Le Conseil de paix et sécurité de l’Union Africaine s’est réuni ce jeudi 17 décembre pour sa 565ème réunion présidée justement par la Burundaise Rose Ntawe qui assure la présidence tournante de ce Conseil pour ce mois de décembre. Le Conseil a été briefé sur la situation qui prévaut au Burundi à tour de rôle par le Directeur du département Paix et sécurité, le représentant du Gouvernement du Burundi et l’Ambassadeur ougandais au sein de l’UA dont le pays assure la médiation dans la crise burundaise.
Avant d’analyser au fond les décisions à prendre, le Conseil de paix et sécurité a aussi été briefé sur « le plan de contingence pour un probable déploiement au Burundi » de l’East African Standby Force mais aussi celui d’un contingent africain sous l’égide de l’Union Africaine.
C’est donc au terme des échanges entre les représentants des différents pays de l’Union Africaine que les conclusions ont été tirées : « les tueries au Burundi doivent cesser immédiatement », « l’Afrique ne permettra pas un autre génocide sur son sol » sont quelques-unes des déclarations faites au cours de cette séance, peut-on lire sur les tweets officiels du Conseil de paix et sécurité de l’UA.
La décision prise par le Conseil de paix et sécurité est l’envoi de troupes « avec un mandat de protection des civils ». Selon des diplomates, le contingent pourrait être composé de 5.000 hommes. La décision doit être soumise par après au Gouvernement du Burundi qui doit donner sa réponse endéans 96 heures, soit 4 jours.
Bonaventure Cakpo Guebegde, membre du Bureau régional Burundi et deux Congo au département Paix et Sécurité de l’UA, interrogé par nos confrères de Jeune Afrique explique : « Désormais, nous avons deux options : soit nous envoyons des troupes avec le consentement du gouvernement du Burundi. Soit nous attendons le consentement des chefs d’État africains, ce qui signifie que les deux-tiers devront approuver. Notre option préférée est de parvenir à un accord avec le gouvernement burundais ».
Mission pas évidente
Justement, le Gouvernement Nkurunziza ne voit pas d’un bon œil cette décision. Déjà, le jour même de la réunion du Conseil de paix et sécurité, le Ministre des Relations Extérieures Alain Nyamitwe expliquait qu’il était trop tôt pour penser à accueillir des troupes au Burundi arguant que « le Burundi est le principal contributeur de troupes de maintien de la paix en Afrique » et qu’il serait aberrant qu’il en soit à son tour « récipiendaire ».
Ce vendredi 18 décembre lors d’une conférence de presse diffusée par la radio nationale et animée par différents porte-parole des Institutions, celui du Gouvernement a indiqué que la décision a été certes prise par l’Union Africaine mais qu’elle devra être expliquée au Gouvernement notamment sur des questions qu’il juge essentiel : « l’Union Africaine viendra pour s’interposer entre qui et qui ?où seront-ils basés ? et qui viennent-ils protéger ? » a lancé Philippe Nzobonariba. Le porte-parole du Gouvernement s’en est plutôt pris au Rwanda : « il serait plus judicieux d’envoyer ces troupes dans les camps de réfugiés des burundais au Rwanda où nous savons que des entrainements militaires ont lieu. Si les troupes africaines veulent attaquer le Burundi, ils viendront avec ces gens. Si ces troupes disent vouloir sauver les Burundais alors qu’elles aillent désarmer ces gens dans les camps pour qu’ils n’attaquent le Burundi ! ».
L’Union Africaine s’est décidée à envoyer ces troupes après la vague de violence qui a frappé la ville de Bujumbura il y a une semaine. Plus de 200 personnes ont été assassinées dans les quartiers de Musaga, Nyakabiga, Jabe, Cibitoke, Mutakura et Ijenda le 11 décembre 2015 par les forces de sécurité de l’Etat qui disaient riposter aux attaques de 4 camps militaires menées très tôt ce même jour par des groupes armés non identifiés et qui n’ont toujours pas revendiqué ces attaques. Les habitants des quartiers visés et les associations de défense des droits de l’homme ont dénoncé des exécutions systématiques de jeunes hommes vivant dans les quartiers dits contestataires du troisième mandat du Président Nkurunziza.
A ce propos, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui s’est réuni ce jeudi 17 décembre à Genève pour une session spéciale sur la situation au Burundi a ordonné l’envoi en urgence d'experts indépendants « pour enquêter sur les exactions commises au Burundi la semaine dernière ».