Albert, qui habite un des quartiers de Bujumbura, nous raconte que depuis fin avril 2015, début des manifestations contre le 3^ème mandat du Président Nkurunziza, il a été mis au chômage forcé par son patron. Depuis cette date, impossible pour lui de payer le loyer de sa maison. « Je travaillais dans un hôtel. Mais notre patron a dû diminuer le personnel et moi je fais partie de ceux qui ont été renvoyés en attendant que la situation s’améliore » nous confie Albert. Il ajoute avoir contracté un crédit dans une banque : « la banque a besoin que je rembourse. Vous devez payer ! ».

La situation est similaire pour Henry, vendeur au centre ville de Bujumbura. Avec la dégradation de la situation sécuritaire, ses clients ont fui la ville. « C’est difficile de payer le loyer car je n’ai pas de boulot. Même si je trouve quelque chose à vendre, je ne trouve pas d’argent car les gens sont appauvris » raconte-t-il. Conséquence : son bailleur n’est pas content.

Pour Ismaël, également au chômage forcé « trouver de quoi manger est déjà très difficile ici. Du coup, il est aussi difficile de trouver l’argent du loyer ». Chaque fin de mois devient un calvaire pour expliquer au bailleur qu’il n’a pas d’argent pour le payer. « Une fois, un ami a payé le loyer pour moi » témoigne-t-il.

Les bailleurs semblent comprendre la détresse des locataires

Selon certains bailleurs rencontrés, ce n’est pas par manque de volonté que les locataires ne paient pas le loyer. Ainsi, François nous explique : « c’est à cause de la crise politico-sécuritaire liée au 3^ème mandat du Président Nkurunziza ». Et d’ajouter : « nous essayons de patienter parce que c’est une situation générale. Ce problème est dû à la crise financière du pays liée au 3^ème mandat ». François précise que certains locataires opèrent au centre ville où ils ne trouvent pas d’argent et que d’autres ont fui le pays.

Michel, propriétaire d’une parcelle dans un des quartiers de Bujumbura, explique qu’il perd beaucoup depuis le début de la crise. « Je percevais un million de francs de loyer mensuel. Mais depuis le début des manifestations contre le 3^ème mandat, aucun locataire ne m’a payé ! » précise-t-il. Non seulement les locataires étaient bloqués dans les quartiers et ne parvenaient pas à se rendre au travail, mais Michel non plus témoigne qu’il n’accédait pas à sa parcelle suite à l’insécurité. « Et maintenant, lorsque je vais réclamer mon loyer, j’ai honte sachant ce que ces personnes ont vécu » conclut ce propriétaire de maisons.

Bailleurs et locataires craignent que la crise en cours ne perdure surtout si le Président de la République persiste à diriger pour un 3^ème mandat. Aussi, la sécurité est de plus en plus précaire dans la ville de Bujumbura même si les manifestations ont officiellement pris fin suite à la forte répression du Gouvernement, ajoutent-ils. Ils expriment le souhait que la situation politico-sécuritaire redevienne normale pour que les activités économiques reprennent.