Ces élections présentent une double facette surtout en Mairie de Bujumbura. Dans les communes du Nord de Bujumbura comme à Cibitoke et Kamenge, la population est sortie peu nombreuse pour voter avec une certaine peur. L’opération de vote est expéditive : pas de lignes d’attente aux bureaux de vote. Alors que les communes qui ont le plus manifestées contre le troisième mandat du Président Nkurunziza comme à Musaga et Nyakabiga, il n’y a pas de volonté apparente d’aller voter.
Au bureau de vote de l’Ecole primaire CIBITOKE 1, un habitant qui est venu voter dit « je veux exercer mon droit civique reconnu par la Constitution. Je veux voter pour Pierre Nkurunziza car il fait beaucoup de choses pour notre pays notamment la gratuité scolaire, les femmes enceintes et les enfants sont soignés gratuitement, les écoles et centre de santé sont nombreuses par rapport aux autres années ». Jean Marie de la commune KAMENGE lui aussi est sorti voter : « je viens voter bien que mon vote n’a pas de signification. Le jeu est joué d’avance et tous mes voisins me surveillent pour voir si je vais voter. Je le fais mais je ne peux rien changer ». Jules de Musaga quant à lui déclare : « inutile d’aller voter car nos candidats nous ont appelé à ne pas y aller et le troisième mandat de Nkurunziza est anticonstitutionnel. Je ne veux pas cautionner cela ».
Les manifestations reprennent dans la commune Nyakabiga après la découverte d’un cadavre
La rue principale partageant les quartiers Nyakabiga 2 et 3 est barricadée par des pierres et les chants hostiles au camp présidentiel se font attendre : les manifestations ont repris. Il faut dire que la nuit a été très longue pour les habitants de Nyakabiga où des coups de feu et des jets de grenades ont été entendus jusque très tôt ce matin. Le corps sans vie d’un homme a été retrouvé dans cette commune ce mardi matin sur la 4ème avenue. Selon la population de Nyakabiga, cette personne a été étranglée. Il s’agirait d’un membre du parti MSD de la province Gitega au centre du Burundi. Il aurait été tué ailleurs et son corps acheminé durant la nuit pour être jeté sur place, selon toujours cette population qui accuse directement le Service National des Renseignements (SNR) et la police d’être les auteurs de ce qu’ils qualifient d’ « exécution ». Un manifestant de Nyakabiga affirme avoir reconnu certains véhicules du SNR qui faisaient des va-et-vient toute le nuit de ce lundi et auraient déposé ce corps là « pour nous accuser de ce meurtre ». Jusqu’à 9 heures de ce mardi, le corps de cet opposant au régime Nkurunziza était toujours sur la route de Nyakabiga. Selon l’administrateur de la commune « nous avons identifié cet homme, il est de Gitega et travaillait pour la société SOGEA SATO. Nous attendons sa famille pour l’enterrer » termine Eric Nkurunziza.
Dans la nuit de ce lundi à mardi, beaucoup de tirs à l’arme automatique et explosion de grenades se sont également faits entendre dans la ville de Bujumbura et surtout dans les quartiers contestataires dont Nyakabiga justement, Cibitoke, Ngagara et Musaga.
La Communauté internationale très inquiète
Elections donc sous haute tension. Pas d’observateurs internationaux à part ceux de la Mission d’Observation électorale des Nations Unies (MENUB). L’Union Africaine a décidé de ne pas déployer ses observateurs jugeant que les conditions de ce scrutin présidentiel à savoir des élections libres, justes, transparentes et crédibles ne sont pas remplies. Dans une déclaration ce 21 juillet le Secrétaire Général des Nations Unies Ban-Ki-Moon « note que la suspension du dialogue intervient alors qu’aucun accord n’a été trouvé sur un ensemble de questions susceptibles de contribuer à la création d’un environnement propice à la tenue d’élections crédibles et pacifiques, conformément aux recommandations pertinentes de l'EAC et de l'Union africaine ».
Les candidats qui restent en lisse sont le Président sortant Pierre Nkurunziza du CNDD-FDD, Jean de Dieu MUTABAZI de la coalition COPA, Gérard NDUWAYO de l’UPRONA, Jacques BIGIRIMANA du FNL.