Le Président Nkurunziza a déclaré dans cette conférence que « ces troupes devraient respecter la souveraineté du pays et ses frontières ». Il a donc mis en garde la MAPROBU, la mission de l’Union Africaine proposée pour intervenir au Burundi afin d’assurer la protection de la population face à l’aggravation des violences, de ne pas venir au pays « sinon le Burundi prendra des mesures pour se protéger et combattre sérieusement cette invasion ».
Le Président Nkurunziza a aussi confirmé les positions de sa délégation qui s’était rendue à Entebbe en Ouganda pour la reprise du dialogue inter-burundais : « le gouvernement burundais ne se rendra plus à Arusha » pour la suite des pourparlers inter-burundais comme le facilitateur Museveni l’avait demandé ce lundi. Le Président Nkurunziza estime que l’ouverture officielle de ce dialogue inter-burundais organisé en Ouganda a été un mauvais début car « être assis à la même table avec des gens qui ont des demandes d’extradition en justice est purement impossible » sous-entendant l’opposition réunie au sein du CNARED ainsi que d’autres acteurs de la société civile. Le Président demande plutôt leurs extraditions à ces pays hôtes pour répondre devant la justice de leurs crimes, entendez ici les accusations de participation à la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015. Pour Pierre Nkurunziza, « le dialogue doit continuer au sein de la commission nationale de dialogue inter-burundais », une structure qu’il a créée et dont il a nommé personnellement les membres.
Sur la question des radios indépendantes détruites le 14 mai 2015 par les militaires et policiers loyalistes, le Président Nkurunziza dit qu’au moment des faits le gouvernement actuel avait connu un coup d’Etat et que « cette question devrait être posée à ceux qui détenaient le pouvoir à ce moment ». C’est la première fois que le Président Nkurunziza évoque ce coup d’Etat comme réussi ; son Gouvernement et même son chef d’Etat-Major de l’armée Prime Niyongabo ont toujours déclaré depuis la nuit même du 13 mai 2015 qu’aucun coup d’Etat n’avait eu lieu et que les Institutions étaient toujours en place. Il a toutefois informé que « deux des radios détruites vont être rouvertes au vu de l’avancement des dossiers en justice » sans préciser quelles radios. Pour le moment, seule la radio Rema Fm jugée proche du pouvoir a été autorisée par le parquet général à émettre.
Le Président Nkurunziza a contre toute attente assumé les événements des 11 et 12 décembre 2015. Ce jour-là, les forces de sécurité de l’Etat sont accusées d’avoir massacrés plus de 200 personnes en représailles aux attaques de 4 camps militaires par des groupes non identifiés. A propos de ces massacres commis par les forces de l’ordre, le Président Nkurunziza a déclaré : « je remercie Dieu de nous avoir facilité la tâche et tant pis pour les gens qui sont morts ». Plusieurs des corps des victimes n’ont toujours pas été retrouvées depuis ce weekend. Ces massacres sont par ailleurs à l’origine de la décision de l’UA d’envoyer 5.000 hommes pour protéger la population.
Autre point soulevé lors de cette conférence, c’est le blocage des aides par les partenaires du Burundi. Le Président Nkurunziza dit que « coûte que coûte le pays vivra sans aides car le Burundi est fortement riche ». Une déclaration en parfaite contradiction avec celle de son Ministre des Finances lundi à l’assemblée nationale où Tabu Abdallah Manirakiza a annoncé une forte restriction des dépenses de l’Etat suite à la crise et craint que la situation n’empire si cette crise perdure.
« Nkurunziza confirme les assassinats en cours »
L’opposant Léonce Ngendakumana, Président de l’ADC ikibiri se dit déçu des propos tenus par le Président Nkurunziza durant la conférence. « Il n’a prononcé aucun mot d’espoir et confirme que la violence politique, les assassinats et d’autres crimes odieux vont continuer au Burundi » déclare Léonce Ngendakumana en réaction aux réponses du Président. De tels propos auront des « conséquences néfastes dans l’avenir à l’endroit du Président Nkurunziza » met en garde celui qui préside aussi le parti Frodebu.
Le président de l’observatoire de la presse burundaise (OPB) dit pour sa part que « le Président Nkurunziza devrait affirmer que c’est son pouvoir qui a détruit ces radios les plus écoutées au pays dans l’unique but de continuer leurs crimes en silence » estime Innocent Muhozi.