le rapport annonce que la commission a besoin de « 6 mois supplémentaires » pour mener d’autres enquêtes impartiales en écoutant chaque partie prenante, à savoir les victimes et témoins ; ainsi que les autorités gouvernementales.
« La coopération du gouvernement burundais avec la commission d’enquête est primordiale pour la conduite des investigations » conclut le rapport. L’avancée du travail de cette commission sera présentée à la prochaine session du conseil des droits de l’homme des Nations-Unies prévue au mois de Juin 2017. Le rapport définitif étant attendu en septembre.
Jusque-là, Bujumbura refuse de coopérer avec la commission d’enquête désignée par le Conseil des droits de l’homme pour notamment identifier les auteurs des violations graves des droits de l’homme.